Economie

Perspectives 2019 : les quatre grands événements avant les élections

Les travaux de construction se poursuivront en 2019.

D’ores et déjà, l’année 2019 est perçue comme une année électorale, du fait que le gouvernement entamera la dernière année de son mandat plébiscité en décembre 2014. Que nous réserve donc l’année 2019 sur le plan économique ? La performance économique, en 2019, aura inévitablement une incidence sur la campagne électorale qui marquera définitivement cette nouvelle année.

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Toute nouvelle année vient avec son lot d’espoirs pour des lendemains meilleurs et l’on reste optimiste pour l’année 2019 sur le plan économique. Les indicateurs en cette fin d’année de 2018 sont plutôt encourageants et tout laisse croire que le pays est sur la bonne voie pour une meilleure croissance. Mais ce qui démarque l’année 2019, c’est qu’elle marque la fin du mandat du présent gouvernement et les attentes seront grandes parmi la population, surtout en ce qui concerne les prochaines mesures budgétaires, élections obligent. Une tradition à laquelle nous ont habitué nos politiciens. D’ailleurs, le Premier ministre a déjà donné, récemment, une première indication, en promettant une future hausse de la pension, sans dévoiler le quantum. Les quatre grands événements de 2019 qui auront des retombées économiques et surtout politiques sont : l’appel interjeté devant le Privy Council dans l’affaire MedPoint, le Budget 2019-2020, les Jeux des Îles de l’Océan indien et l’entrée en opération du Metro Express.  

Bien que certains secteurs, à l’instar du tourisme, la construction ou l’immobilier, fleurissent, d’autres sont confrontés à des défis majeurs : le secteur agricole passe par des moments difficiles, les planteurs estimant ne pas recevoir ce qu’ils méritent ; les PME, de plus en plus confrontées à la concurrence internationale, sont forcées à se réinventer avec les moyens de bord limités ; le manufacturier est en déclin et le port franc commence à s’affaiblir. L’investissement public continuera de plus belle, alors qu’il y a un risque que l’investissement privé stagne davantage, car les investisseurs ont tendance à attendre l’installation d’un nouveau gouvernement pour voir la nouvelle orientation politique.

Avec l’entrée en opération du Metro Express prévue en septembre 2019, à prévoir des agitations par les employés du secteur du transport avec une probable réorganisation des trajets d’autobus. La crainte de licenciements se fait toujours sentir.

Budget 2019-2020

C’est un Budget qui sera très attendu et qui créera des attentes faramineuses. Avec l’échéance électorale, le grand argentier ne pourra prendre le risque de venir avec des mesures impopulaires. Mais il n’aura, également pas de grande marge de manœuvre, compte tenu de la dette publique en hausse et l’augmentation des dépenses courantes.

Événements régionaux et internationaux

Plusieurs événements régionaux et internationaux qui marqueront l’année 2019 auront certainement une incidence sur notre économie. Les 10e Jeux des Iles de l’Océan indien se tiendront à Maurice du 19 au 28 juillet 2019, un événement qui retiendra l’attention. Notons aussi, sur le plan international, la tenue des élections générales en Inde, en Afrique du Sud et à Madagascar.

Développement à l’est

Après le développement foncier au nord, au sud et à l’ouest, c’est la région de Palmar, à l’est du pays, qui va maintenant accueillir des gros projets immobiliers. En effet, l’Economic Development Board invite les investisseurs potentiels à se manifester. Un ‘Master Plan’ a été conçu pour développer une superficie de 310 arpents. Une disposition a été faite pour trois hôtels, deux complexes commerciaux et un site éco-tourisme, entre autres. Ce site, qui se trouve vis-à-vis de la plage publique, était anciennement utilisé pour l’élevage bovin.

Construction

En 2019, c’est toujours le secteur de la construction qui aura le vent en poupe. Outre les gros projets infrastructurels au Road Decongestion Programme, sont prévus d’autres projets hôteliers et des complexes résidentiels au Property Development Scheme. De son côté, la National Housing Development Company (NHDC) diversifie ses projets, suivant les traces de la Mauritius Housing Company Ltd (MHC) en s’embarquant sur un nouveau complexe résidentiel destiné à la classe moyenne à Cap Malheureux. Il y a aussi la construction de l’hôpital de Flacq et la reconstruction de MedPoint. Les gros projets en cours, y compris le Metro Express et les Smart Cities, se poursuivront en 2019. Le port et l’aéroport verront aussi d’importants travaux de modernisation et d’agrandissement respectivement.

Services financiers

En 2019, tout laisse croire que le ministre de tutelle ciblera le secteur des assurances, car il vient de révéler que plus de 35 % des réclamations n’ont pas été honorées par les compagnies d’assurances. Il a promis d’intervenir. Au niveau des services financiers, Maurice n’apparaît sur aucune liste noire et l’Economic Development Board a retenu les services d’un consultant international, Burson Cohn & Wolfe (BCW), pour redorer le blason de ce secteur. La firme aura comme tâche majeure la mise en place d’une stratégie de communication pour développer davantage notre centre financier et promouvoir ainsi Maurice comme une plateforme robuste et transparente.

Ce qu’il faut attendre en 2019

Après l’octroi de deux licences radios additionnelles, il se peut que la télévision privée devienne une réalité en 2019, si le gouvernement respecte son programme électoral. La télévision privée figure parmi les dix commandements du manifeste électoral de 2014. En matière de démocratie, il y a toujours la ‘Freedom of Information Act’ qui se fait attendre. Il y a aussi l’introduction du Disability Bill, le lancement de la National Employment Agency et la mise sur pied d’un  ‘Hotel Investment Trust’ pour démocratiser l’actionnariat dans des compagnies hôtelières. Par ailleurs, on n’entend plus parler du projet de ‘Duty Free Island’. Est-ce que ce projet reviendra-t-il en force en 2019 ?


Zohra Gunglee: « L’accent sur la productivité »

Zohra Gunglee

Zohra Gunglee, économiste et chargée de cours, ne s’attend pas à de grands changements en 2019. « Ce sera du business as usual »,  dit-elle, car les gros projets déjà enclenchés se poursuivront. Et que pense-t-elle du prochain Budget ? « Je suis convaincue qu’il n’y aura pas ou très peu de mesures populistes. Le Premier ministre a toujours démontré un sens de responsabilité et je doute qu’il se servira du Budget à des fins électoralistes. » Elle pense plutôt que des facteurs externes affecteraient notre économie, comme le prix du carburant ou encore les matières premières importées. Selon elle, il se peut qu’on subisse une hausse de prix des produits de consommation. Elle souhaite qu’en 2019, l’emphase soit mise sur la productivité. « La productivité est bien plus importante que la croissance. »


Amar Deerpalsingh : « Il reste beaucoup à faire pour les PME »

Le président de la Fédération des petites et moyennes entreprises, Amar Deerpalsingh, souhaite qu’il y ait moins de problèmes et plus de soutien aux PME, l’an prochain. Selon lui, il reste encore beaucoup à faire pour l’épanouissement des PME à Maurice. Il cite un cas de discrimination envers les petites et moyennes entreprises par rapport aux grandes entreprises qui exportent, car ces dernières peuvent payer un salaire de base de seulement Rs 8 140. « La charge salariale est moindre pour les entreprises exportatrices, mais elles peuvent concurrencer les PME sur le marché local. C’est une grave anomalie à être corrigée », explique Amar Deerpalsingh.

Il révèle aussi que les bénéfices des dix plus grosses compagnies à Maurice dépassent le montant de financement des PME et déplore que les grandes entreprises, au lieu de s’engager dans de nouvelles activités ou produits non-existants, aient tendance à faire la même chose que les PME, devenant, ainsi des sérieuses concurrentes.

Amar Deerpalsingh explique comment les fabricants locaux sont sujets à une pléiade de normes à respecter, alors que les produits importés ne sont pas contrôlés.

« C’est un coût additionnel pour les PME pour être aux normes et les importations hors-normes représentent une concurrence déloyale. » Il ajoute que les PME doivent, aussi subir plusieurs tracasseries administratives, qui ont un coût, alors que la tendance internationale est vers la dérégulation en faveur des PME pour les soutenir.

« C’est plus facile d’importer que de produire localement », dit-il. Il s’attend à ce que les autorités se penchent sur ces problèmes. Il espère aussi que la Competition Commission jettera un coup d’œil sur le secteur de la grande distribution où quelques enseignes contrôlent toute la chaîne de l’importation jusqu’à la vente au détail. Autant de défis à relever par les autorités en 2019 !


Radhakrishna Sadien : « Un calendrier chargé pour 2019 »

Si le monde politique sera en ébullition en 2019, les syndicalistes ne chômeront pas pour autant. Radhakrishna Sadien, président de la Government Services Employees Association, a déjà plusieurs combats à son arc pour la nouvelle année. Sadien, qui veut prôner l’unité syndicale et une vision alignée pour une meilleure force de frappe, indique qu’il se battra pour que le prochain rapport du Pay Research Bureau (PRB) soit rendu public avant fin 2019.

« Ensuite, il y a toujours la question d’ajustement salarial par rapport au salaire minimum », rappelle-t-il. Le syndicaliste souhaite aussi que le gouvernement réalise les promesses restantes de son programme électoral, à savoir l’introduction du Public Service Bill, la réforme de la PSC pour plus de transparence, la révision des lois du travail pour renforcer les droits des travailleurs et celle de la Public Gathering Act, une loi qui est une entrave à l’action syndicale. Il explique que le développement de tout pays est proportionnel au niveau de sa fonction publique, donc il faut toujours recruter les meilleurs pour avoir les meilleurs résultats. « Il faut aussi revoir le système éducatif, car aujourd’hui, on met l’emphase sur les certificats académiques et non sur les valeurs », conclut Radhakrishna Sadien.

 

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