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L’éducation tertiaire passée à la loupe

La qualité de nos universités a été au centre des débats dans l’émission ‘Au cœur de l’info’. Les invités de Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul étaient Dhanjay Jhurry, vice-Chancelier de l’université de Maurice, le professeur Surendra Bissoondoyal, président de la Tertiary Education Commission (TEC), et Joël Toussaint, auteur d’un mémoire sur le système éducatif mauricien.

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Au début de l’émission, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, est intervenu par téléphone pour décrier le niveau de nos universités. Il considère « qu’elles sont parmi les pires en Afrique ». Il estime que la véritable réforme éducative doit intervenir au niveau des universités publiques et des centres de formation, afin d’absorber le chômage des jeunes, qui tourne autour de 20 %.

Xavier-Luc Duval réclame une étude sur la formation des jeunes, afin de leur permettre de trouver de l’emploi. Il insiste pour que soit revu le budget de l’université de Maurice, qui perçoit Rs 600 millions du gouvernement, contre Rs 28 millions pour l’University of Technology of Mauritius (UTM).

« Lorsque j’étais ministre des Finances, j’avais proposé des mesures pour rehausser le niveau de l’éducation tertiaire, mais j’ai fait face à certaines résistances. » Il cite le recrutement d’une trentaine de lecturers étrangers pour animer des stages de formation et créer une interaction avec leurs pairs mauriciens. Il dit avoir suggéré plus d’interactions entre le secteur privé et les universités.

Citant le classement de nos universités au niveau international, le leader de l’opposition déplore « le recul de l’UTM et de l’Université des Mascareignes ». Il suggère une étude pour déterminer le temps que prennent les étudiants diplômés de l’université pour obtenir un emploi et laquelle de nos universités prépare le mieux ses étudiants à intégrer le monde du travail. « De telles études sont menées ailleurs », insiste-t-il.

«Tout à revoir»

Xavier-Luc Duval a félicité la TEC pour la qualité de son rapport sur l’UTM et estime qu’il y a une lueur d’espoir. « Tout le secteur tertiaire est à revoir, même l’UoM, qui ne peut se contenter d’occuper la 60e place en Afrique. »

Réfutant le leader de l’opposition, le président de la TEC explique que les organisations suivent certains critères pour établir leur classement. « Certaines se limitent principalement aux travaux de recherches des universités. Or, pour le moment, la recherche n’est pas l’un des atouts de Maurice. »

Il a évoqué les changements à venir dans le secteur tertiaire : création d’une Higher Education Commission (qui remplacera la TEC) et de la Quality Assurance Authority, qui fera l’audit du secteur tertiaire.

Le vice-chancelier de l’UoM, Dhanjay Jhurry, annonce qu’il travaille sur une stratégie pour que cette institution figure parmi les meilleures en Afrique. Comme le professeur Bissoondoyal, il précise qu’il existe divers classements. Il soutient que les cours offerts à l’UoM sont de haute facture et qu’ils sont sanctionnés par des examens menés par des organismes externes. « Nous dépensons Rs 10 millions par an pour l’item external examination », dit-il.

« Nous envisageons de faire venir une douzaine de professeurs et chercheurs de haut calibre à Maurice pour aider au développement de nouveaux programmes, animer des cours et participer au développement de la recherche », explique Dhanjay Jhurry. Parallèlement, l’UoM fait appel à des experts dans des secteurs clés : la santé, les énergies renouvelables, l’agriculture, les ressources marines et l’informatique. Il évoque enfin la mise sur pied d’un University Industry Liaison Office, qui sera un one-stop-shop pour une meilleure collaboration entre l’université et le secteur industriel.

Importance de la recherche

« Nous nous orienterons vers la recherche et l’entrepreneuriat, pour que Maurice devienne un pays à revenus élevés. Seule la recherche nous permettra de passer ce cap », affirme-t-il.  

Joël Toussaint, lui, explique que les Mauriciens investissent gros dans l’éducation. « Le problème de notre système éducatif est qu’on n’arrive pas à différencier entre une démarche pédagogique et un projet éducatif. Tout est faussé depuis le cycle primaire », assure-t-il. « Le projet éducatif est essentiellement politique et le projet pédagogique purement administratif. Si on mène un projet éducatif à partir d’une politique progressiste, on a une mobilité sociale. Si l’on fait un projet éducatif avec une politique conservatrice, on a la reproduction sociale. Les politiques n’arriveront jamais à définir un projet éducatif », dit-il.

Ex-chargée de cours à l’UoM, Anita Ramgutty-Wong estime qu’il est difficile de comparer l’université de Maurice avec les institutions étrangères. Pour elle, il importe de savoir ce qu’on attend du secteur tertiaire. Elle souhaite que tous se concertent pour trouver des réponses aux problèmes liés à la qualité de l’enseignement, au travail des jeunes et à la bonne gouvernance.

Kiran Bhujun, directeur de la TEC, explique que la qualité d’un rapport n’est pas tributaire du nombre de recommandations qui y sont faites : « Il faut un rapport d’audit externe pour voir si les procédures, les stratégies mises en place vont dans la bonne direction et comment améliorer le système. »

Lors de son intervention, le président de l’Union des étudiants de l’université de Maurice a, lui, réitéré ses critiques contre la direction de l’université.

 

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