Le nouveau gouvernement a dévoilé un audit accablant de l’économie du pays le mardi 10 décembre 2024. Dans un document de 46 pages, le Premier ministre, Navin Ramgoolam, décrit un tableau sombre, s’insurgeant contre les pratiques de la précédente administration qui ont plongé le pays dans une tempête financière.
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Dans quel état se trouvent les finances du pays ? L’économie est-elle en plein boom comme le prétendait le ministre sortant des Finances ? Le gouvernement fraîchement élu fait comprendre que nous sommes loin du compte. Le mardi 10 décembre 2024, soit un mois après les élections générales, il a présenté à l’Assemblée nationale les conclusions d’un audit révélant un état critique des finances et de l’économie du pays.
La plus grande erreur du gouvernement précédent est de loin l’énorme dette qu’il a accumulée en dépensant de manière inconsidérée dans des projets d’éléphants blancs dont les motifs sinistres évidents étaient de remplir les poches de copains bien connus.»
Lors de cette session parlementaire, le Premier ministre et ministre des Finances, Navin Ramgoolam, a d’emblée indiqué que l’héritage laissé par ses prédécesseurs est désastreux. « Nous sommes dans une tempête financière », a-t-il déclaré avec une grande inquiétude. « Leur mauvaise gestion de l’économie et la falsification des chiffres ont été un désastre total pour notre pays, à la limite de la négligence criminelle. Leur incompétence et leur irresponsabilité sont déconcertantes. Ils ont pratiqué une économie vaudoue. Ils doivent répondre de leurs méfaits », a-t-il souligné.
Je dois souligner ici que ces chiffres sont calculés sur la base d’une politique inchangée.»
Le rapport, dense de 46 pages, brosse un tableau alarmant. Navin Ramgoolam reproche à l’ancien gouvernement d’avoir laissé une économie qui se trouve dans un état de précarité sans précédent. Il accuse l’ancien gouvernement d’avoir artificiellement et grossièrement gonflé les taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) pour faire croire à la population qu’il y a un boom économique, alors que c’est tout le contraire. « Ils ont brouillé et mélangé tous les fondamentaux macroéconomiques. Les dommages causés à notre tissu socio-économique et environnemental sont indescriptibles », a-t-il fait comprendre.
Autre sujet d’inquiétude selon le ministre des Finances : la faiblesse de l’investissement privé pour un pays comme Maurice où plus de 80 % de la richesse nationale est générée par des entreprises privées. Ce serait le résultat d’une détérioration visible du partenariat entre le secteur public et le privé. « Il est impensable qu’un gouvernement puisse détruire l’une des forces institutionnelles les plus importantes pour le développement économique de notre pays. Cette force fondamentale doit être restaurée », a-t-il ajouté.
Finances publiques
« La politique de la terre brûlée »
La situation des finances publiques, selon Navin Ramgoolam, a atteint un niveau de fragilité inédit. Il estime qu’elle n’a jamais été aussi désastreuse et fragile qu’aujourd’hui. Le Premier ministre accuse l’ancien gouvernement d’avoir littéralement dilapidé toute la marge de manœuvre budgétaire du pays. « Il n’y a absolument aucune marge de manœuvre. C’est l’héritage que le gouvernement précédent – qui a pratiqué la politique de la terre brûlée – nous a laissé. Après moi le déluge, comme diraient les Français », a-t-il soutenu.
Renganaden Padayachy et Harvesh Seegolam injoignables
Le Défi Quotidien a tenté d’obtenir une réaction de l’ancien ministre des Finances, Renganaden Padayachy et de Harvesh Seegolam, le précédent gouverneur de la Banque de Maurice. Mais nos tentatives sont restées vaines.
La dette, un crime contre les générations futures
Le gouvernement s’engage à ramener la dette publique à un niveau plus soutenable et plus gérable. L’objectif est non seulement d’équilibrer les comptes ou de corriger les chiffres, mais aussi de soulager les enfants et les petits-enfants du fardeau de la dette qui leur a été imposé par le gouvernement précédent, selon Navin Ramgoolam. « C’est un crime ignoble contre les générations futures. Ils ont hypothéqué l’avenir de nos jeunes ! », a-t-il argué.
Le ministre des Finances a souligné que l’ancien gouvernement a fait peser la dette nationale sur les épaules des nouveau-nés. Il l’accuse d’avoir alourdi la dette nationale de Rs 321 milliards, soit une moyenne annuelle de Rs 32 milliards au cours des dix dernières années. Ce passif colossal équivaut à une dette de Rs 500 000 par nouveau-né, dès leur arrivée au monde.
Dr Chandan Jankee, économiste : «Il ne faut pas crier au loup»
« Il ne faut pas éviter de plonger la population dans un climat de panique et décourager les investissements étrangers. Il ne faut pas crier au loup. Laissons le nouveau gouvernement proposer des solutions. Tout est relatif. Le Fonds monétaire international (FMI) reste une référence. En ajoutant le ‘Net income from abroad’ dans le PIB, le FMI dit, dans son rapport, que l’économie mauricienne est ‘correcte’. Je qualifierai l’économie mauricienne de résiliente. Le pays était certes dans une tempête financière au moment de la pandémie et les deux années qui ont suivi. Nous avons des problèmes structurels qui ne datent pas d’aujourd’hui. Quant au débat actuel sur les chiffres, il remonte à environ cinq mois, utilisé alors pour démontrer l’incompétence du gouvernement sortant. Il est clair que l’actuel gouvernement ne pourra pas changer son narratif et maintiendra que les chiffres ont été faussés. Mais la différence de croissance de 1 % qui fait débat n’est pas énorme. Tout n’est donc pas perdu. Nous verrons ce que sera le taux de croissance l’année prochaine et les années suivantes, de même que le niveau de la dette. »
Dr Chandan Jankee, économiste : «Il ne faut pas crier au loup»
« Il ne faut pas éviter de plonger la population dans un climat de panique et décourager les investissements étrangers. Il ne faut pas crier au loup. Laissons le nouveau gouvernement proposer des solutions. Tout est relatif. Le Fonds monétaire international (FMI) reste une référence. En ajoutant le ‘Net income from abroad’ dans le PIB, le FMI dit, dans son rapport, que l’économie mauricienne est ‘correcte’. Je qualifierai l’économie mauricienne de résiliente. Le pays était certes dans une tempête financière au moment de la pandémie et les deux années qui ont suivi. Nous avons des problèmes structurels qui ne datent pas d’aujourd’hui. Quant au débat actuel sur les chiffres, il remonte à environ cinq mois, utilisé alors pour démontrer l’incompétence du gouvernement sortant. Il est clair que l’actuel gouvernement ne pourra pas changer son narratif et maintiendra que les chiffres ont été faussés. Mais la différence de croissance de 1 % qui fait débat n’est pas énorme. Tout n’est donc pas perdu. Nous verrons ce que sera le taux de croissance l’année prochaine et les années suivantes, de même que le niveau de la dette. »
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