Les enjeux d’une rentrée scolaire inédite

C’est la première fois que les élèves aborderont le troisième trimestre en janvier, soit du 7 janvier au 26 mars 2021, alors qu’en temps normal, les élèves commencent leur premier trimestre en cette période de l’année. Les enjeux sont multiples, selon des acteurs du secteur, car les élèves devront donner le tout pour le tout avec les examens qui approchent à grands pas. C’est cela qui déterminera si les élèves pourront être promus dans une classe supérieure ou pas. 

Trimestre court 

Deepak Bhaghirattee, le vice-président de la Government Teachers’ Union (GTU), soutient qu’après plus de quatre semaines passées à la maison, les élèves auront besoin d’une période d’adaptation avant que les choses sérieuses ne débutent la semaine prochaine. « Ce troisième trimestre est assez court, avec les examens qui débutent pour les petites classes dès la fin de février. Si on prend en compte les week-ends, les jours fériés et les jours où il n’y aura pas de classes à cause du mauvais temps, il reste peu de temps pour que le cursus scolaire soit complété et qu’on passe aux révisions », explique l’intervenant. 

Le vice-président de la GTU avance que pendant le deuxième trimestre, de nombreux enseignants en ont profité pour faire le maximum afin que le troisième soit consacré aux révisions. « Le temps est vraiment limité. Les parents doivent s’assurer que leurs enfants ne s’absentent pas de l’école pour des raisons banales. C’est un trimestre sérieux. Si un enfant manque l’école pendant trois jours, l’enseignant va accorder une attention particulière à l’enfant. Sauf qu’on ne pourra rattraper trois jours de classe en une heure surtout si c’est un élève moyen », estime Deepak Bhaghirattee.

95 % du cursus complété…

Vishal Baujeet, enseignant de Grade 5, affirme aussi que la majorité des enseignants ont fait le maximum pendant les cinq mois du deuxième trimestre. « Cette rentrée sera consacrée aux révisions car on a complété le cursus à hauteur de 95 %. C’est cela la nouvelle normalité. On doit pouvoir s’adapter à ce nouveau calendrier. Une fois dans le bain, les choses seront plus faciles », dit-il. Il conseille aux élèves de ne pas perdre du temps. Surtout ceux en Grade 5 avec les ‘Modular Assessment’ sont derrière la porte ainsi que ceux en Grade 6 avec les examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC) qui auront lieu en mars. « Les parents, qui d’habitude font pression sur les enfants, doivent les préparer car c’est la première fois que les ‘final exams’ se tiendront en début d’année. Il faut bien les préparer », lance Vishal Baujeet. 

Urgence 

Basheer Taleb, président de la Fédération des Managers des Collèges Privés, souligne, pour sa part, que le troisième trimestre est le plus important du cursus scolaire. Selon lui, l’heure est grave. « Certains enfants ne réalisent pas l’urgence de la situation. Ils doivent pouvoir rattraper le maximum possible. Ils doivent commencer leurs révisions tôt afin de ne pas être pris au dépourvu », conseille-t-il.

Selon Basheer Taleb, les élèves doivent s’appliquer dans leurs études s’ils veulent réussir pour passer dans une autre classe. Un travail systématique est de rigueur. « Je comprends qu’il y a eu un laisser-aller avec les chamboulements. On a vu aussi que les résultats du deuxième trimestre ne sont pas très bons dans certains cas. Avec l’aide des enseignants, les élèves doivent pouvoir déterminer leurs faiblesses et travailler dessus pendant les premières semaines du troisième trimestre », ajoute-t-il.

Enfants pas prêts

Sylvette Paris-Davy, directrice de l’École de Puériculture de Bethléem, indique que la rentrée se fait avec empathie et bienveillance. Cependant, elle se fait du souci pour ses petits élèves qui n’auront pas encore complété le programme scolaire, mais qui devront aller en primaire dès la rentrée prochaine. « Des enfants de cinq ans révolus du 1er janvier au 31 mai devront intégrer le primaire. Sauf qu’en trois mois, nous ne pourrons pas compléter le cursus étalé sur deux ans. Ces enfants n’auront pas les acquis fondamentaux », dit-elle, tout en espérant qu’une fois en primaire, il y aura un travail de base qui sera fait avec ces enfants. Surtout que chaque enfant a son propre rythme de développement. « J’espère que ceux qui ne sont pas prêts pour le primaire auront une attention particulière par l’éducation nationale pour leur donner la chance de s’épanouir », affirme Sylvette Paris-Davy.

Enfants cobayes 

Soondress Sawmynaden, ancien recteur et ancien président de l’Association des Recteurs et Assistants-Recteurs des Collèges d’État, estime qu’il y aura une baisse dans la performance. « Je suis surtout inquiet pour les enfants de Grade 9 qui devront prendre part au National Certificate in Education. Avec les critères imposés, dont celui de réussir en anglais, en français et en mathématiques, je pense que ce sera assez difficile. Beaucoup d’étudiants ne seront pas promus en Grade 10 si on prend en compte les résultats du deuxième trimestre », dit-il.

Pour rappel, cette évaluation, donnera le droit aux élèves de rester dans leurs collèges respectifs ou d’accéder à un centre du Mauritius Institute of Training and Développement (MITD), soit une admission dans une des 12 académies opérationnelles à la rentrée prochaine. Il est d’avis que le système actuel doit être revu. « Il y a beaucoup de choses à revoir. On ne peut utiliser nos enfants comme des cobayes, car il y va de leur avenir. Il faut un système où les enfants ne soient pas pénalisés quand il y a des chamboulements », dit Soondress Sawmynaden.

Des vidéos déjà préparées par le MIE

Souvent pendant les mois de janvier à mars, la scolarité des enfants est chamboulée par les aléas de la nature, dont les pluies torrentielles et les cyclones. Afin que les enfants ne soient pas pénalisés en cas de congés forcés pendant ce troisième trimestre, le Mauritius Institute of Education (MIE) a pris les devants. Avec la collaboration d’enseignants et autres acteurs concernés, des vidéos pédagogiques des Grade 1 à 9 ont été enregistrées. « Il y a des vidéos déjà prêtes qui seront utilisées si le besoin se fait sentir », expliquent Vishal Baujeet et Deepak  Bhaghirattee.

Par ailleurs, des enseignant ont aussi eu des formations pour l’utilisation des différentes plateformes afin d’être en contact avec leurs élèves et assurer des cours en ligne.