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Meetings du 1er-Mai : dans quelle mesure ce rendez-vous a-t-il été le kick-off électoral ?

Le mercredi 1er mai, la scène politique a été marquée par un contraste saisissant entre les 20 mesures proposées par l’opposition parlementaire d’un côté et les attaques frontales du Premier ministre contre l’opposition. Cette journée a définitivement donné le ton pour la campagne électorale à venir.

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Le ton est donné pour la prochaine campagne avec les différents rassemblements des partis politiques, qu’ils soient du gouvernement ou de l’opposition parlementaire ou extra-parlementaire.  

D’un côté, l’opposition parlementaire a présenté 20 mesures, illustrant ses propositions politiques et son programme pour le pays.  De l’autre, le Premier ministre a, lui, adopté une posture encore plus offensive, lançant des attaques directes contre le leader de l’opposition, Shakeel Mohamed, qu’il a qualifié de « communal ». Pravind Jugnauth a aussi insinué que plusieurs membres de l’opposition possèdent des comptes à l’étranger, suggérant qu’ils auraient obtenu des contrats de manière douteuse. Parallèlement, le Mouvement socialiste militant (MSM) a entrepris une campagne active pour élargir sa base en accueillant de nouveaux membres, dont certains sont des personnalités publiques bien connues.

Plusieurs observateurs sont restés sur leur faim concernant les annonces de Pravind Jugnauth. Le chef du gouvernement avait déclaré, quelques jours plus tôt aux journalistes, que plusieurs questions concernant le calendrier électoral allaient être répondues lors du meeting du 1er mai. Mais aucune annonce majeure en ce sens n’a été faite. Outre le fait que Pravind Jugnauth a affirmé qu’il y aura un budget avant les prochaines élections. Cependant, compte tenu de toute la mobilisation et des efforts déployés tant du côté du gouvernement que de l’opposition pour faire de ce 1er-Mai une réussite, les signes semblent indiquer que le coup d’envoi de la campagne électorale a été donné mercredi.

L’observateur politique et représentant du parti de gauche Lalit, Ram Seegobin, affirme que le ton a effectivement été donné au niveau des deux camps. « On a, par exemple, pu voir que l’alliance entre le Parti travailliste, le MMM et les Nouveaux Démocrates a présenté une liste de mesures dites prioritaires. De l’autre côté, le MSM a déjà présenté certains candidats potentiels, comme Jugdish Joypaul, le fils de Raj Dayal, ainsi que le gendre d’Ajay Gunness », fait-il savoir. 

Selon lui, le ton employé par le chef du gouvernement lors de son discours, qu’il considère comme « une bassesse politique », démontre que le Premier ministre s’est également tourné vers la campagne électorale. « Il est évident que le discours prononcé par Pravind Jugnauth n’a rien d’un discours qui fait honneur à la fête du Travail, mais bien plutôt à une campagne électorale ». De plus, alors que certains observateurs pensent que Pravind Jugnauth a raté son discours en ne proposant aucune mesure nouvelle et en restant silencieux quant au calendrier électoral, Ram Seegobin avance une perspective différente. 

Options

Selon lui, cela pourrait simplement être une stratégie délibérée du chef du gouvernement. En effet, malgré la démission de Vikram Hurdoyal en tant que député, ce qui contraint le gouvernement à organiser une élection partielle en août, Pravind Jugnauth semble selon lui vouloir garder ses options ouvertes.

Si Ram Seegobin dit avoir pris note des mesures proposées par l’opposition parlementaire à Port-Louis, il soutient cependant que la viabilité et la sincérité de telles mesures est une autre paire de manches car le programme présenté par l’opposition ne répond pas aux véritables défis de la population en profondeur comme la sécurité alimentaire. « Le grand problème dans le pays est qu’il n’y a pas de véritable politique pour la production alimentaire, que ce soit au niveau agricole ou industriel. Ni le MMM, ni le PTr, ni le MSM ne semblent préoccupés par cette question. Ils présentent des listes de propositions qui plaisent sans qu’il n’y ait de réflexion ni d’innovation pour faire de Maurice un producteur, se concentrant plutôt sur le fait de rendre les Mauriciens satisfaits en tant que consommateurs. Les promesses de baisse de prix de l’essence, des médicaments et du coût de la vie, tout cela démontre que la classe politique considère les Mauriciens comme des consommateurs avant tout », avance-t-il.

L’observateur politique et ancien diplomate, Kris Valaydon, qui, a, quant à lui, suivi avec attention la teneur des discours, avance qu’ils ont principalement revêtu un caractère politique. « La journée du 1er mai, censée célébrer les travailleurs, a été monopolisée par la classe politique à des fins partisanes, reléguant les représentants syndicaux au second plan », dit-il. 

Ce dernier remarque également que les discours ont souvent cédé à la tentation de critiquer les opposants, « à quelques exceptions près, comme Navin Ramgoolam et Linion Moris qui ont présenté des propositions pour l’avenir et les moyens de faire progresser le pays ».  

Kris Valaydon met aussi en lumière l’approche de l’alliance de l’opposition parlementaire lors des discours qui ont privilégié les questions d’intérêt public et les solutions plutôt que les attaques personnelles contre leurs adversaires politiques. Cependant, il estime que ces discours ont parfois « manqué d’originalité ». 

« Quant au Premier ministre, bien qu’il ait déclaré à la presse qu’il répondrait à toutes les questions concernant le calendrier électoral, il n’a pas tenu parole. Cette omission suscite des interrogations quant à sa capacité à respecter ses engagements en termes de discours, de révélations contre l’opposition et d’annonces politiques », dit-il. 

 

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