Maurice s’apprête à revoir en profondeur son architecture sécuritaire avec la création d’une National Crime Agency, chargée de coordonner la lutte contre le crime organisé. Cette réforme est inspirée des grandes agences internationales et vise à mettre fin aux dysfonctionnements actuels. Le projet de loi sera présenté en début 2026.
Le gouvernement déposera au Parlement, au début de l’année prochaine, un projet de loi ambitieux visant à instaurer la National Crime Agency (NCA), une entité centralisée dédiée à la coordination de la lutte contre le crime organisé. Inspiré du modèle britannique ainsi que des origines du FBI américain, ce texte, qui devrait avoisiner les 300 pages, s’inscrit dans une refonte en profondeur de l’architecture sécuritaire du pays.
Cette initiative répond à des dysfonctionnements persistants, où les enquêtes se chevauchent sans véritable partage d’informations. « On voit qu’il y a des dysfonctionnements partout. L’un fait une enquête et l’autre ne sait pas ce qui a été fait », a indiqué mercredi une source proche du dossier.
Les consultations entre experts de la NCA britannique et les autorités mauriciennes sont actuellement en cours. Des représentants de la NCA de Londres sont à Maurice pour échanger avec les instances concernées, notamment le commissaire de police. Cette collaboration vise à adapter un modèle éprouvé, susceptible de « mettre de l’ordre une fois pour toutes », selon la même source.
L’orientation affichée est claire : regrouper sous un même « umbrella » des compétences aujourd’hui dispersées afin de renforcer l’efficacité opérationnelle. « On veut mettre les meilleurs officiers à des postes clés. On veut mettre ça en place aussi vite que possible », ajoute-t-elle.
Rappelons que le dossier est parmi ceux évoqués entre le Premier ministre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger, Premier ministre adjoint, lors de leurs récentes rencontres. La création de la NCA figure aussi dans le programme gouvernemental 2025-2029.
Dans l’esprit du chef du gouvernement, affirme-t-on, l’ambition est de s’inspirer du Federal Bureau of Investigation (FBI) façonné par John Edgar Hoover, qui avait pris en main le Bureau of Investigation en 1924 avant de le transformer en FBI en 1935.
Pas de pouvoir d’arrestation ni de poursuites judiciaires
La future NCA absorbera ou coordonnera des structures existantes, comme la Financial Crimes Commission (FCC), le Central Criminal Investigation Department (CCID) et la Financial Intelligence Unit (FIU). Elle regroupera ainsi les fonctions essentielles : la FCC pour les crimes financiers, la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ; le CCID pour la criminalité classique et les enquêtes de terrain ; et la FIU pour le renseignement financier. Cette centralisation promet de réduire les doublons, de favoriser la synergie entre services et de booster l’efficacité opérationnelle.
Placée sous la responsabilité du commissaire de police, la NCA n’aura toutefois ni pouvoir d’arrestation ni de poursuites judiciaires, ces dernières restant du ressort du Directeur des poursuites publiques, garantissant une séparation claire des pouvoirs.
Le recrutement et la formation seront des défis de taille. Un recrutement standardisé et des tests d’intégrité rigoureux devront poser les bases d’un corps d’agents hautement qualifiés. La formation continue portera sur des domaines critiques : analyse financière, cybercriminalité, intelligence pénale et criminalistique scientifique.
Pour fluidifier les flux d’informations, un Criminal Intelligence Fusion Center sera érigé, centralisant les données des agences, les enquêtes en cours, ainsi que les renseignements douaniers et portuaires, y compris la surveillance maritime. Cette plateforme permettra une réponse rapide aux menaces, des trafics illicites aux pirateries sporadiques.
Pour prévenir les risques d’abus, des garde-fous ont été prévus. Un comité parlementaire supervisera les opérations, tandis qu’un contrôle judiciaire portera sur les investigations intrusives. La transparence sera assurée par la publication régulière de rapports publics, équilibrant efficacité et respect des droits fondamentaux.
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