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Portrait : Laval Poonoosamy, coach d’athlétisme à Paris

Laval Poonoosamy, durant son récent séjour à Maurice.
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Le parcours des Mauriciens installés à l’étranger est souvent riche d’enseignements, mettant en valeur leurs efforts contre l’adversité, entre sacrifices et souci d’intégration dans leur pays d’adoption. Laval Poonoosamy, installé en France depuis la fin des années 70, est l’un de nos compatriotes qui est aujourd’hui coach d’athlétisme accrédité, accueillant une clientèle triée sur le volet.

Comme des milliers de jeunes Mauriciens tentés par l’émigration, lui aussi a quitté sa localité natale de Trèfles afin de trouver des jours meilleurs à Paris. « À Maurice, dans les années 70-80, il n’y avait aucune perspective d’avenir pour les jeunes. La France me tentait, j’y avais de la famille et des amis. J’y suis allé avec la ferme conviction de travailler dur et d’y faire mon bout de chemin », confie Laval Poonoosamy, rencontré il y a une semaine dans un hôtel de Flic-en-Flac. « Je retourne à Maurice autant de fois que possible. Cette année, il fallait venir pour régler des détails relatifs à la carte d’identité, mais il fallait aussi que je me ressource », précise-t-il.

Comme des centaines de Mauriciens, son séjour à Paris commence dans Le Sentier, haut lieu de la confection où les ateliers font travailler des individus venus de presque toutes les communautés d’étrangers de la capitale française. « Les premières années ont été dures mais supportables. Je suis un bosseur, je n’ai jamais plié devant l’adversité », se souvient-il encore. Du ‘petit gars’ qui pousse les diables dans les ruelles de Strasbourg St Denis jusqu’à son job de coach d’athlétisme, sa route s’est tracée comme un parcours fléché. Durant un quart de siècle, il mettra toute son énergie au service de différentes boîtes de confection, jusqu’à finir comme commercial spécialisé dans l’import-export. Toutefois, sa carrière se termine lorsque, dans sa dernière boîte, une restructuration au nom de la productivité et du jeunisme le pousse à la porte, ce qui l’inscrit au chômage technique. Il en profite pour chercher un autre point de chute qui le fait atterrir à la mairie de Paris, où il exercera comme agent d’accueil. Mais en parallèle, conscient de la nécessité de se recycler, il suit une formation de remise à niveau au sein de l’Association française pour la formation des adultes.

Un tournant

« Cette formation a été un tournant dans ma carrière », reconnaît-il aujourd’hui. « Elle consistait en cours théoriques et pratiques. Il y avait des stagiaires qui voulaient faire carrière dans le secrétariat ou les ressources humaines. J’y ai appris à un niveau supérieur les mathématiques, la psychologie et le français. Ces cours étaient très exigeants. J’avais besoin d’acquérir ces compétences afin de passer à un autre niveau dans ma vie globalement. Je voulais tirer un trait sur mes années dans la confection. » 

La photo de famille de Laval avec ses filles, deux des époux de celles-ci, et les petits-enfants.
La photo de famille de Laval avec ses filles, deux des époux de celles-ci, et les petits-enfants.

Troisième langue

À 50 ans et déjà père de trois filles, il passe avec brio ces deux années de formation validées par l’État. Un premier job s’offre à lui comme réceptionniste dans l’hôtellerie. Là encore, il se rend compte de la nécessité d’acquérir d’autres compétences, en l’occurrence une troisième langue : l’espagnol. Après un an et demi dans un hôtel étoilé à Paris, il se lance un nouveau défi : participer à des marathons. Pour y arriver, il prend des cours de pilates. « À 40 ans, j’avais déjà participé au marathon Paris-Versailles. J’avais aussi obtenu une médaille d’argent en groupe au marathon de Sénart. Cette fois-ci, j’avais mis la barre plus haut en visant le marathon de New York, entre autres », explique-t-il.

Depuis maintenant une vingtaine d’années, il est coach d’athlétisme certifié, et parmi ses élèves, le plus jeune a 14 ans et le plus âgé est un cardiologue de plus de 80 ans. Dans cette nouvelle activité au sein de la Jeunesse Athlétique de Montrouge, à Paris, sa mission est le renforcement musculaire et la préparation aux compétitions. Membre de la Fédération française d’athlétisme (FFA), il fait valoir que les adhérents à ses cours lui font confiance grâce à ses différentes expériences et son appartenance à la FFA. « Pour ma demande en vue d’offrir ces cours, il m’a fallu noircir une quarantaine de pages pour expliquer mes ambitions. Il y avait plus de 900 questions. L’enjeu est de taille, car je suis entraîneur de demi-fond chargé de préparer celles et ceux qui souhaitent concourir au niveau national ou encore se maintenir. Avant toute inscription, je vérifie si les conditions physiques sont jugées favorables dans les dossiers. Rien n’est laissé au hasard », dit-il.

« Transmetteur » de connaissances

S’il y a un motif de satisfaction à tirer de son boulot, c’est bien celui d’être ‘transmetteur’ de connaissances, dit-il. « J’ai toujours mené une vie réglementée, un peu comme un Spartiate. Je ne touche ni à la cigarette, ni aux drogues, ni à l’alcool. C’est aussi à ces conditions que j’ai été admis à la Jeunesse Athlétique de Montrouge, qui elle-même dépend des fonds de la mairie du 14e arrondissement de Paris. Le niveau de rigueur professionnelle comprend celui de l’éthique, car il y a un besoin de résultats. Ce sont ces valeurs que j’ai toujours transmises à mes filles. Elles ne sont jamais parties en boîte, ne fument pas et ne boivent pas », dit-il, satisfait. Mais à lui seul, reconnaît-il, il n’aurait pu réaliser un tel parcours. « La France m’a aidé et les Français m’ont toujours soutenu dans mes projets. Je suis en France en tant qu’étranger, même si j’ai la nationalité française. Je me dois de me plier à leurs lois et coutumes, je ne viens pas imposer les miennes. Le respect est mutuel entre les Français et moi », explique cet homme qui ne rate jamais les messes du dimanche et dont les repas familiaux avec ses trois filles, leurs époux et leurs enfants représentent un des attraits forts de son identité mauricienne.
 

 

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