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Le passage obligatoire par les moto-écoles fait crisser les dents

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Bientôt, il sera obligatoire de passer par une moto-école pour obtenir son permis de motocyclette. Ainsi en a décidé le ministère des Infrastructures publiques. Cette décision ne fait cependant pas l'unanimité.

Si vous souhaitez obtenir votre permis de motocyclette, il vous faudra désormais obligatoirement retenir les services d’une moto-école. Une réglementation en ce sens sera bientôt promulguée. C’est ce qu’a déclaré au Défi Plus un haut cadre du ministère des Infrastructures publiques. Deux catégories de motocyclistes sont concernées : il y a d’une part ceux qui possèdent un Learner d’avant-mars 2018. Leur nombre est estimé à environ
140 000. Et, d’autre part, il y a ceux qui ont formulé une demande pour l’obtention d’un permis après le 1er mars 2018, dont le nombre se chiffre à environ un millier.

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Deeraj Heeraman, directeur de l’Advance Institute of Motoring

Avec la promulgation de ce règlement, un logbook sera par la même occasion introduit. Seules les moto-écoles pourront se délivrer. Et c’est uniquement sur la présentation de ce logbook aux Casernes centrales qu’un aspirant-motocycliste pourra prétendre aux examens. « Chaque élève aura un logbook qui va enregistrer sa progression sur chaque étape. C’est un moniteur qui aura la responsabilité de le remplir et devra cocher les cases, représentant chacune des étapes réussies par l’élève et inscrire le nombre d’heures effectuées par l’élève pour la partie théorie et pratique – en piste et sur la route », explique ce haut cadre du ministère.

Toutefois, déjà, des voix s’élèvent. Certains considèrent qu’il s’agit d’un moyen pour le gouvernement de forcer les aspirants-motocyclistes à se tourner vers les moto-écoles. Parmi, des moniteurs qui n’ont pu décrocher un job dans l’un des deux centres opérationnels. « Gouvernma pe fer sa parski bann moto-écoles pa pe gagne zelevs. Zott in fer complainte ek ministère. Aster si dimoune boude ban moto-écoles, li pou couma dire enn aveux d’échec pou gouvernement parski so proze sa motolecol la. Li ena tou l’intere ki sa marse », soutient notre interlocuteur qui a requis l’anonymat. Celui-ci estime que le gouvernement a tort d’obliger les aspirants-motocyclistes à se tourner vers les moto-écoles. « Mem pou loto na pa oblige ou pou suivre cour ek auto-école. Ena aspirant sofer, zott proche montre zot, après zot pren zot loto mem zot ale fer test », soutient ce moniteur.

La moto-école « pas obligatoire »

Ce qui nous amène à demander : est-ce que le recours à une moto-école est indispensable ? « Non », à en croire Jean Gervais Paulin, ancien inspecteur de police qui a passé presque la moitié de sa carrière au sein de la Traffic Branch de la Very Important Person Supporting Unit (VIPSU). Celui-ci considère que le recours à une moto-école n’est pas obligatoire. « Il y a un manuel, très explicatif, qui est en vente sur le marché. Ce manuel explique les différentes étapes de l’examen. Le moment où une personne a fait une demande, elle dispose d’environ trois mois avant d’être appelée pour l’examen. Elle peut tout à fait se fier à ce manuel, pratiquer les différentes étapes d’elle-même pour ensuite prendre part à l’examen », soutient Jean Gervais Paulin qui souligne les nombreux cas où des personnes apprennent en ligne, sur Internet et qui réussissent. De plus, Jean Gervais Paulin est d’avis que passer par une moto-école ne fait pas forcément d’une personne un bon motocycliste. « Ceki ale lecol, c’est zis pou pass test. Mais ca pas forcément fer ou vine enn bon motocycliste », souligne notre interlocuteur qui est d’avis qu’il faut mettre davantage l’accent sur la conduite défensive.

Patrick Magly
Patrick Magly, moniteur à l’AIM.

L’ancien inspecteur de police concède, toutefois, que l’élève qui va apprendre à travers le manuel doit avoir, au préalable, une certaine notion de la conduite à moto. « Mais pour ceux qui vont enfourcher une motocyclette pour la première fois ou encore ceux qui prennent plus de temps pour assimiler, il est préférable qu’ils se tournent vers une moto-école », avance-t-il.

Contrairement à l’ex-Rider de la VIPSU, Deeraj Heeraman, directeur de l’Advance Institute of Motoring (AIM), justifie le recours à une moto-école qui, selon lui, a toute son importance. « N’importe qui peut se procurer une motocyclette de nos jours. Mais avons-nous l’éducation nécessaire pour la manier ? Non ! De plus, dans le passé, il n’y avait pas autant de véhicules sur nos routes, désormais la circulation est dense. Les gens n’ont pas été formés pour cela », affirme le directeur de l’AIM. Deeraj Heeraman concède toutefois que les moto-écoles ne pourront faire des miracles. « Cela prendra du temps avant que cette éducation ne porte ses fruits. Mais, au moins, ceux formés seraient mieux équipés à prendre la route », soutient-il.

Patrick Magly, moniteur à l’AIM, abonde dans le même sens. « L’objectif est de leur doter de techniques de base afin qu’ils puissent manœuvrer sur les routes. De plus, nombreux sont ceux qui paniquent à la vue des cônes. Les formations dispensées visent aussi, d’une part, à rendre l’élève plus à l’aise et plus confiant lorsqu’il va prendre l’examen, mais aussi à perdre ses mauvaises habitudes », dit-il. Idem pour un haut cadre de la Traffic Branch, qui pense que les moto-écoles ont toute leur importance. « Ou pan tander comier pe fail ? Lor 100 zelev kine vine fer test, zis enn dizaine in passé. Ladan, la majorité sorti depi dan lécol. Ou trouve la ! » tente-t-on de justifier aux Casernes centrales.

Tarifs exorbitants

Autre sujet de discorde : les tarifs pratiqués par les moto-écoles. À l’AIM, par exemple, il faut compter entre Rs 3 100 et Rs 3 500 pour l’examen « part 1 » qui comprend l’évaluation du motocycliste sur piste et environ Rs 2 000 pour l’examen « part 2 » qui évalue son aptitude sur la route. Pour une personne qui a fait une demande pour un Learner, le montant peut grimper jusqu’à Rs 9 500, comprenant 16 heures de théorie. Or, un moniteur au chômage soutient que la même formation peut être dispensée à moindre coût. « Dans Rs 5 000 nou capav fer tou, incluant la partie théorique. C'est-à-dire deux fois moins qui ou pou ale payer dans enn moto-école. Mais zott pas laiss nou travay. Zott oblige nou travay dan enn moto-école. Be fodrer banla pren nou ! » martèle-t-il.

Un fait que nous a confirmé un préposé du ministère des Infrastructures publiques. Seuls ceux qui travaillent dans une moto-école peuvent dispenser des cours. « Deux problèmes ont surgi depuis la mise en place des moto-écoles. D’abord, nous avions eu vent que des moniteurs au chômage dispensaient des cours au noir. Aussi, certains moniteurs qui travaillent déjà au sein d’une moto-école encourageaient les étudiants à retenir leurs services ‘en dehors’ au lieu d’avoir recours aux moto-écoles. Nous leur avons clairement fait comprendre qu’ils n’ont pas le droit de le faire, au risque de voir leur licence être suspendue», souligne notre interlocuteur. Autre raison avancée pour qu’ils n’exercent pas au noir : les moniteurs ont été formés aux frais de l’État. « They have been trained by the Government », ajoute-t-il.

Deux nouvelles moto-écoles bientôt opérationnelles

Depuis mars 2018, deux moto-écoles sont opérationnelles : l’Advance Institute of Motoring (AIM), une filiale du groupe Rose-Hill Transport, dont le siège se trouve à Rose-Hill et Ark Driving School, sise à Brisée Verdière. Selon une source autorisée du ministère des Infrastructures publiques, deux moto-écoles additionnelles seront bientôt opérationnelles. « Lors d’un exercice de Request for Proposal lancé par la police, nombreux sont ceux qui se sont montrés intéressés. Cependant, seulement huit d’entre eux avaient été retenus. Ceux choisis doivent satisfaire les différents critères imposés pour la mise en opération de la moto-école, que ce soit pour la partie théorie ou la partie pratique », poursuit notre source.  Par ailleurs, à ce jour, quinze examinateurs de la police ont été formés de même qu’une vingtaine de moniteurs.

Le « Learner » valide jusqu’en 2021

Détenteurs de Learner, cela vous concerne. Si vous avez obtenu votre Learner avant le 1er mars 2018, vous disposez de trois ans pour obtenir votre licence. Pas moins de 140 000 personnes sont concernées. Passé ce délai, votre Learner devient caduc et il vous faudra tout recommencer depuis le début. C'est-à-dire, formuler une nouvelle demande pour un Learner et passer la partie théorie. À partir du moment où vous avez passé cette étape, vous aurez six mois pour passer la partie pratique – sur piste - et six mois additionnels pour participer aux examens pour la partie sur route. L’objectif est, qu’en une année, un motocycliste doit avoir passé toutes les épreuves nécessaires pour l’obtention de son permis (licence).


Les tarifs : entre Rs 5 100 et Rs 13 500

Pour être formé à une moto-école, un aspirant motocycliste devra débourser, pour sa formation, entre Rs 5 100 et Rs 13 500. Et pour Rs 1 200 de plus, la moto-école met à la disposition de l’étudiant une motocyclette et l’assistance d’un moniteur le jour de l’examen.

  • Catégorie 1. Pour celui qui fait une demande pour un Learner, il faut compter entre Rs 8 750 et Rs 9 500. Ce montant comprend 32 heures de formation : 18 heures de théorie, 8 heures de pratique sur piste et 6 heures de pratique sur route.
  • Catégorie 2. Il s’agit de ceux qui ont déjà un Learner et qui souhaitent obtenir une licence. Pour cette catégorie de motocyclistes, seule la formation pratique, sur piste et sur route, est nécessaire. Le montant varie ainsi de Rs 5 100 à Rs 5 500, un montant qui varie d’élève à élève. « Pour la ‘part 1’, en sus des Rs 1 500 de ‘Registration Fees’, il faut compter 8 heures de formation sur piste à raison de Rs 200/heure. Il s’agit là d’une moyenne. Certaines personnes peuvent maîtriser la formation en 6 heures, alors que d’autres le feront en 12 heures, par exemple. Tout dépend de sa vitesse d’apprentissage. Idem pour la ‘part 2’ qui se fait sur route », précise Deeeraj Heeraman, le directeur d’AIM.
  • Catégorie 3. Pour ceux qui aspirent à rouler sur de grosses cylindrées, le tarif peut vite grimper pour atteindre Rs 11,500 (250 cc à 349 cc), voire Rs 13 500 pour les bolides de 350 cc et plus.

La formation

La formation dans les moto-écoles se décline en deux étapes : la partie théorique et la partie pratique.

  • Formation théorique. Cette formation est d’une durée de 18 heures et comprend une vingtaine de modules dispensés dans une salle de classe à travers des explications, mais aussi par vidéo : les panneaux de signalisation, les équipements, le positionnement sur la route, connaître les différents types d’intersection, entre autres.
  • Formation pratique (Piste : maniabilité en toute sécurité). Cette partie de la formation se fait sur une piste et comprend les éléments de base tels que le démarrage, se tenir en équilibre, faire un demi-tour, le freinage, les manœuvres d’évitement, etc.
  • Formation pratique (Route : bonne conduite). Celle-ci se déroule sur la route et dure une vingtaine de minutes. Le motocycliste est muni d’une oreillette. Il est suivi à l’arrière par un moniteur doté, lui, d’un talkie-walkie, à travers lequel il donne des instructions au motocycliste.

Un cours de rattrapage pour les plus de 45 ans

Les détenteurs de Learner âgés de plus de 45 ans seront dispensés d’examens pratiques. Cette possibilité est à l’étude au niveau du ministère des Infrastructures publiques. « Nous prévoyons, pour cette catégorie de motocyclistes, un cours de rattrapage d’une durée d’environ 10 heures. À l’issue de cette formation théorique, un guide pédagogique sur la sécurité routière leur sera aussi offert », indique une source au ministère des Infrastructures publiques.


Comment se déroule l’examen pratique ?

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L’examen pratique se déroule en deux phases : l’examen sur circuit fermé (piste) et l’examen sur la route.

Piste : celle-ci se déroule, pour le moment, aux Casernes centrales, plus précisément sur le tarmac de l’hélicoptère et se décline en trois étapes. La première consiste à compléter un circuit constitué de‘cônes’ sans mettre les pieds par terre et en pas moins de 21 secondes. Il s’agit là, surtout, d’un exercice d’équilibre. Lors de la deuxième étape, le motocycliste doit faire un slalom entre des cônes à l’aller et au retour, il doit franchir une ligne à 50 km/h (minimum), freiner, pour s’arrêter quelques mètres plus loin dans une « boîte » constituée de quatre cônes. Et enfin la troisième, l’évitement consiste, tout comme la deuxième étape, à franchir une ligne à 50 km/h (minimum), mais en effectuant un mouvement d’évitement [d’obstacle].

Route : lorsque le motocycliste a brillamment complété l’examen sur piste, il sera à nouveau appelé un mois après pour prendre part au deuxième examen qui se fait sur la route. Selon notre information, cette étape se fera à St-Pierre. Quatre routes différentes ont d’ores et déjà été identifiées. Le motocycliste, muni d’une oreillette, recevra des instructions d’un examinateur de la police qui se trouvera, lui, dans une voiture quelques mètres à l’arrière. Le trajet durera 20 minutes. « Ces routes comportent des feux de signalisation, des passages cloutés, des différents panneaux de signalisation, des ‘yellow box’, des ronds-points, de différents types d’intersections, soit tout ce qu’un motocycliste est appelé à rencontrer sur une route. Il devra faire preuve de bonne conduite, de respect du code de la route, mais aussi d’attention face aux panneaux présents », indique une source bien informée.

 

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