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La mère de Nigel Décidé : «Li pou bizin pey so konsekans»

Pour la mère de Nigel Décidé, il a fauté et doit payer.

La voix est fragile, mais la détermination est intacte. Sonia (prénom d’emprunt), la mère de Nigel Décidé, 19 ans, traverse depuis plusieurs jours un tourbillon d’émotions mêlant honte, compassion et culpabilité, tout en nourrissant un souhait profond : que la justice fasse son travail, en toute transparence, sans acharnement ni faveur.

« Mo enn mama osi, me mo garson pou bizin pey so konsekans », lâche-t-elle. Dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 novembre, à Camp Levieux, une voiture percute la moto de Muzammil Hossenboccus, 30 ans. Le motocycliste est tué. Le conducteur poursuit sa route. Un cas de hit-and-run. Au volant : Nigel Ismaël Décidé, 19 ans, le fils de Sonia.

Peu après les faits, le téléphone de Sonia sonne. C’est Nigel. « Mama, mo finn fer enn gran erer », laisse-t-il entendre. L’affaire est déjà largement relayée sur les réseaux sociaux. Nigel ne s’est pas encore rendu à la police. Le premier réflexe de Sonia : lui conseiller de ne pas fuir la justice et d’assumer ses actes. « Mo enn mama. Mo osi mo kone ki apel perdi enn zanfan, me lazistis pou tou dimounn. Mo garson bizin peye, linn fote », confie-t-elle.

Selon elle, Nigel a été dépassé par la panique : « Li dir li tann bann-la pe dir ‘Kot sofer-la ?’… Dan enn laper ki linn sove depi laba… »

Le lendemain, samedi 8 novembre, la police retrouve la voiture de location impliquée dans l’accident, abandonnée sur une aire de stationnement non loin du lieu de l’impact. Nigel et son passager sont tous deux provisoirement inculpés après leur arrestation. Nigel est testé positif à la drogue.
Sa libération sur parole, intervenue samedi après-midi, suscite une vive colère populaire. Une semaine après, il est de nouveau arrêté et placé en détention, tout comme le passager du véhicule.

Sonia reconnaît que les deux arrestations successives de son fils, en l’espace de quelques jours, ont été un choc pour elle. Elle révèle ne pas encore avoir trouvé la force de lui parler : « Ziska ler mo pena kouraz pou al koz ek li… » dit-elle, épuisée.

Elle condamne fermement les actes de Nigel, qui a pris le volant alors qu’il ne détient aucun permis de conduire, et qui, de surcroît, était sous l’influence de drogue. Elle affirme, par ailleurs, qu’elle ignorait totalement que son fils consommait de la drogue. « Zame mo pann remark li dan leta ladrog. Kan enn dimounn droge, ou fini kone sa. »

Elle raconte qu’elle encoura-geait depuis longtemps son fils à obtenir son permis de conduire avant de prendre le volant. « Mo ti pe dir li al fer so ‘license’, apre li kondir », se désole-t-elle.

Nigel est l’aîné de ses trois enfants. Son époux, le père des enfants, est actuellement incarcéré à La Réunion pour une affaire de drogue depuis quelques années. Nigel faisait des petits boulots pour aider la famille. Désormais, son absence rend la situation encore plus compliquée.

Ce qu’elle ne supporte plus, dit-elle, ce sont les jugements, surtout sur les réseaux sociaux, qui, selon elle, dépassent largement les faits. « Tou dimounn pe dir mo zanfan kriminel… » déplore-t-elle. Elle tente aussi de défendre l’honneur de sa famille, qu’elle estime injustement salie. « La tou dimounn pe dir mo fami trafikan ladrog… Zot pa kav akiz dimounn san prev… » lance-t-elle.

Elle affirme que les rumeurs liées à l’incarcération de son mari n’ont aucun rapport avec ce drame. « Mo misie ferme La Réunion, akoz sa zot dir nou trafikan… »

Entre la douleur d’une mère et l’exigence de justice, Sonia tente de tenir debout. Sa voix reste fragile, mais son message est clair : son fils doit répondre de ses actes. « Mo leker fermal, me mo pa kav fer nanye… mo anvi ki lazistis fer so travay », dit-elle en tentant de maîtriser ses sanglots.

Le chiffre à retenir 1 500

C’est un chiffre qui claque comme une alarme. Depuis le 1er janvier 2025, plus de 3 500 tests antidrogue ont été effectués sur nos routes. Résultat : près de 1 500 conducteurs étaient positifs. Oui, presque 1 sur 2. Révélées par la Road Safety Unit (RSU), ces données dessinent une vérité brutale : la drogue s’installe derrière le volant, et nos routes deviennent un terrain miné. Chaque déplacement porte désormais une question silencieuse : qui croisons-nous vraiment en sens inverse ?

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