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Lutte contre le bullying et la violence à l'école : un plan d’action en préparation 

Pour la ministre Dookun-Luchoomun, « le renvoi des élèves n’est pas une solution ».

Dans sa quête de lutter contre le bullying et la violence en milieu scolaire, le ministère de l’Éducation se penche sur des stratégies pour venir en aide aux éducateurs et responsables des écoles. Toutefois, il leur incombe de trouver des solutions au quotidien pour gérer les cas qui se produisent. 

Les cas de bullying et de violence en milieu scolaire sont récurrents. Dans certains cas, les victimes ne souhaitent plus se rendre en classe. Les parents ont alors recours à une demande de transfert qui parfois n’est pas possible. Afin de rendre le milieu scolaire plus agréable et sécurisé, le ministère de l’Éducation se penche sur des recommandations des recteurs qui étaient réunis en atelier de travail à la fin du mois de mai dernier. 

Les responsables des collèges public et privé que nous avons rencontrés souhaitent que des décisions précises soient prises pour les aider à gérer des situations parfois tendues au quotidien.

Barlen, enseignant dans un collège de la capitale, explique : « La violence existe dans toutes les écoles. Certains cas nous sont rapportés, mais beaucoup ne le sont pas. Nous devons donc rester vigilants pour les détecter, ce qui n’est pas évident, car nous devons également nous concentrer sur l'enseignement. »

Pour la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, « le renvoi des élèves n’est pas une solution. » Elle intervenait lors d’un atelier de travail avec les recteurs au Caudan Arts Centre. « Par le passé, le renvoi des enfants était une mesure courante, mais aujourd’hui, nous ne pouvons plus considérer une telle mesure comme une solution aux problèmes auxquels nous sommes confrontés. Un accompagnement est nécessaire ; le renvoi n’est pas une solution. Nous devons aller à la racine du problème… », dira-t-elle. 

À Maurice, le bullying est considéré comme une infraction en vertu de la Children’s Act (2020), Clause 26. Les formes d'intimidation peuvent être physiques, verbales, psychologiques (socio-émotionnelles), sexuelles et cyberbullying. 

Selon la loi : « Any behaviour which is repetitive, persistent, intentionally harmful; or involves an imbalance of power between the victimiser and the child and causes feelings of distress, fear, loneliness or lack of confidence in the child. And which results in serious physical or psychological harm to the child, disability of the child or death of the child. » (Children Act 2020).

Robin Ramen, Section Leader au New Eton College, souligne que le bullying a un impact sur les élèves, qu’ils soient des victimes, des agresseurs, des témoins de la scène ou encore ceux qui viennent au secours des victimes. C’est ainsi, qu’il faut, selon lui, adopter une approche globale au niveau de l’école. « Le bullying existe et nous ne pouvons pas nous voiler la face. Nous devons apporter notre aide avec un leadership efficace, un environnement scolaire sûr et favorable. La prévention est importante et nous devons le faire en partenariat avec les parents et les autorités pour un suivi aussi à l’extérieur de l'école », est-il d’avis.

Il est aussi important, selon Robin Ramen, d’établir un mécanisme de signalement sûr, adapté aux enfants, qui soit confidentiel, permettant aux victimes et aux témoins de signaler le cas sans problème. 

Protocole

Parmi les points discutés entre professionnels de l’Éducation, il incombe d’établir un protocole à suivre à chaque fois qu'un cas est signalé. Il est aussi important de mettre en place un système de conseil sûr, adapté aux enfants, respectant la confidentialité, et apportant du soutien pour les victimes, les agresseurs et les témoins.

Dans la gestion des différents cas, il est essentiel de mettre à jour et de maintenir une base de données de tous les incidents. Il est primordial d’encourager les élèves à parler des cas de bullying à un adulte en qui ils ont confiance. Les recteurs soulignent que les parents doivent être partie prenante de tout effort qui se fait à ce niveau. 

Michel, recteur d’un collège à Curepipe, ajoute qu’il est aussi important de venir en aide aux agresseurs et prévenir les récidives. Parmi les techniques de résolution, il soutient qu’il faut développer l'empathie chez l'agresseur ; clarifier que le comportement est inacceptable ; travailler autour de l'incident en classe et en groupes et mettre l’accent sur les conseils individuellement et en groupe. 

Situation dans les collèges 

Les recteurs soulignent que, dépendant des situations, les cas peuvent être difficiles à gérer, surtout lorsqu’il s’agit de cyberbullying. Cependant, certains d’entre eux affirment qu’ils font face à un manque de personnel. 

Pour sa part, Harrish Reedoy, président de la United Deputy Rectors and Rectors Union (UDRRU), reconnaît cet état de choses et souligne : « Il existe de nombreux collèges avec un manque de personnel administratif : recteur adjoint, Senior Educator, School Clerk et autres. Très peu d’établissements sont complets en termes de personnel et cela augmente certainement la charge de travail des recteurs et la rende certainement ingérable. Le ministère devrait donner la priorité à ces recrutements ».

Au niveau des cas de bullying dans les collèges publics, Harrish Reedoy souligne que le harcèlement est un problème omniprésent qui continue de sévir, posant des défis importants au bien-être et à la réussite scolaire des élèves. « Il est impératif de répondre à cette préoccupation urgente par le biais de stratégies globales visant la prévention et l’intervention. La nature du harcèlement dans les collèges publics mauriciens englobe diverses formes, notamment le harcèlement physique, verbal, social et le cyberharcèlement. Les agressions physiques, comme frapper ou bousculer, coexistent souvent avec le harcèlement verbal, comme les injures ou la propagation de rumeurs, créant ainsi un environnement hostile pour les victimes. Aussi, l’exclusion sociale et la cyberintimidation via les plateformes numériques exacerbent le problème, amplifiant la détresse vécue par les étudiants », soutient le responsable.

Il est impératif, selon lui, de trouver des solutions, car les causes profondes doivent être reconnues et traitées pour apporter des changements significatifs. Le président de l’UDRRU ajoute : « Les problèmes sociaux, la pression des pairs et le manque d'empathie contribuent à perpétuer la dynamique d'intimidation. Une supervision inadéquate et une application incohérente des mesures disciplinaires exacerbent aussi le problème, permettant au bullying de persister en milieu scolaire. »

Impact sur les élèves 

Selon le président, l’impact du bullying sur les élèves est profond et de grande envergure, allant au-delà de la détresse émotionnelle immédiate pour englober les conséquences à long terme. « Les victimes connaissent souvent une régression dans leurs résultats scolaires, une anxiété accrue, une dépression et, dans les cas graves, poussant vers le suicide. De tels effets néfastes soulignent l’urgence de mettre en œuvre des mesures préventives et de fournir un soutien aux personnes touchées. »

Harrish Reedoy estime que pour lutter efficacement contre le harcèlement, des interventions proactives doivent être mises en œuvre à différents niveaux. Il cite quelques des mesures qui peuvent être mises en œuvre : 

Des politiques globales de lutte contre le harcèlement, décrivant clairement les conséquences pour les auteurs, ont un effet dissuasif et fournissent un cadre pour gérer les incidents. De plus, la promotion d’une culture de respect, d’empathie et d’inclusion par le biais de campagnes de sensibilisation et de programmes de soutien par les pairs favorise un comportement positif et réduit la prévalence de l’intimidation.

Une supervision et un suivi accrus dans les zones où le harcèlement est fréquent, associés à des mécanismes de signalement robustes, facilitent une intervention précoce et un soutien aux victimes. Les services de conseil, les groupes de soutien par les pairs et les pratiques de justice réparatrice offrent des ressources essentielles aux personnes touchées par l'intimidation, favorisant la guérison et la résilience au sein de la communauté scolaire.

Les efforts de collaboration sont essentiels pour lutter contre la nature multiforme du harcèlement. Les écoles, les agences gouvernementales, les organisations à but non lucratif et les acteurs communautaires doivent travailler ensemble pour mettre en œuvre des interventions fondées sur des preuves et maintenir l'élan dans la lutte contre l'intimidation. En favorisant les partenariats et en tirant parti de l’expertise collective, un front uni peut être établi contre ce problème omniprésent.

Harrish Reedoy souligne que lutter contre le bullying dans les collèges nécessite une approche holistique qui s’attaque aux causes profondes. Il faut mettre en œuvre des mesures préventives et apporter un soutien aux victimes. « En tant que défenseurs du bien-être et de la réussite scolaire des étudiants, il incombe aux responsables de l’Éducation de donner la priorité à la création d’environnements sûrs et inclusifs où tous les étudiants peuvent s’épanouir sans peur ni intimidation. Grâce à des efforts concertés et à un engagement sans faille, nous pouvons apporter des changements positifs et bâtir un avenir meilleur pour les générations à venir », conclut-il.

 

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