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Lutte contre la cybercriminalité - Revenge Porn : les États-Unis légifèrent, Maurice dévoile 36 cas en quatre ans 

Ceux qui tentent de faire chanter leurs partenaires sont surtout les jeunes.

Alors que le président américain Donald Trump vient de promulguer une loi historique criminalisant le « revenge porn » et les faux nus créés par l’intelligence artificielle, Maurice dévoile des chiffres préoccupants. La Cybercrime Unit recense 36 cas de « revenge porn » et de sextorsion depuis 2021 jusqu’à avril 2025, révélant une progression constante qui touche principalement les jeunes et les femmes actifs sur les réseaux sociaux. 

Le 20 mai 2025, le président des États-Unis Donald Trump a promulgué la « Take It Down Act », première loi fédérale criminalisant le partage sans consentement d’images pornographiques réelles ou créées par intelligence artificielle. Cette législation historique, soutenue par la Première dame Melania Trump, prévoit jusqu’à trois ans de prison pour les contrevenants et impose aux réseaux sociaux de retirer ces contenus sous 48 heures. Une question surgit : à quand le tour de Maurice ? 

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Cette problématique préoccupante touche également l’île. Les dernières statistiques de la Cybercrime Unit des Casernes centrales révèlent une augmentation constante des cas de « revenge porn » et de sextorsion. Selon le Crime Records Office de la Mauritius Police Force, sept cas en 2021, cinq en 2022, neuf en 2023, dix cas en 2024 et déjà cinq cas enregistrés depuis le début de l’année 2025 jusqu’en avril. Ce qui fait un total de 36 cas officiellement recensés sur cette période de quatre ans et quatre mois. 

Victimes silencieuses, prédateurs organisés 

« Beaucoup de ces victimes sont des personnes vulnérables actives sur les réseaux sociaux, Facebook, TikTok et autres plateformes comme Telegram. Elles se laissent influencer par les mauvaises personnes. Elles sont piégées et font face à des chantages », explique un enquêteur de carrière. 

La sextorsion, forme d’extorsion où l’agresseur menace de divulguer des images ou vidéos à caractère intime, prend plusieurs formes selon les autorités : publication de vidéos intimes par un ex-partenaire pour « se venger », menaces de publication pour obtenir des faveurs ou de l’argent, ou encore piratage de téléphones pour diffuser des contenus privés. 

« La honte et la peur de l’exposition publique empêchent parfois les victimes de signaler ces actes, ce qui renforce l’impunité des auteurs », fait ressortir un agent de la Cybercrime Unit. La police encourage les victimes de cybercrimes à signaler les incidents en déposant une plainte auprès du poste le plus proche de leur localité. Cela permettra l’ouverture d’une enquête dans les meilleurs délais. 

Profil des criminels 

Du côté des auteurs, le profil s’est diversifié. « Les auteurs sont aussi jeunes pour beaucoup de cas, mais il y a aussi qui sont dans le ‘middle age’ ayant une connaissance des outils informatiques. Ils savent comment attirer une proie et ensuite commencer à faire pression sur leurs victimes. Ils usent de tout, l’argent et la religion par exemple, pour arriver à leurs fins. Ils sont dangereux et il y en a aussi beaucoup qui sévissent depuis l’étranger », précise l’officier. 

L’exemple américain illustre la prise de conscience internationale face à ce fléau. La nouvelle loi fédérale répond à des cas dramatiques, comme celui d’une adolescente texane qui avait découvert fin 2023 des montages hyperréalistes (« deepfakes ») à caractère sexuel d’elle et de plusieurs camarades, fabriqués par un élève de son collège. « J’ai désormais une arme légale à ma disposition pour défendre ma fille », s’est réjoui auprès de l’AFP Dorota Mani, mère d’une jeune victime, saluant une législation « très puissante ». 

Particulièrement mobilisée sur ce dossier, la Première dame des États-Unis, Melania Trump, s’est félicitée de la promulgation de cette loi : « Cette législation constitue une étape décisive dans nos efforts pour garantir que chaque Américain, en particulier les jeunes, puisse se sentir mieux protégé contre les atteintes à leur image. » 

À Maurice, malgré un arsenal juridique existant avec la Cybersecurity and Cybercrime Act 2021, l’Information, Communication and Technologies Act 2001 et la Data Protection Act 2017, les autorités peinent à endiguer le phénomène. La dimension transfrontalière de ces crimes et le silence des victimes compliquent les enquêtes. 

Face à cette situation, Maurice préconise plusieurs mesures : une sensibilisation accrue, surtout chez les jeunes, le renforcement des infrastructures de cybersécurité pour les entreprises, une formation spécialisée des agents de police avec des investissements dans des outils d’investigation avancés, et une coopération internationale renforcée pour lutter contre les réseaux transfrontaliers. 

La sextorsion : un phénomène aux multiples visages 

La sextorsion est une forme d’extorsion où l’agresseur menace de divulguer des images ou vidéos à caractère intime, obtenues parfois à l’insu de la victime ou sous de faux prétextes. En échange du silence, l’auteur exige de l’argent ou des faveurs sexuelles. Cette pratique prend de plus en plus d’ampleur à travers le pays, notamment à travers le « revenge porn ». Elle existe sous plusieurs formes : 

  • Un ex-partenaire qui publie une vidéo intime pour « se venger » 
  • Une personne qui menace de publier des images si l’autre refuse de revenir avec elle ou de céder à des demandes (sextorsion) 
  • Un inconnu qui pirate un téléphone pour ensuite diffuser des contenus privés 

Il y a aussi d’autres formes de délits liés à la cybercriminalité. Dans certains cas de menaces de diffamation, par exemple, les cybercriminels menacent de publier de fausses informations ou de manipuler des données personnelles dans le but de nuire à la réputation d’une personne. Ces menaces sont utilisées comme levier pour obtenir de l’argent ou des services non désirés (plus souvent par voie numérique, à travers des réseaux sociaux tels que Facebook, Instagram et TikTok).

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