Le Masterplan du ministère de l’Environnement pour les dix prochaines années, qui a été finalisé le 5 décembre 2022, fait état d’une situation alarmante tant au niveau des zones côtières qu’en matière de gestion des déchets.
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Urbanisme : Le trop-plein de corruption menace l’accès aux services essentiels
« L’émergence des nouvelles zones résidentielles, de ‘smart cities’ et d’hôtels, aussi bien que l’expansion du réseau routier et des nouveaux systèmes de transport, ont grandement contribué à une escalade des pavés et des surfaces imperméables, avec des impacts sur l’environnement et notre écosystème », indique le Masterplan du ministère de l’Environnement.
Il attire aussi l’attention sur les constructions illégales, lesquelles ne sont pas contrôlées et ont un impact direct sur l’accès à des services essentiels, tels que l’eau ou encore la gestion des déchets. Toute cette situation, selon le ministère, rend la population vulnérable aux désastres naturels et aux maladies contagieuses.
L’aménagement du territoire mauricien a contribué à des développements incompatibles, ce qui a fini par provoquer des activités polluantes dans des régions sensibles, telles que des zones résidentielles et des écoles. Le ministère tire aussi la sonnette d’alarme sur le fait que la demande pour les ressources foncières, lesquelles sont déjà limitées, mènera à de plus en plus de développements dans des zones environnementales sensibles qui affecteront tout un écosystème, avec la destruction des habitats naturels, la dégradation de la biodiversité.
Les failles identifiées dans la gestion des zones côtières :
- Les contrats à bail de bungalows et d’hôtels sur les Pas géométriques obstruent les passages publics.
- Des développements inappropriés dans les zones côtières.
- Les coraux continuent d’être détruits.
- Aucune évaluation scientifique sur les impacts négatifs des fermes d’aquaculture.
- Les constructions qui sont conçues sur les régions côtières ne prennent pas en considération les effets du changement climatique.
- Manque de décisions politiques dans la gestion des barachois.
Gestion des déchets
Pression insoutenable
- Diminution de la capacité des sites chargés de l’enfouissement des déchets à cause de l’indisponibilité des terrains pour la construction d’un nouveau site.
- Coût élevé de la gestion des déchets, soit Rs 1,5 milliard par an.
- Plus de 500 000 tonnes de déchets générées chaque année. La plupart sont éliminées au centre d’enfouissement de Mare-Chicose.
- Absence de responsabilité collective et de sens civique par rapport à la gestion des déchets.
Lutte contre la pollution
Le manque de cohésion décrié
- Approches trop éparpillées pour contrôler la pollution.
- De nombreux véhicules, comme des camions, des autobus et des motocyclettes, continuent d’émettre trop de pollution.
- Communication insuffisante entre le secteur public, le secteur privé et les organisations non gouvernementales.
- Supervision insuffisante des cours d’eau pour contrer les différentes sources de pollution.
- Manque de sites pour assurer l’élimination des déchets électroniques.
Sunil Dowarkasing : « Le ministère s’est tiré une balle dans le pied »
« Les indicateurs environnementaux sont au rouge depuis plusieurs années », indique Sunil Dowarkasing, ex-député et ancien stratégiste de Greenpeace. Bien qu’il dise accueillir la publication du Masterplan, il soutient cependant que le ministère s’est tiré une balle dans le pied à plusieurs reprises.
« Ce document tire la sonnette d’alarme sur les constructions des établissements hôteliers ainsi que des ‘smart cities’. Mais il ne faut pas oublier que c’est le ministère qui est chargé d’accorder des permis EIA (Environment Impact Assessment) », fait ressortir l’ex-député. Il ajoute que pas moins de huit permis EIA ont été délivrés au cours de ces deux années de confinement lié à la pandémie de Covid-19.
Il s’insurge aussi contre le fait que plusieurs activités de bétonnage soient conçues dans des endroits sensibles, tels que des terrains marécageux (wetlands ; NdlR). Au sujet de la construction des hôtels, Sunil Dowarkasing avance qu’il est temps que le gouvernement commandite une étude pour connaître l’étendue de la saturation du pays. « Il faut aussi appliquer un moratoire de trois ans pour interdire la construction de nouveaux établissements hôteliers », avance-t-il.
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