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Partenariat FBI/ICAC sur l’affaire 1MDB : l’ex-Century Banking Corporation soupçonnée d’avoir maquillé ses comptes

L’ancien Chief Financial Officer de la banque islamique a été appelé à expliquer le mécanisme mis en place au sein de cet établissement pour stocker les données concernant un transfert d’un demi-milliard de roupies.  

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Des responsables évoluant au sein de l’ex-Century Banking Corporation (CBC), la première banque islamique de l’île, auraient maquillé ses comptes afin de dissimuler le virement d’un demi-milliard de roupies du fonds souverain de la Malaisie, le 1Malaysia Development Berhad (1MDB), en décembre 2016. C’est ce qui ressort de l’enquête conduite par l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) avec le concours du Federal Bureau of Investigation (FBI) américain. 

Afin d’en avoir le cœur net, les enquêteurs ont entendu ce mardi 5 octobre Tawfick Udhin, l’ex-Chief Financial Officer de CBC, pour qu’il leur décortique le protocole de mise quant à une telle transaction. Il a également expliqué comment des données entourant un tel transfert sont stockées même s’il n’a personnellement pas été concerné par ce transfert de 10 millions de dollars américains qui ont fini par atterrir sur le compte en banque de Tim Leissner, l’ex-trader américain de Goldman Sachs. 

Une demi-douzaine de cadres de la banque ont, d’ores et déjà, été interrogés dans le cadre de cette enquête ouverte il y a quatre ans. Munir Lallmahamood, l’ex-Chief Executive Officer (CEO) de l’établissement avait été interrogé « under warning  » à la fin de l’année dernière. La Commission anticorruption avait dû avoir recours à des ordres d’un juge en Chambre pour suivre le « money trail » depuis le virement de cet argent depuis une banque hongkongaise jusqu’à son transfert sur le compte de Tim Leissner. 

Munir Lallmahamood avait été convoqué dès août 2020, peu après la révocation du permis d’opération de la CBC, par la Banque de Maurice. Il s’était finalement présenté à l’ICAC en septembre et a nié tout acte de blanchiment quant à ce transfert. Il a aussi fait ressortir que l’argent a d’abord atterri dans le compte de la CBC à la Banque de Maurice et qu’il n’a pas jugé utile d’effectuer des vérifications quant à l’intégrité de Tim Leissner vu que c’est la banque hongkongaise qui a effectué le virement. 

Tim Leissner a déjà été sommé par les autorités financières américaines, la Securities and Exchange Commission (SEC), à lui renverser 43,7 millions de dollars pour avoir détourné plus de 4,5 milliards de dollars du 1MDB. Ce fonds a été dilapidé par l’entourage de l’ancien Premier ministre malaisien Najib Razak avec la complicité de l’homme d’affaires malaisien Low Taek Jho, dit Jho Low, qui est un ami de son beau-fils, Riza Aziz. 

Quelque 700 millions de dollars ont été virés sur un compte personnel de Najib Razak alors que Jho Low a utilisé l’autre partie de l’argent pour corrompre des fonctionnaires malaisiens afin qu’ils ferment les yeux sur ce scandale. L’argent a aussi servi à financer l’achat de bijoux pour la femme du Premier ministre, de biens immobiliers à New York, d’un yacht et à financer la réalisation du film « Le  Loup de Wall Street » par Riza Aziz, Martin Scorcese, Leonardo DiCaprio, Joey McFarland et Emma Tillinger Koskoff. 

Une autre partie de l’argent détourné a été utilisé pour financer la campagne électorale de Najib Razak en 2013 sous forme de dons à l’une de ses fondations. Au retour du pouvoir de Majatir Mohamad aux élections générales de 2018, une enquête avait été ouverte sur le scandale1MDB. Najib Razak avait alors été interpellé. Bien qu’elle ait nié toute responsabilité dans ces malversations, la banque d’investissement Goldman Sachs a quand même réclamé des commissions de 600 millions de dollars pour différentes transactions. 

Tim Leissner, qui avait été l’un des « Senior Partners» de Goldman Sachs, a déjà été condamné au civil à payer 1,43 million de dollars à la Federal Reserve Bank, la banque centrale américaine. Quant à Najib Razak, il a été condamné à douze ans de prison et à payer une amende de 42 millions d’euros par la Haute cour de Kuala Lumpur en juillet 2020 sous sept chefs d’accusation de fraude. 

Le scandale 1MDB est mentionné dans les dernières révélations du Consortium international des journalistes d’investigation (CIJI). Le cabinet d’avocat américain Baker McKenzie est cité dans les Pandora Papers pour avoir aidé Jho Low à détourner l’argent du fonds souverain malaisien en créant une multitude de société en Malaisie et à Hong-Kong. Le mois dernier, Riza Aziz a fait l’objet de réclamations au civil pour un montant de 248 millions de dollars de la part de 1MDB. 

Bien que les poursuites au pénale ont été abandonnées contre lui en mai 2020, Riza Aziz fait l’objet de poursuites au civil par les filiales de 1MDB, soit 1MDB Energy Holdings Ltd, 1MDB Energy Ltd et 1MDB Energy (Langat) Ltd. Il est accusé d’avoir pompé l’argent des contribuables malaisiens dans ses ses sociétés que sont Red Granite Pictures Inc et Red Granite Capital Ltd. La première a produit « Le Loup de Wall Street », « Dumb and Dumber To » et « Daddy’s Home  ». L’argent détourné a aussi servi à l’achat de biens immobiliers à Londres, en Californie et à New York. De son côté, Goldman Sachs a accepté l’an dernier de rembourser 2,9 milliards de dollars au 1MDB suite à un accord conclu avec le Département de justice américain et les organismes régulateurs financiers des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de Hong-Kong et de Singapour. Sa filiale malaisienne a accepté de plaider coupable pour avoir violé les lois anticorruption en dilapidant ce fonds.

 

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