
Un demi-siècle après le plus tragique accident de la route qu’ait connu Maurice, le gouvernement relance le système de permis à points. Lors d’une marche organisée lundi pour commémorer la tragédie survenue le 12 mai 1975, le ministre Osman Mahomed a annoncé une mise en œuvre imminente.
C’est désormais une certitude : la réintroduction du système de permis à points est imminente. L’annonce a été faite par le ministre du Transport terrestre, Osman Mahomed, le lundi 12 mai 2025. C’était lors d’une marche organisée pour marquer les 50 ans du plus grave accident de la route de l’histoire du pays : celui lors duquel un « camion fou » a tué 15 personnes, dont plusieurs enfants.
Le ministre présidera, ce mardi 13 mai 2025, un comité réunissant des représentants du PMO et de la police pour accélérer sa mise en œuvre. Cette annonce s’inscrit dans une démarche plus large, à l’occasion de la 8ᵉ édition de la Semaine mondiale de la sécurité routière des Nations unies, qui se tient du 12 au 16 mai.
Mis en œuvre dans plusieurs pays à travers le monde, le système de permis à points avait déjà été envisagé par un gouvernement précédent en 2012-13, mais avait été abandonné pour des raisons politiques. Il revient aujourd’hui sous une forme modernisée : gestion numérique des infractions, dématérialisation des données via un Cloud sécurisé et réduction de la subjectivité dans l’attribution des points.
« Ce système ne se limite pas à distribuer des contraventions. Il introduit une logique de sanctions progressives selon la gravité des fautes. Plus vous accumulerez d’infractions, plus vous risquerez de perdre des points – et votre permis », a expliqué Osman Mahomed.
Un comité de haut niveau, sous l’égide du PMO, veillera à la coordination interinstitutionnelle : la police, la National Land Transport Authority et d’autres acteurs clés du secteur seront mobilisés pour une application rigoureuse du système. L’objectif : réduire les récidives et responsabiliser les conducteurs.
Le ministre a insisté sur la nécessité de mieux former les chauffeurs professionnels. « Avoir le permis est une chose. Mais être bien formé pour conduire de manière responsable en est une autre », a-t-il martelé. Il a évoqué la mise en place d’un système de formation en plusieurs étapes, notamment des sessions de remise à niveau pour les chauffeurs d’entreprise, tant dans le public que dans le privé.
Enfin, le cadre réglementaire des plateformes de transport privées sera renforcé. « C’est inacceptable d’investir dans des applications de transport sans une loi claire. Il y va de la sécurité des passagers », a prévenu Osman Mahomed. Il a rappelé que Rs 60 millions ont déjà été allouées à la mise en place de ces réformes.
Osman Mahomed a aussi parlé du camion fou qui avait percuté plusieurs personnes, dont un groupe d’enfants se rendant à l’école. Six d’entre eux n’ont pas survécu. L’événement, resté l’un des plus graves accidents de la route de l’histoire du pays, s’est produit dans la localité même où la commémoration a eu lieu.
Marche du souvenir en hommage aux victimes du « camion fou »

Une marche du souvenir ainsi qu’une cérémonie de dépôt de gerbes ont eu lieu à Rose-Belle, le lundi 12 mai 2025. Elles visaient à rendre hommage aux 15 personnes, dont plusieurs enfants, tuées le 12 mai 1975 par un « camion fou » à Rose-Belle.
La marche, conduite par le ministre Osman Mahomed et Amanda Serumaga, représentante du PNUD à Maurice, a rassemblé des élèves, des sapeurs-pompiers, des personnalités civiles et des membres de la SMF, dont la fanfare a ouvert le cortège. Celui-ci est parti du Plaisance Mall jusqu’à la Place Gandhi où le dépôt de gerbes a eu lieu.
Le cortège s’est ensuite dirigé vers l’école primaire Seegoolam Torul, où des activités ont été organisées à l’intention des élèves des Grades 12 et 13 du collège d’État Sookdeo Bissoondoyal. Parmi : un quiz et une session de sensibilisation à la sécurité routière et à la protection des jeunes.
50 ans après
Il y a 50 ans, le 12 mai 1975, Rose-Belle sombrait dans la stupeur. Un camion fou semait la mort sur son passage, fauchant la vie de 15 personnes, dont six enfants. Aujourd’hui, le souvenir de cette tragédie reste ancré dans les mémoires, ravivé par une exposition poignante présentée au Plaisance Shopping Mall.
Pour marquer ce triste anniversaire, Le Défi Quotidien est allé à la rencontre de Goorooduth Chuttoo, collectionneur passionné et fondateur du Musée de la Petite Collection, à Rose-Belle. À travers des photos, des objets, des extraits de presse et des témoignages, il retrace l’un des accidents de la route les plus tragiques qu’ait connus Maurice.
Vers midi, un camion transportant plus de 12 tonnes d’engrais en direction de Souillac descend la pente de Lapeyre, à Nouvelle-France. Son chauffeur, Meeajane, alors âgé de 65 ans, perd le contrôle du véhicule : les freins ne répondent plus. Le poids lourd s’emballe. C’est le début d’un enchaînement funeste.
En arrivant au rond-point menant à Plaisance et Souillac, dans un dernier élan de lucidité, le chauffeur tente de bifurquer vers Mahébourg. Mais la manœuvre est vaine. À hauteur de Rose-Belle, la vitesse s’intensifie. Le klaxon hurle sans relâche, en guise d’alerte désespérée. Mais personne ne peut se mettre à l’abri à temps.
Aux abords du marché, le camion percute une première victime, emboutit une voiture qu’il traîne sur plusieurs mètres, puis fauche un groupe d’écoliers. L’heure est critique : beaucoup d’enfants se trouvent sur la route, certains se rendant à la maison pour le déjeuner et d’autres en sortant pour revenir à l’école.
La course s’achève contre deux habitations, celles des familles Souris et Thomas. Le bilan est lourd : 15 morts, dont six enfants âgés de huit à 16 ans, ainsi que deux bébés. Le chauffeur et ses aides, qui se trouvaient dans le véhicule, périssent. Six autres personnes sont grièvement blessées. En l’espace de cinq minutes, des familles entières sont brisées. Sous le choc, le pays s’effondre. Face à l’ampleur de la tragédie, les autorités décrètent des funérailles nationales. Environ 50 000 personnes se rassemblent pour rendre un dernier hommage aux victimes. Une commission d’enquête, présidée par le juge Droopnath Ramphul, est instaurée pour faire la lumière sur ce drame.
Aujourd’hui encore, les blessures restent ouvertes. Grâce à des citoyens engagés comme Goorooduth Chuttoo, ce drame continue d’être raconté, transmis et documenté. L’exposition temporaire au Plaisance Shopping Mall réveille les consciences. Elle nous rappelle l’importance vitale de la sécurité routière.

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