Avec un taux de remplissage global de seulement 40 % dans nos réservoirs, la situation est « préoccupante », a fait ressortir le ministre de l’Énergie et des Utilités publiques, Patrick Assirvaden. Les restrictions seront appliquées de manière progressive en fonction de l’évolution de la situation, a-t-il souligné.
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Alors que le niveau d’eau dans les différents réservoirs ne cesse de décroître, le ministère de l’Énergie et des Utilités publiques préconise des mesures progressives de restriction dans la distribution d’eau tout en appelant à une utilisation plus responsable de cette ressource précieuse. Un plan d’urgence est également en préparation et sera présenté « incessamment », a affirmé le ministre Patrick Assirvaden lors d’une conférence de presse tenue le mardi 14 janvier. Il était entouré d’officiers de son ministère ainsi que du responsable de la Water Ressources Unit (WRU) et de l’Officer in Charge de la Central Water Authority (CWA), entre autres.
Taux de remplissage préoccupant
Avec un taux global de près de 40 % d’eau dans les réservoirs du pays et une baisse constante du niveau des nappes phréatiques, la situation est « préoccupante », a réitéré le ministre de l’Énergie et des Utilités. À titre de comparaison, ce taux était de 74,8 % à la même époque l’année dernière, ce qui représente un déficit d’environ 30 %. En raison d’averses inégales et localisées, souvent éloignées des points de captage, tous les stocks de nos ressources en eau sont en déclin. Selon les prévisions du Mauritius Meteorological Services (MMS), la période sèche devrait se prolonger, et rien n’indique que des averses significatives couvriront toute l’île au cours des dix prochains jours (voir hors texte).
Le ministère de l’Énergie ne souhaite pas adopter des mesures drastiques immédiatement, la situation n’ayant pas encore atteint un niveau critique. Un appel est lancé à une utilisation judicieuse de l’eau disponible pour en optimiser la gestion. « Nous sommes dans une situation d’urgence et devons gérer quotidiennement les ressources. Si aucune pluie n’est enregistrée d’ici avril, la gestion deviendra encore plus difficile », a expliqué le ministre. Ces mesures seront appliquées graduellement, a-t-il ajouté.
Il a souligné que des dispositions doivent être prises dès maintenant pour assurer une distribution équitable de l’eau pour les besoins domestiques, tout en permettant aux secteurs économiques de continuer à fonctionner. Le ministère appelle également la population à faire preuve de responsabilité afin d’éviter le gaspillage. Une révision des horaires de distribution est en cours de planification, et des camions-citernes seront envoyés dans les régions les plus affectées par les coupures d’eau.
Plan d’urgence
Un plan d’urgence est actuellement en préparation au niveau de la Water Resources Unit (WRU) et de la Central Water Authority (CWA). Ce plan devrait inclure diverses restrictions sur l’utilisation domestique de l’eau si la situation actuelle s’aggrave. Parmi les mesures envisagées figurent l’interdiction de laver les devantures des maisons à grande eau, de nettoyer les voitures ou encore d’arroser les plantes, comme cela avait été le cas en décembre 2022 et début 2023, lorsque les réservoirs ne comptaient qu’un taux de remplissage d’environ 30 %. « La population et les divers secteurs devront consentir des sacrifices », a déclaré le ministre Patrick Assirvaden.
Il a assuré que son ministère s’efforcera d’élaborer un plan détaillé pour une gestion plus judicieuse des ressources disponibles. « Nous ne voulons pas asphyxier la population », a-t-il précisé, ajoutant que l’heure n’est pas à critiquer les erreurs du précédent gouvernement, mais à gérer la crise actuelle avec la collaboration de tous. « La priorité est de faire en sorte que le pays puisse continuer à fonctionner », a insisté le ministre.
Des ajustements seront apportés progressivement aux mesures déjà en vigueur pour rectifier la situation là où c’est nécessaire, a-t-il conclu.
Périodes sèches
Le pays fait face à de fréquentes périodes sèches, et les prévisions du Mauritius Meteorological Services (MMS) ne sont guère rassurantes. En effet, la pluviométrie a été très déficitaire ces derniers mois, et il faut remonter à plusieurs années pour retrouver une telle situation.
À titre d’exemple, le mois de juillet 2024 a été le mois le plus sec des 120 dernières années, avec seulement 36 % de la moyenne normale. Le mois d’août 2024 a été le troisième mois le plus sec des 20 dernières années, avec 56 % de la normale, tandis que le mois de septembre a été le cinquième mois le plus sec, avec 46 % de la normale habituelle. Des précipitations légèrement inférieures à la normale ont été enregistrées au mois de décembre 2024, s’élevant à 135 mm, soit 82 % de la moyenne à long terme, indique le MMS dans son rapport mensuel « Mean Rainfall for 1-31 December 2024 ».
Selon le MMS, bien que les prévisions statistiques des précipitations indiquent une tendance normale, les précipitations cumulées de janvier à mars 2025 devraient être inférieures à la normale. De plus, selon les indications, il n’y a pas de systèmes météorologiques importants dans les parages qui pourraient apporter de la pluie au cours des sept à dix prochains jours. Cela constitue une mauvaise nouvelle, compte tenu de la situation dans nos réservoirs et nappes phréatiques. Le MMS explique que les systèmes qui se déplacent vers le Canal du Mozambique aspirent toute l’humidité dans cette région, ce qui entraîne une période sèche dans notre région.
Le MMS précise également que nous ne traversons pas une « période de sécheresse », mais une « période sèche », car la sécheresse implique une absence prolongée de pluie, tandis que les périodes sèches sont caractérisées par des pluies variables et occasionnelles dans certaines régions, mais insuffisantes pour compenser le déficit.
Campagne de sensibilisation
Une campagne de sensibilisation a été lancée afin de conscientiser la population sur l’utilisation de l’eau. Toutes les parties prenantes ont été appelées à collaborer pour éviter que le pays ne se retrouve dans une situation encore plus difficile. Ceux qui le peuvent sont invités à récupérer les eaux de pluie, par exemple pour arroser les plantes. Cette campagne nationale, élaborée par la CWA, vise à sensibiliser régulièrement la population à la situation actuelle.
62 % de pertes
Parmi toute l’eau traitée par la CWA, 62 % sont perdues dans la nature à travers le réseau de distribution, en raison de tuyaux défectueux, a expliqué le ministre Patrick Assirvaden. En plus de l’appel à la population de ne pas gaspiller l’eau, la CWA s’engage à donner l’exemple en procédant plus rapidement aux réparations et au remplacement des tuyaux défectueux. Les équipes de l’Emergency Squad seront renforcées et la population est invitée à signaler à l’organisme toute fuite d’eau qu’elle constate.
Pour le ministre Patrick Assirvaden, si le pays ne perdait pas autant d’eau dans le réseau de distribution, il n’y aurait pas de pénurie, étant donné la quantité de pluie recueillie chaque année. Dans ses prévisions pour la saison estivale en cours, un cumul de 1 100 millimètres de pluie est attendu pour la période de novembre 2024 à avril 2025, représentant environ 80 % de la pluviométrie annuelle. C’est pourquoi le ministère de l’Énergie et des Utilités publiques met un accent particulier sur la réduction des pertes dans le réseau de la CWA, en attendant d’autres mesures, comme la construction de barrages, pour augmenter la capacité de stockage d’eau du pays. Cependant, pour les projets d’envergure nécessitant des budgets conséquents, le soulagement ne viendra pas immédiatement, car les travaux prendront plusieurs années.
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