Interview

Mauritian on the Move - Nicolas Manbode: «Je veux être un exemple»

Séropositif, Nicolas Manbode est le National Coordinator de AIDS Candlelight Memorial. À 34 ans, il multiplie sa présence sur le terrain pour sensibiliser sur l’efficacité du dépistage, surtout pour réduire les risques de nouvelles contaminations. Nicolas Manbode vit à cent à l’heure. Il consacre ses journées à mener à bien des projets axés sur la réduction des risques auprès des anciens et actuels toxicomanes. « La réduction des risques est une série de stratégies dont l’objectif primaire est de diminuer l’impact du VIH et des autres infections transmissibles par le sang parmi les usagers des drogues injectables. J’accompagne également les toxicomanes dans les centres de santé pour qu’ils bénéficient des traitements appropriés. Je donne aussi un coup de main dans la lutte contre la discrimination », indique l’Outreach Team Leader chez l’ONG Collectif Urgence Toxida (CUT). En sus de cela, il porte la casquette de National Coordinator de AIDS Candlight Memorial. Son rôle consiste à s’assurer du bon déroulement et de la mise en œuvre des activités organisées à l’échelle communautaire et nationale en mémoire des personnes décédées du VIH/sida. L’objectif est de réconforter leurs proches et de donner une lueur d’espoir aux séropositifs. Nicolas Manbode succède à Danny Phlippe, coordonateur de l’ONG Leadership and Empowerment for Action and Development (LEAD). Le passage du flambeau a eu lieu le 15 mai dernier lors de la 11e édition d’AIDS Candlelight Memorial. « J’étais désigné pour assumer ce rôle depuis 2015. Mais il a fallu attendre, car mon passé m’a rattrapé », confie cet habitant de Petit-Camp, Phoenix. En effet, il est condamné pour vol par la cour intermédiaire. Le jeune homme décide alors de faire appel du jugement en Cour suprême. Il attend un dénouement. Ses parents ayant divorcé, Nicolas Manbode n’a pas eu une enfance facile. Il habitait chez son père. À 18 ans, il décide d’épauler celui-ci qui était un contracteur. Il devient alors chef d’une équipe. « Quelques-uns de mes collègues se droguaient. Pour me faire accepter dans ce cercle d’amis, je me suis mis à fumer un joint. Puis, j’ai découvert l’héroïne. Au départ, je pouvais me permettre d’acheter une seringue à Rs 5 ou Rs 10 ainsi qu’une dose d’héroïne. Au fur et à mesure, ma consommation a augmenté et mon salaire ne me suffisait plus », se souvient-il. À 19 ans, il fait la rencontre d’une jeune femme. Les rencards s’enchaînent et elle tombe enceinte. Elle met au monde leur fils. Mais quelque temps après, leur relation se détériore et les tourtereaux se séparent.

Dépistage

Au même moment, Nicolas Manbode se retrouve dans l’obligation de voler pour payer ses doses. « Mes parents étaient tristes de me voir dans cet état. Pendant douze ans, ils m’ont fait visiter plusieurs centres spécialisés en cure de désintoxication. Mais à chaque fois, je faisais une rechute », dit-il. En 2009, il est arrêté pour possession de drogue. Il est trouvé coupable et purge sa peine à la prison de Beau-Bassin. « Même dans le milieu carcéral, je trouvais le moyen de me droguer. Les prisonniers toxicomanes échangeaient les seringues entre eux. C’est ainsi que j’ai contracté le virus du VIH en 2010 », relate notre interlocuteur. [blockquote] «Je me retrouvais en ces toxicomanes. Je pouvais les aider à s’en sortir en mettant l’accent sur la réduction des risques.» [/blockquote] Il prend connaissance de la nouvelle lors d’un dépistage. Sa vie bascule. Nicolas Manbode pense au pire. Il commence à faire un suivi psychologique. « Le psychologue m’a conseillé de contacter l’ONG Prévention information lutte contre le sida (PILS) pour mieux connaître le virus. C’était la première chose que j’ai faite en sortant de la prison en 2011. Je devais me reprendre en main par amour pour mon fils », raconte-t-il. Il participe activement aux activités de PILS avant de découvrir le programme Vivre +. Avec un groupe de volontaires, il enregistre Vivre + comme une association en 2012 et développe le réseau Network of People Living with HIV. « Ce réseau était la voix des séropositifs. Nous avions repéré les services pouvant aider ceux vivant avec le virus à mener une vie normale. Actuellement,  Vivre + est inactif », fait-il observer. Un an après, Nicolas est choisi pour représenter Vivre + et pour siéger sur le conseil d’administration de CUT. « Nous essayons de trouver des stratégies pour éviter la propagation du virus et promouvoir la réduction des risques. Pendant de nombreuses années, j’ai été volontaire », dit-il. En 2015, il envoie sa candidature pour être Peer Educator. « Je me retrouvais en ces toxicomanes. Je pouvais les aider à s’en sortir en mettant l’accent sur la réduction des risques. J’ai été retenu pour être Outreach Team Leader qui consiste à gérer un groupe de Peer Educators », explique Nicolas Manbode. Aujourd’hui, il a changé et il se charge à prendre soin de son fils âgé de 14 ans. « Je n’ai jamais caché mon passé à mon enfant. Il a le droit de l’apprendre, afin de ne pas faire les mêmes erreurs. J’ai fait du chemin et je veux être un exemple pour les autres », fait-il ressortir. D’ailleurs, il file le parfait amour avec sa compagne qu’il a rencontré il y a trois ans durant les activités organisées sur le VIH.
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