Le monde éducatif est en agitation, alors qu’aucune décision n’a été prise quant à la tenue des examens du School Certificate et du Higher School Certificate. Élèves et parents sont dans le flou le plus total à J-3 de la rentrée en présentiel, prévue pour le mercredi 2 février.
Au programme : un troisième trimestre qui sera crucial pour ceux qui prendront part aux examens de fin de cycle secondaire. Ainsi, les acteurs du secteur éducatif déplorent le silence radio du ministère de l’Éducation et du Mauritius Examination Syndicate à ce sujet. Leur souhait est d’être partie prenante, afin qu’aucun ne soit un laissé-pour-compte.
Les nerfs sont à vifs ! D’une part, il y a la colère, les frustrations et le stress des élèves qui se sentent prêts à en finir une fois pour toutes après deux ans d’attente. Et d’autre part, il y a ceux qui ne se sentent pas prêts et qui ont l’espoir d’un éventuel renvoi des épreuves.
Mandy Gooljar, de la Grade 12, s’était déjà préparée pour prendre part aux examens du School Certificate (SC). Elle explique que ce flou autour des examens ne fait qu’empirer le dilemme des élèves au fil des jours. « L’éventualité du renvoi des examens chamboule tout mon planning. Je me suis donnée à fond dans mes révisions, soit six heures de travail tous les jours. J’étais prête à me donner à 100 %, mais tout à coup, j’ai perdu la motivation ! À quoi bon se mettre la pression pour travailler intensément tous les papiers de révision et maintenant pour les refaire en boucle jusqu’à novembre ? Aujourd’hui, je ne sais pas si je dois continuer à m’employer à fond ou bien alléger les révisions. Cela devient lassant pour les élèves et nous voulons juste terminer l’année scolaire. Rester dans l’incertain ne fait qu’empirer les choses », exprime-t-elle.
Sentiment partagé par Shelley Latchmea, élève en Grade 13 : « Actuellement, je suis dans un flou total concernant mes examens. Le moins que je puisse dire, c’est que cette situation nuit à la santé mentale des élèves, qui doivent déjà gérer le stress et l’anxiété qu’entraînent les examens du Higher School Certificate (HSC). de plus, il y a le manque d’information et de communication du ministère de l’Éducation. »
Par ailleurs, il y a d’autres qui sont rongés par l’inquiétude de ne pouvoir compléter le cursus scolaire à temps. C’est le cas de Haresh Bulloram. « Personnellement, je conçois qu’il a beaucoup de travail à abattre, car les lacunes de l’Online Learning sont visibles. À deux mois des examens nationaux, certains enseignants n’ont même pas complété le cursus scolaire. Même avec la reprise des classes en présentiel, compléter le travail restant en deux mois semble difficile. Ce système de dispensation de cours en ligne comporte plusieurs failles et nombreux élèves ont été des laissés-pour-compte. Sans parler de ceux qui n’y ont même pas eu accès », tient-il à souligner.
Vikash Ramdonee, de l’UDRRU : « Cette démarche du ministère est inélégante »
Les syndicats des collèges d’état sont également dans l’attente d’une décision. Vikash Ramdonee, secrétaire de l’United Deputy Rectors and Rectors Union (UDRRU), déplore le manque de dialogue et de concertation des autorités. « D’après notre sondage auprès des 63 chefs d’établissement, qui corrobore les chiffres du ministère, les collèges d’état affirment que 90 % de leurs élèves sont prêts à prendre part aux examens nationaux en avril. Or, je suis en possession d’une information qu’il y aurait des négociations pour le report des examens en octobre. Je trouve cette démarche du ministère inélégante. Il n’y a pas de consultations avec les différents partenaires. Les syndicats condamnent sévèrement l’élitisme et le silence radio du ministère. »
Et d’ajouter que les principaux partenaires, collèges privés, d’état ou du SeDEC, s’accordent tous pour dire qu’il faut laisser la chance aux enfants de choisir. « Le meilleur scénario serait de laisser les élèves qui sont prêts prendre part aux examens en avril-mai-juin. Idem pour ceux qui vont compete. Repousser les examens aura de graves implications, notamment des changements dans le cursus scolaire. Selon moi, il vaut mieux que ceux qui ne sont pas prêts s’accordent encore une année pour mieux travailler en avril 2023 », renchérit-il.
Student Common Front : «Beaucoup d’élèves sont au bord du burn-out»
Le vendredi 28 janvier 2022, le Student Common Front (SCF) a organisé une réunion avec 200 délégués des collèges privés et publics devant prendre part aux épreuves du School Certificate (SC) et du Higher School Certificate (HSC). Le but était de faire le point sur le maintien ou le renvoi des examens. Angela Ghurburrun, présidente et élève en Grade 13 au MGI de Moka, révèle un sondage détaillé. « Les deux tiers des élèves sont pour le maintien des examens en juin. Par contre, la différence est bien plus prononcée pour ceux qui souhaitent compete pour la National Scholarship. »
Nombreux parmi ses camarades ont aussi exprimé leurs inquiétudes quant aux procédures d’admission déjà entamées auprès des universités étrangères. « Ces admissions dans des universités étrangères leur coûtent énormément d’argent. Ceux qui ont déjà reçu leur lettre d’acceptance perdront leur admission, s’ils n’arrivent pas à rentrer en septembre. Pire encore, certains ont reçu des bourses non-transférables », fait ressortir une élève. « On est à deux mois des examens. C’est inacceptable de mettre les élèves dans un tel stress. »
Et la présidente du SCF d’ajouter : « en temps normal, l’élève mauricien intègre l’université avec un an de retard. Avec la Covid-19 et un éventuel renvoi des examens en novembre, on aura un retard de trois ans. Beaucoup d’entre nous sont au bord d’un burn-out ».
Après la réunion, les délégués se sont mis d’accord sur une lettre et une motion qu’ils enverront à la ministre de l’Éducation pour exprimer le sentiment des élèves et leur souhait. « Le meilleur scénario serait deux séries d’examens, en juin pour ceux qui veulent concourir et aussi compete en une session », suggère Angela Ghurburrun.
Lucien Finette, ex-directeur du MES : « Des examens en deux sessions pour donner une chance égale à tous »
Lucien Finette, ex-directeur du Mauritius Examination Syndicate (MES), estime que « les deux parties ont des raisons ». « Ceux qui sont prêts ont les moyens d’être prêts. c’est un aveu qu’ils n’ont pas besoin de l’école pour cela. Tandis que ceux qui ne sont pas prêts ont besoin de l’école et ils ont de bonnes raisons pour ne pas l’être. Selon moi, nous pouvons organiser un examen en avril pour ceux qui se sentent prêts et un en octobre pour les autres », propose-t-il.
Selon lui, ce serait le seul moyen de donner une chance égale à tous. « Nous pourrions garder les résultats des examens d’avril jusqu’à décembre, avant de proclamer les lauréats. Cela permettra de maintenir le standard des résultats pour tout le monde. »
Même son de cloche pour Arvind Bhojun, enseignant dans le secondaire privé : « La solution la plus probable, c’est de donner toutes les options aux élèves afin qu’ils ne soient pas pénalisés. Ainsi, certains pourront concourir en avril, alors que pour d’autres, leur année pourrait se terminer en novembre. »
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