La société Analysis, affiliée au groupe Kantar, a organisé une conférence, le jeudi 8 mai, afin de présenter les résultats d’une étude stratégique sur le monde du travail à Maurice. L’événement a été l’occasion de dévoiler les données issues d’une enquête réalisée auprès de 780 Mauriciens. Dans un contexte marqué par une multiplication des discours sur le travail et le management, l’initiative d’Analysis vise à replacer les personnes au centre des réflexions. Un des aspects élaborés durant la conférence est l’état mental des employés.
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Selon l’étude, l’état mental des employés impliqués dans l’enquête est plutôt bon. La moyenne est de 7 sur une note de 10. Dans les détails, la note est plus basse chez les femmes (6,7) et les jeunes. En revanche, les plus âgés se sentent bien au travail avec 7,7. Virginie Villeneuve, Project Strategist chez Analysis Kantar, soutient que l’étude révèle que le niveau d’inquiétude sur l’avenir personnel est très dispersé. « Le niveau d’inquiétude des sans-emploi qui ont participé à l’enquête est significativement plus fort que celui des plus âgés », avance-t-elle. Le niveau d’inquiétude plus général, concernant l’avenir du pays et l’économie, est nettement plus fort. La moyenne est de 4,8.
« Un quart des sondés se disent confiants de l’avenir du pays », poursuit Virginie Villeneuve. Cela s’explique par un contexte économique tendu où les besoins « augmentés » se heurtent à des réalités financières plus complexes. « Les difficultés économiques sont claires, même si les salaires ont augmenté. C’est assez difficile pour les foyers de finir les fins de mois. Il y a tout temps un rééquilibrage du budget », fait comprendre la Project Strategist chez Analysis Kantar.
Selon Anouchka Sooriamoorty, philosophe, Maurice est « une société extrêmement schizophrène ». La société mauricienne dit-elle, est faite par et pour les hommes de plus de 50 ans. Le mot diversité revient en permanence et, pour la philosophe, c’est un besoin criant. « Il existe un problème de recrutement dans plusieurs secteurs. Pourtant, le changement peine à s’amorcer. L’innovation fait partie intégrante de la valeur des entreprises. Toutefois, la jeune génération, qui apporte justement ce regard neuf, fait l’objet de critiques récurrentes. C’est pourtant cela, l’innovation. Il y a un discours très caricatural à son égard, ce qui constitue un véritable paradoxe. On attend des jeunes qu’ils portent des valeurs, mais la vraie question est : qu’avons-nous fait des valeurs dans la société mauricienne ? Nous sommes le produit de la société qui nous a formés », a-t-elle argumenté.
Cependant, les résultats de l’enquête ne surprennent guère. C’est en tout cas l’avis de Vanesha Pareemamun, Chief HR Officer au sein du groupe Currimjee. L’étude révèle que les jeunes âgés de 25 à 34 ans perçoivent leur santé mentale comme nettement moins bonne que celle des autres tranches d’âge. Une situation qui pourrait s’expliquer, selon elle, par des facteurs culturels : « Les générations plus âgées ont souvent du mal à parler de santé mentale. »
Elle ajoute que la pression est bien réelle pour la génération X et les baby-boomers : « Il y a beaucoup de stress à travailler dans une entreprise qui réunit toutes les générations. » Par ailleurs, l’enquête met en évidence un lien étroit entre la perception de la rémunération et le niveau de satisfaction au travail. Plus de 70 % des personnes qui estiment être mal rémunérées se déclarent insatisfaites de leur emploi. À l’inverse, 93 % des répondants qui se considèrent bien ou très bien rémunérés se disent satisfaits. Parmi ces salariés satisfaits, 58 % appartiennent à cette catégorie.
Texte et vidéo : Fabrice Larétif

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