
- La Mauritius Mixed Martial Arts Federation et le ministère des Sports lèvent les poings contre le fléau
Face aux violences domestiques, plus de 350 personnes ont manifesté pacifiquement samedi à Quatre-Bornes. Cette mobilisation a été organisée par la Mauritius Mixed Martial Arts Federation, en collaboration avec le ministère de la Jeunesse et des Sports et la police.

« To tape, to tase ! » Ces mots ont été scandés avec force le samedi 29 mars 2025 dans les rues de Quatre-Bornes, qui ont vibré sous les pas de centaines de personnes déterminées à briser le cycle des violences faites aux femmes et aux enfants. Un slogan percutant derrière lequel se cachent les souffrances invisibles de milliers de victimes silencieuses.

Cette marche pacifique, orchestrée par la Mauritius Mixed Martial Arts Federation (MMMAF), en collaboration avec le ministère de la Jeunesse et des Sports et la force policière, a rassemblé plus de 300 femmes et une cinquantaine d’hommes. Partie du stade de Candos, la procession a emprunté la route principale à La Louise avant de converger vers le Government Teachers Hall, où la marche s’est achevée dans un esprit de solidarité et de sensibilisation.

Des slogans percutants
Les manifestants ont exprimé leur indignation face à la situation. « Arrêtez la violence contre les femmes ! », « Assez de violence envers les enfants ! » et « Stop au viol et aux meurtres d’enfants ! »… Autant de cris du cœur scandés pancartes en main.

Parmi les personnalités présentes : la députée Stéphanie Anquetil, Chief Whip de l’Assemblée nationale. Elle a notamment fustigé les lenteurs inacceptables du système judiciaire dans les affaires de violences conjugales : « C’est malheureux de constater qu’à Maurice, une victime de violences conjugales doit attendre des mois, voire des années, avant d’obtenir justice. Pendant ce temps, un voleur de litchis ou un cambrioleur est arrêté aujourd’hui et condamné le lendemain ! Cette lenteur décourage beaucoup de femmes à porter plainte, car elles estiment que cela ne mènera à rien. »
Manque d’informations
L’élue a également mis en lumière le manque flagrant d’informations concernant les droits des victimes. « Beaucoup ignorent qu’il existe une disposition légale appelée ‘Occupancy Order’. Celle-ci permet à une femme victime de violences domestiques de rester dans son foyer avec ses enfants, même si la maison appartient à son époux », a-t-elle indiqué.
Face à cette situation alarmante, Stéphanie Anquetil a lancé un appel pressant : « J’encourage toutes celles qui subissent des violences à ne pas rester silencieuses. Dénoncez votre agresseur et laissez la justice faire son travail. »

Avinash Ramtohul, président de la MMMAF, a, pour sa part, rappelé l’engagement actif de sa fédération dans cette lutte sociétale. La structure, composée de membres, entraîneurs et athlètes, se mobilise contre les violences faites aux femmes et aux enfants depuis sa création.
Basée à Quatre-Bornes, l’organisation utilise le sport comme levier de sensibilisation à travers divers événements, conférences et campagnes. Après une période d’inactivité, la MMMAF revient désormais avec une mission renouvelée : transformer les arts martiaux en catalyseur de changement social pour déconstruire les comportements dominateurs et promouvoir l’égalité.
Dans cette perspective, une conférence réunissant des professionnels, des représentants des forces de l’ordre et d’autres acteurs clés s’est tenue le même jour. Cette rencontre a précédé la marche symbolique reliant La Louise au Government Teachers Hall – un itinéraire choisi pour incarner l’engagement collectif contre les violences domestiques.

Avenir plus sécurisé
Avec son réseau de 17 clubs et plus de 450 membres répartis sur l’ensemble de l’île, la MMMAF prouve que la société civile, les autorités et les citoyens peuvent conjuguer leurs efforts pour combattre ce fléau. Cette synergie porte un message d’espoir pour un avenir plus équitable et sécurisé.
Pour Kanika Ramtohul, présidente de la Women’s Commission de la MMMAF, l’heure est à la mobilisation générale. « Trop de femmes sont victimes de violences. Il est essentiel de briser le silence, de sensibiliser et de rappeler que l’on peut apprendre à se défendre. »

Au-delà de la sensibilisation, la Women’s Commission valorise le rôle crucial du MMA (Mixed Martial Arts) comme outil d’autodéfense et d’émancipation féminine. Dans cette optique, elle collabore avec l’Union africaine dans le cadre d’un projet ambitieux visant à former les athlètes à mieux se protéger et à utiliser le MMA comme méthode efficace de protection.
Self-défense
Cette initiative novatrice s’inspire de cas survenus en Afrique, où des sportifs ont été victimes d’agressions faute de compétences en self-défense. « Le MMA renforce la confiance, développe la résilience mentale et émotionnelle, tout en améliorant la condition physique. C’est une discipline complète qui aide à se protéger et à affronter les défis de la vie », explique Kanika Ramtohul.
Depuis sa création en mars 2023, la Women’s Commission a permis à des athlètes mauriciennes de participer aux championnats d’Afrique, où elles ont décroché plusieurs médailles. L’organisation compte également des championnes locales qui s’illustrent régulièrement dans les compétitions nationales.

Forte de dix ans d’expertise dans le domaine du MMA, la fédération constate les bénéfices considérables de cette pratique dans la vie quotidienne des adeptes, particulièrement des femmes. « Le MMA n’est pas qu’un sport professionnel. C’est une discipline accessible à tous, qui allie fitness, self-défense et valeurs fondamentales comme la confiance en soi et la discipline. »
Grâce à cet engagement multidimensionnel, la Women’s Commission démontre que le sport peut devenir un puissant levier de transformation sociale. Elle offre ainsi aux femmes mauriciennes les moyens de se défendre et de reprendre le contrôle sur leur vie, tout en œuvrant à une société plus juste et respectueuse des droits de chacun.

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