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Nouvelles tensions à l’Assemblée nationale : le point de non-retour franchi, selon des observateurs 

Après avoir calmé le jeu quelques semaines, le Speaker, Sooroojdev Phokeer, a été plus virulent à la dernière séance.

S’il y avait une accalmie, les conflits entre l’opposition, le gouvernement et Sooroojdev Phokeer ont récemment repris. Certains Mauriciens déplorent l’attitude de ce dernier et le fait que des questions ne puissent pas être posées. Un appel à une réforme urgente du processus de nomination du Speaker est ainsi lancé. 

Les hostilités entre l’opposition, le gouvernement et Sooroojdev Phokeer ont repris à la séance parlementaire du 16 mai 2023. Si ce dernier avait fait preuve d’une certaine souplesse ces dernières semaines, mardi, il a haussé le ton, intervenant à plusieurs reprises pour rappeler à l’ordre des élus de l’opposition, qui n’ont alors pas pu poser leurs questions supplémentaires. 

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« Idéal Démocrate en appelle à une réforme urgente, avant l’installation du prochain gouvernement, pour que le processus de nomination du Speaker soit totalement changé. Cela garantira l’équilibre et l’impartialité nécessaires à ce poste », déclare Géraldine Hennequin, dirigeante de ce parti politique. 

Tout comme de nombreux internautes et observateurs indépendants, elle se dit scandalisée par le niveau de l’Assemblée nationale sous le mandat de Sooroojdev Phokeer. « D’après mon analyse, lors de la dernière séance parlementaire, nous, le peuple, avons assisté à ce qui représente le degré zéro de la politique actuelle à Maurice. Le Premier ministre a délibérément rendu publiques des informations sur la vie privée d’une personne », fait-elle ressortir.  

C’est le député du Mouvement socialiste militant (MSM), Kavi Doolub, qui a posé une question sur le contenu des coffres-forts de l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam. Le Premier ministre s’est alors appesanti sur le sujet, parlant des pilules découvertes dans ces coffres en 2015. L’opposition a été frustrée de ne pas pouvoir poser de questions à Pravind Jugnauth. Le député du Parti travailliste (PTr), Shakeel Mohamed, qui a exprimé son mécontentement, a été prié de quitter l’hémicycle par le Speaker. 

Géraldine Hennequin se dit sceptique quant à la pertinence des détails divulgués par Pravind Jugnauth. « Ces informations ne sont d’aucun intérêt public. Elles ne contribuent en rien à des débats constructifs pour notre pays. Leur seul objectif est d’humilier un adversaire. Ce type d’attaques constitue en réalité une menace pour notre démocratie. Ses déclarations n’ont fait rire personne. Il a tout simplement aggravé les inquiétudes de tous les démocrates de ce pays. Nous avons touché le fond du marécage », déclare-t-elle. 

Quelles solutions doit-on envisager pour rehausser le niveau de l’Assemblée nationale ? Étant donné la complexité de la situation, Géraldine Hennequin soutient qu’il est nécessaire de changer de Premier ministre pour que le Parlement retrouve enfin sa crédibilité. « Je ne vais pas m’égarer dans des propositions de réforme. Ma réponse est claire et simple. Il faut changer de Premier ministre dès que possible. Mettre fin à ce triste cirque à la première occasion, car tout débat démocratique doit se fonder sur la séparation de la vie privée et de l’espace public », déclare-t-elle. 

Selon elle, la posture adoptée par les membres de la majorité gouvernementale ne laisse aucun espoir à des débats civilisés. « Je n’aurais jamais pensé que notre pays comptait autant de députés prêts à sacrifier leur conscience citoyenne pour de l’argent, du pouvoir et des postes confortables. Je n’aurais jamais pensé que la classe politique pouvait être à ce point dépourvue de conviction et de boussole. Aucun membre de la majorité n’a eu le courage de remettre en question les informations divulguées mardi. Aucun d’eux n’a eu le cran de se lever et de partir au nom de la dignité due à chaque citoyen de ce pays. C’est éloquent », déclare-t-elle. 

Shakeel Mohamed n’a pas de grand espoir pour l’Assemblée nationale. Pour le député de la circonscription n° 3 (Port-Louis Maritime/Port-Louis Est), il faudra attendre les élections générales et un nouveau gouvernement pour que le Parlement retrouve son niveau d’antan.  « Mais là encore, se contenter de seulement changer de gouvernement n’est pas la solution. Il faudra instaurer un mécanisme qui obligera la tenue de débats sur la nomination du Speaker. Je propose la création d’un comité mixte qui interviewera les candidats potentiels à ce poste. Il faudra s’assurer de mener un exercice de due diligence sur les candidats », recommande-t-il. 

Shakeel Mohamed dit déplorer le fait que Pravind Jugnauth ait décidé de faire confiance à Sooroojdev Phokeer pour assumer de telles responsabilités. Il estime que dans le passé, d’autres Premiers ministres, y compris sir Anerood Jugnauth (SAJ), ont été capables de biens meilleurs choix. « Lorsqu’on réalise qu’il y a eu des Speakers, comme Harilall Vaghjee, Kailash Purryag, Dev Ramnah, Razack Peeroo et Ramesh Jeewoolall, on se dit qu’on est tombé bien bas », déclare-t-il.
 

 

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