Dans un entretien accordé à Le Dimanche/L’Hebdo, le nouvel évêque Jean Michaël Durhône partage sa vision d’un leadership ancré dans la réflexion et l’écoute. Il aborde des priorités telles que l’éducation, la jeunesse et les fléaux sociaux, en mettant en avant l’importance du partage et de l’ouverture dans la construction d’un avenir solidaire.
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Comment votre parcours influencera-t-il votre épiscopat ?
Ayant grandi au sein d’un milieu interculturel et interreligieux rassemblant des catholiques, des hindous, des tamouls, des musulmans, ces rencontres avec diverses cultures et religions ont profondément marqué ma perspective de vie. Elles m’ont permis de développer une compréhension de l’ouverture et de l’importance de l’accueil envers les individus issus des différentes facettes de notre société mauricienne.
Le soutien que j’ai reçu, non seulement de la part des catholiques, mais également de l’ensemble de la population, m’a particulièrement touché. Je réalise ainsi que l’épiscopat ne consiste pas uniquement à être un évêque pour les catholiques. Bien sûr, je serai un guide pour mon Église et pour ceux qui me sont confiés, mais également pour chaque individu vivant sur cette terre, chaque Mauricien avec sa culture et ses traditions.
Votre épiscopat s’inscrira-t-il dans la continuité de vos prédécesseurs ou sera-t-il influencé par eux, tout en apportant votre propre approche ?
L’Église repose sur une tradition solide. Des projets pastoraux ont été initiés avant mon arrivée, sous les auspices des cardinaux Jean Margéot et Maurice Piat. L’Église progresse de manière dynamique, tout en s’appuyant sur les bases établies. Bien entendu, j’apporte ma propre approche, mais cela va au-delà : c’est une façon de vivre la mission qui m’a été confiée, en tenant compte des besoins et des réalités du contexte dans lequel l’évêque évolue.
La mission possède également une dimension dynamique, où chacun apporte sa contribution en reconnaissant l’absence de solutions miracles. Nous nous appuyons sur les réalités présentes, tout en préservant ce qui a été bâti, et nous insufflons un renouveau. Dans ce processus, le Seigneur nous guide vers une compréhension plus claire en collaborant avec d’autres personnes.
L’évêque ne discerne ni ne prend de décisions en solitaire. Il est nécessaire qu’il soit entouré, qu’il puisse compter sur le soutien de ses pairs, y compris ceux d’autres confessions religieuses, pour discerner comment accomplir au mieux sa mission.
Quels sont les principaux dossiers sur lesquels vous allez vous concentrer une fois en fonction ?
Parmi les priorités figurent l’éducation ainsi que la problématique des jeunes. Une société a besoin de sa jeunesse pour édifier et façonner le présent et l’avenir. Le pape François a souligné que les jeunes ne sont pas uniquement l’avenir, mais aussi le présent.
Au sein de l’Église, nous devons œuvrer à soutenir les jeunes dans leur prise de place et à les former pour devenir des leaders. Encourager leur développement personnel, les inciter à se former pour assumer des responsabilités aux côtés d’individus de différentes générations est un élément essentiel.
Nous nous soucions également des fléaux sociaux qui touchent notre nation, comme la préoccupation majeure de la jeunesse face à la drogue. Ces enjeux nous préoccupent grandement. Nous sommes confrontés à la continuité de ces problèmes et devons explorer des méthodes pour rénover et ouvrir de nouvelles perspectives.
Vous déclarez que les jeunes ont un rôle à jouer non seulement dans l’avenir, mais aussi dans le présent. Pourtant, de nombreux jeunes quittent le pays. Quelle est votre perspective sur cette question ?
C’est certainement un sujet qui m’interpelle. Nous observons cette tendance, mais il est crucial d’approfondir notre analyse pour comprendre les motivations qui poussent les jeunes à l’exode. Il ne faut pas sauter sur des conclusions hâtives, mais faire plutôt une analyse approfondie de la situation.
Il faut comprendre pourquoi les jeunes considèrent que leurs perspectives d’avenir se trouvent ailleurs et quels sont leurs projets. Une telle évaluation exige de ma part une réflexion approfondie afin de saisir cette réalité. Cela nécessite de se questionner sur la problématique sous-jacente, s’il en existe une. Avant tout, l’écoute et la compréhension sont primordiales.
L’Église, à travers le synode, représente aujourd’hui un chemin vers la collaboration et l’écoute. Dans toutes les missions que nous entreprenons, il est primordial de prendre le temps d’écouter, une attitude qui permet de prendre du recul, de comprendre, d’analyser et de visualiser clairement la direction que nous prenons.
Vous serez ordonné évêque ce dimanche. Comment passerez-vous votre matinée ?
Je me joindrai à mes confrères évêques pour un moment de prière collective et une préparation sereine en vue de l’ordination épiscopale. Cette matinée du dimanche sera consacrée à la prière et à la méditation, me permettant de me centrer et de me préparer pour cet événement significatif.
Certains vous qualifient de « réservé » et pourtant, votre nomination vous projette sur le devant de la scène. Comment aborderez-vous votre épiscopat ?
Je suis souvent décrit comme étant une présence tranquille. Cependant, chacun a des choses à porter en avançant avec une certaine sérénité et une réflexion profonde. Je crois en la possibilité d’accomplir des réalisations significatives ensemble, et de cueillir des fruits précieux. Nous avons tous reçu des dons gratuits pour les partager gratuitement. C’est en accord avec cette philosophie que je compte aborder mon rôle d’évêque.
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