
L’accord diplomatique entre le Royaume-Uni et Maurice, considéré comme un tournant historique pour la communauté chagossienne, dépossédée et exilée de force dans les années 1960 et 1970, prévoit la création d’un Trust Fund de 40 millions de livres sterling (environ Rs 2,4 milliards). Ce fonds vise à améliorer les conditions de vie des Chagossiens et de leurs descendants, dispersés entre Maurice, les Seychelles, le Royaume-Uni et l’Australie. Présentée comme une compensation partielle pour des décennies d’injustice, cette enveloppe soulève néanmoins des inquiétudes concernant sa gestion et sa répartition équitable.
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L’article 11 de l’accord, intitulé Economic Partnership, détaille les engagements du Royaume-Uni : des versements annuels à Maurice, un financement s’étalant sur 25 ans pour des projets de développement dirigés par l’État mauricien, et la mise en place du Trust Fund spécifiquement destiné aux Chagossiens. Bien que présenté comme une avancée significative, ce fonds ne fait pas l’unanimité au sein de la diaspora.
Pascalina Nellan exprime son scepticisme : « On ne sait pas comment les intérêts des Chagossiens sont réellement pris en compte. Le texte ne garantit rien. La gestion du Trust Fund risque d’être monopolisée par un petit groupe, excluant ainsi la majorité. » Cette crainte d’une gouvernance opaque reflète une défiance plus large au sein des Chagossiens établis à l’étranger.
Bertrice Pompe, native de Diego Garcia, va plus loin. Elle déplore l’absence de toute mention explicite de son île natale dans l’accord, un oubli qu’elle perçoit comme le signe d’une marginalisation persistante. Elle conteste également le montant alloué et la structure de gouvernance du fonds, estimés insuffisants face à l’ampleur des préjudices subis par les Chagossiens depuis plus d’un demi-siècle.
Lors d’une conférence de presse tenue vendredi à Port-Louis, le Deputy Prime Minister Paul Bérenger a défendu l’accord, insistant sur le fait que la gestion du fonds reviendra à la communauté chagossienne elle-même, sous la supervision conjointe des gouvernements mauricien et britannique. « Nous ne laisserons personne de côté », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant les tensions et divergences existantes.
Il a ajouté : « Mo konpran nou bann frer ek ser Sagosien inn bien soufer. Ena bann zanfan Sagosien kinn bles zot. Inn fann bann koze blesan. Malgre sa, mo demann nou bann frer ek ser Sagosien : nou pa gard sa dan leker. Sa 40 milyon liv sterlin ki pou al dan enn Trust Fund, se zot ki pou zer li. Si dime, avek enn gran ker, zot oule fer kitsoz mem pou dimounn ki ti kont zot, sa se zot drwa. Nou pou la an tan ki gouvernma. Me Angle pou veye ki manier pe servi larzan-la. Mem li pa bizin veye, nou vey noumem. Nou kone ki nou pou fer. »
Malgré ces garanties, les doutes demeurent. La transparence dans la gestion du fonds et l’inclusion équitable de l’ensemble de la diaspora chagossienne restent des préoccupations centrales. Olivier Bancoult, leader du Chagos Refugees Group, sollicité pour une déclaration, est resté injoignable.

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