
Le ministère de l’Égalité du genre a lancé cette année un programme de sensibilisation nationale pour aider les ménages à adopter des gestes simples et efficaces. Présentée à Plaine-des-Papayes, l’initiative vise à inculquer une culture anti-gaspillage dans chaque foyer.
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Pour la ministre Arianne Navarre-Marie, l’objectif est clair : « moins de gaspillage, plus d’économies, pour mieux nourrir l’avenir ». Elle insiste : « Le véritable changement commence à la maison – dans nos cuisines, autour de nos tables, et dans les conversations que nous avons avec nos enfants et nos familles. »
Elle rappelle que la nourriture « n’est pas qu’une simple affaire de consommation. Elle incarne le travail acharné de nos agriculteurs, la fertilité de nos terres, l’eau précieuse dont nous disposons et le temps consacré avant que chaque produit n’arrive dans nos assiettes ».
Le gaspillage alimentaire a des conséquences lourdes. Il contribue aux émissions de gaz à effet de serre, fragilise la sécurité alimentaire et accentue les inégalités sociales. En 2022, 19 % de la production alimentaire mondiale – soit 1,05 milliard de tonnes – ont été gaspillés dans les ménages, la restauration et la distribution. Les ménages représentent à eux seuls 60 % de ce gaspillage, soit plus d’un milliard de repas jetés chaque jour.
Parallèlement, 2,33 milliards de personnes vivaient en situation d’insécurité alimentaire modérée ou sévère en 2023, tandis que 735 millions souffraient de la faim, selon la FAO.
« Ces réalités traduisent une situation grave et alarmante. Le temps de la simple prise de conscience est passé : le temps de l’action est arrivé », insiste Arianne Navarre-Marie. Et elle ajoute : « Il est inacceptable que des millions d’êtres humains souffrent de la faim alors que des quantités considérables de nourriture encore consommable sont jetées. » La prochaine étape de cette campagne de sensibilisation est prévue le 9 octobre à Quartier-Militaire.
Au niveau de l’Agro-industrie, on se mobilise également. Le ministre Arvin Boolell lance un appel à la responsabilité individuelle et collective. Il souligne également l’importance d’une approche scientifique pour valoriser les produits abîmés : « Pour le bien des animaux et des humains, nous devons savoir comment les utiliser. » Certains aliments peuvent ainsi trouver une seconde vie comme nourriture animale, à condition qu’ils soient sains.
Produire localement pour nourrir le pays
Lors du lancement du projet Food Literacy & Sustainable Nutrition (FOLSUN) à l’Université de Maurice, le 25 septembre, Arvin Boolell a élargi son propos à la sécurité alimentaire nationale.
Il insiste sur la nécessité de produire davantage localement et prend l’exemple de Singapour, qui atteint l’autosuffisance malgré seulement 1 % de terres agricoles, grâce à son pouvoir d’achat. « Il faut planter selon les données scientifiques, en tenant compte des types de sol et des climats différents dans chaque région », explique-t-il.
Maurice a déjà atteint l’autosuffisance en poulet, mais la production de pommes de terre et d’oignons reste dépendante des importations. Pour relancer la production locale, le ministre invite le secteur privé à « libérer » des terrains et annonce de nouvelles facilités en matière de semences.
Il regrette toutefois que les investissements récents aient privilégié la spéculation foncière au détriment de l’agriculture, plaidant pour « un retour vers la terre » et un développement écologique et régénérateur.
L’autosuffisance, souligne-t-il, doit aussi passer par la mer, encore sous-exploitée mais riche en nutriments. Le ministre encourage les jeunes à s’engager dans l’agriculture et l’économie bleue, en s’appuyant sur les nouvelles technologies : hydroponie, drones et télédétection (« remote sensing »).
Pour conclure, il cite John F. Kennedy : « Ne vous demandez pas ce que le pays peut faire pour vous, mais ce que vous pouvez faire pour le pays. »

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