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Leçons de conduite : une arnaque qui roule

Photo d'illustration

Des moniteurs d’auto-écoles se font des dizaines de milliers de roupies par mois grâce aux aspirants-conducteurs. Outre les frais des cours « souvent non-proportionnés à la durée », les apprenants « qui ne sont pas encore prêts à prendre le volant » doivent impérativement passer un examen. En retour, les moniteurs touchent entre Rs 1 500 et Rs 2 000 pour la rétention de la voiture sans compter Rs 500 additionnelles pour l’assurance.

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C’est une arnaque qui se joue au grand jour au vu et au su des moniteurs, voire des policiers de la Traffic Branch. Cela, depuis une bonne vingtaine d’années, selon des policiers chargés d’évaluer les candidats. Une poignée de moniteurs surévaluent leurs sessions de conduite. Chacun fixe son montant. Des recoupements indiquent que le montant minimal réclamé est de « Rs 200 pour 30 minutes ». « Me bien tigit moniter travay lor sa pri la  », précisent nos intervenants. Le montant moyen est donc de Rs 250 à Rs 350 pour une session de 30 minutes d’apprentissage. D’autres moniteurs imposent entre Rs 400 et Rs 500 par session. Cela, indépendamment de la région où ils sont basés. 

« Le montant réclamé ne reflète pas la durée des cours. Le candidat s’attend à des sessions d’une trentaine de minutes, mais des moniteurs ne respectent pas ce laps de temps. Ils ont tendance à ramener la session à une vingtaine ou encore à une quinzaine de minutes », ajoutent des moniteurs sous le couvert de l’anonymat. L’un des prétextes qu’ils utilisent souvent : « Ou finn ase aprann pou zordi la. Pa kapave kondir boukou sinon ou pa pou kapte saki oun aprann ».

Rs 40 000 par mois

Les règlements de la Traffic Branch sont clairs : les moniteurs sont autorisés à céder leurs voitures pour le déroulement de quatre examens par jour. Chaque instructeur fixe le montant réclamé aux candidats pour l’utilisation de la voiture, ainsi que pour les frais de l’assurance du véhicule. C’est la raison pour laquelle Le Défi Plus n’a pas été en mesure d’obtenir des chiffres précis quant au montant que ces moniteurs brassent en prodiguant des cours de conduite. Quelques-uns, rencontrés aux Casernes centrales lors des examens, se sont montrés réticents à dévoiler leurs chiffres d’affaires, malgré le fait que nous nous sommes fait passer pour un aspirant-conducteur. Ils se sont contentés de dévoiler le montant et les jours de cours.

Seul Steven Samoo de Sam Auto-École, a voulu révéler un montant approximatif. « Les nouvelles restrictions imposées par la Traffic Branch nous ont poussés à revoir nos cours à la baisse. Je travaille de lundi à samedi et parfois le dimanche. Mes cours, d’une durée de 30 minutes, coûtent Rs 300 par personne. En considérant le nombre d’apprenants (bien souvent ils sont huit) et en déduisant les frais de maintenance et d’essence, je perçois un montant minimal de Rs 30 000 à Rs 40 000 par mois », explique le moniteur. 

Autre point noir : le fait que certains moniteurs envoient les candidats aux examens tout en sachant pertinemment qu’ils «ne sont pas prêts » à prendre le volant. « Un examen est prévu trois ou quatre mois suivant la prise du rendez-vous à la Traffic Branch. Mais tous les apprenants n’ont pas les mêmes capacités à assimiler les bases de conduite en même temps. Des moniteurs ont tendance à envoyer les candidats aux examens de conduite tout en sachant que l’aspirant-conducteur n’est pas prêt. Il sait qu’il va échouer ou peut paniquer et provoquer un accident », expliquent nos sources. 

Pour eux, l’important, c’est l’argent perçu lorsque leur «élève» prend part aux examens. Selon des recoupements, cette somme qui oscille entre Rs 1 500 et Rs 2 000, équivaut aux deux ou trois heures pendant lesquelles la voiture est occupée par le candidat pour l’examen. « Des moniteurs attitrés, mais  'money-minded', ont tendance à extorquer une somme additionnelle de Rs 500, voire plus, aux candidats en prétextant que ce montant est destiné aux frais d’assurance. Mais, c’est de l’extorsion, car l’auto-école a une couverture tous risques », précisent des moniteurs.


Manoj Rajcoomar, de la Driving School and Instructors Federation : «Certains moniteurs agissent comme des escrocs»

Le secrétaire de la Driving School and Instructors Federation (DSIF), Manoj Rajcoomar, confirme que « l’escroquerie se déroule au niveau de la formation et lors des examens ». Il souligne ensuite que des « moniteurs ont tendance à vendre des rêves à leurs candidats ». « Le secteur génère beaucoup d’argent, car chaque moniteur impose ses propres frais et conditions. Cette profession a également sa face cachée. Certains moniteurs agissent comme des escrocs. Ils proposent aux apprenants de prendre part aux examens tout en sachant que le candidat n’est pas prêt. L’argument mis en avant par les moniteurs est le fait que le candidat aura une certaine expérience des examens », avance Manoj Rajcoomar.  Il confirme également que le montant perçu par les instructeurs lors des examens est excessif et fait ressortir que « le montant additionnel réclamé pour les frais d’assurances de l’auto-école n’est rien d’autre que du vol ». Il demande aux candidats de rapporter les moniteurs qui agissent ainsi auprès de l’association. Selon le secrétaire de la DSIF, les prix des sessions de conduite débutent à partir de Rs 250 pour les voitures manuelles. Pour les véhicules automatiques, le montant réclamé pour 30 minutes d’apprentissage varie de Rs 400 à Rs 600. 

Mais, dans la réalité, les cours d’une demi-heure sont bien souvent ramenés à 15 ou 20 minutes, dit-il.

 

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