Au ministère de la Santé, la vigilance est à son maximum. Le metapneumovirus humain n’est pas aussi virulent que la Covid-19, mais une contamination répandue peut affecter le système de santé. C’est ce qu’explique le Dr Vasantrao Gujadhur, Senior Adviser, au ministère de la Santé. Il aborde la surveillance mise en place.
Contrairement à la covid-19, les cas de contamination au metapneumovirus humain (HMPV) ne seront pas recensés. C’est parce que ce virus ne fait pas partie de la liste de surveillance de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
« On fait un échantillon de dix patients par hôpital régional qui ont les symptômes associés au HMPV. Ces tests sont faits au laboratoire toutes les semaines et cette surveillance donne une idée de l’ampleur de la situation », explique le Dr Vasantrao Gujadhur, le nouveau Senior Adviser du ministre Anil Bachoo.
Il précise que la situation n’est actuellement pas alarmante à Maurice et qu’il ne faut pas céder à la panique. « Ce virus existe depuis longtemps. C’était là en 2023 et 2024 », indique-t-il. Par contre, la vigilance est de mise pour le public alors que le ministère, lui, est en alerte avec un suivi accru de la situation à plusieurs niveaux.
« D’abord, nous suivons de près les recommandations du plan d’action en place depuis plusieurs années sur les influenza-like illness. Ce qui comprend la mise en place d’un isolation ward dans chaque hôpital régional pour les cas graves et c’est déjà en place », ajoute-t-il.
En deuxième lieu, Dr V. Gujadhur fait comprendre qu’il y a une surveillance sentinelle visant à faire des dépistages aléatoires pour savoir s’il y a une recrudescence des cas. En troisième lieu, il y a la mobilisation de la Communicable Disease Control Unit. Celle-ci rassemble les informations de tous les organismes de santé sur une base hebdomadaire. Une surveillance sur le plan national est ainsi possible. « Finalement, nous avons accentué notre surveillance au port et à l’aéroport. Les inspecteurs sanitaires surveillent surtout les passagers qui viennent des pays à risque : la Chine, l’Inde et l’Europe », indique-t-il.
Pression sur le système
Le HMPV, bien que généralement bénin pour les personnes en bonne santé, ne constitue pas une menace majeure en lui-même. Toutefois, la vigilance du ministère s’explique par les implications potentielles d’une recrudescence de cas. « Si un grand nombre de personnes est affecté simultanément, il y aura une pression sur le système de santé. Il y aura plus de consultations, d’hospitalisations et de besoins en ressources médicales », fait-il observer.
Une telle situation pourrait perturber le fonctionnement des hôpitaux. « Elle réduirait la capacité du ministère à répondre efficacement aux autres pathologies, qu’il s’agisse de maladies chroniques, de pathologies infectieuses graves ou d’urgences médicales. Cette vigilance est donc essentielle pour anticiper et éviter un effet domino qui pourrait compromettre l’équilibre fragile du système de santé. »
Traitement symptomatique
Pour ce qui est des symptômes, il s’agit d’un virus respiratoire courant qui peut affecter des personnes de tout âge. Chez les individus en bonne santé, les symptômes sont souvent légers à modérés et ressemblent à ceux d’un rhume ou d’une grippe. Ces symptômes incluent notamment une toux sèche, une congestion nasale, une fièvre modérée et des maux de gorge, ainsi qu’une fatigue générale.
« Dans la majorité des cas, les symptômes disparaissent après quelques jours et le patient récupère sans complications », explique le médecin. Il ajoute que les symptômes peuvent être un peu plus sévères chez les populations vulnérables.
Chez les enfants en bas âge, les personnes âgées et celles dont le système immunitaire est affaibli, le HMPV peut entraîner des complications plus graves. Leur respiration peut être sifflante. Elles peuvent avoir une difficulté à respirer (dyspnée), une toux persistante, une fièvre élevée ou une déshydratation due à des troubles alimentaires ou à une perte d’appétit.
Dans les cas graves, le virus peut provoquer des infections des voies respiratoires inférieures, comme la bronchiolite ou la pneumonie. Ce qui nécessite parfois une hospitalisation, en particulier pour les jeunes enfants ou les personnes immunodéprimées.
Actuellement, il n’existe pas de traitement antiviral spécifique contre le HMPV. Le traitement est principalement symptomatique et vise à soulager les symptômes.
« Le repos et une bonne hydratation permettront au corps de récupérer plus vite et le médecin va prescrire des médicaments selon les symptômes pour réduire la fièvre et soulager les douleurs. Et en cas de conséquences plus graves, le traitement sera adapté », précise-t-il. Mais le risque de complication est bas. « Avec le HMPV, moins de 5 % des patients auront des symptômes sévères et le taux de fatalité est minime. »
Gestes barrières
La prévention repose sur une bonne hygiène. Il faut se laver les mains régulièrement et éviter des contacts avec les personnes malades. Une alimentation équilibrée renforce l’immunité. La vaccination contre des infections respiratoires connexes, comme la grippe, est conseillée. Et pour éviter toute contamination, les gestes barrières doivent être adoptés et respectés tout comme c’était le cas durant la pandémie de covid-19.
« On n’est pas à un stade dans lequel il faut mettre le masque tout le temps, mais on recommande de le porter quand vous allez dans les endroits bondés », dit le Dr V. Gujadhur. Les personnes malades qui ont des symptômes de la grippe doivent redoubler de vigilance pour que les virus ne se propagent pas.
« La prévention est l’aspect le plus important en ce moment. Nous sensibilisons le public à travers une communication efficace », poursuit-il. Depuis quelques jours, le ministère a lancé une campagne de communication et de sensibilisation sur les moyens de prévention. Un clip est diffusé régulièrement à la télévision.
Rentrée scolaire : pas lieu de paniquer
Le Dr V. Gujadhur lance un appel : il n’y a pas lieu de paniquer. La rentrée scolaire doit se faire normalement, « les parents ne doivent pas avoir peur. Les enfants s’absentent seulement lorsqu’ils sont malades », conseille-t-il. Quand on a des symptômes grippaux, il suffit de se soigner et de limiter la propagation du virus. « On va consulter dans le centre de santé le plus proche de son domicile et on suit son traitement », recommande-t-il.
L’OMS se veut rassurant
Les cas augmentent en Chine, mais la situation n’est pas alarmante, selon l’OMS. La dernière conférence de presse de l’organisme remonte au mardi 7 janvier. « Il y a eu une augmentation d’un certain nombre d’infections respiratoires courantes dans le pays, comme on peut s’y attendre pendant l’hiver », a indiqué le Dr Margaret Harris, porte-parole de l’OMS. Mais les niveaux d’infections respiratoires signalés sont « dans la fourchette habituelle pour la saison hivernale ». Selon l’OMS, « le taux d’utilisation des hôpitaux à Beijing est actuellement inférieur à celui de l’année dernière à la même époque. Il n’y a eu aucune déclaration d’urgence ».
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