Interview

Kevin Teeroovengadum: «Le projet de technopole au Ghana est stratégique pour Maurice»

Kevin Teeroovengadum: « Ce projet offre une opportunité fantastique pour l'expertise mauricienne »
Kevin Teeroovengadum, CEO d’AttaAfrica Limited - société mauricienne active dans l'immobilier au Ghana – élabore sur l’économie de ce pays. Cela dans le sillage du projet de technopole que pilote le gouvernement mauricien à Accra. Une forte délégation d'hommes d'affaires, menée par le ministre des Finances, se rendra au Ghana en novembre. Est-ce le bon endroit pour que Maurice démarre son projet africain ? Il y a plusieurs pays en Afrique qui sont en mesure d'offrir de bonnes opportunités pour Maurice. Vu les ressources limitées du pays en termes de finances et de capital humain par rapport à des pays comme l’Afrique du Sud, la Chine ou l'Inde, Maurice se doit d’adopter une approche de tireur embusqué. Cela veut dire que l’on choisit et l’on se concentre sur deux ou trois pays. Le Ghana semble être l'un de ces pays, même si je pense que la Zambie aurait été une meilleure destination pour un nombre de raisons stratégiques. Le Ghana a été une destination majeure pour l’investissement au cours de la dernière décennie. Vu le potentiel de croissance de ce pays dans le moyen le long terme, je crois que c’est dans ce contexte que le gouvernement mauricien essaie d’améliorer ses relations avec le Ghana. Et le secteur privé mauricien devrait saisir l’opportunité et en être partie prenante. Le principal projet au Ghana serait une technopole… Par définition, une technopole est un regroupement. dans le même périmètre géographique, de sociétés évoluant dans le secteur des technologies de l'information et de la télécommunication. En Afrique, nous avons récemment vu comment le Kenya est en train de promouvoir le développement de la première technopole d’Afrique de l'Est. Donc, c'est dans cette optique que le Ghana veut en faire de même à Accra et avoir la première technopole en Afrique de l’Ouest. Cependant, le Ghana se situe entre deux principales économies de l’Afrique de l'Ouest. D’une part, il y a le Nigeria avec sa population de 170 millions de personnes et la Côte-d’Ivoire qui est en train de retrouver sa position de plateforme pour l’Afrique de l’Ouest francophone. Fin 2014, les autorités ivoiriennes ont également annoncé le projet de technopole. La course est désormais lancée. Le Ghana ne peut se permettre d’être à la traîne par rapport à ses voisins. D'un point de vue mauricien, c'est un projet stratégique. Car il offre une fantastique opportunité pour les compagnies mauriciennes d'offrir leur expertise et également de s'y installer, en s'appuyant sur le développement de la technopole. Qui plus est, le projet permet à Maurice d'être au-devant de la scène. Est-ce que l'économie ghanéenne est solide dans un contexte mondial ralentissant? Récemment, l'économie du Ghana a fait face à quelques vents contraires, suite au ralentissement de l'économie mondiale, une pression baissière sur le prix des de matières premières telles que le pétrole. On note une hausse significative de la dette gouvernementale, se situant en ce moment à la hauteur de 70% du Produit intérieur brut contre moins de 30% en 2011. Ainsi, le cedi, la monnaie locale, s'est déprécié face au dollar. La croissance de quelque 8% qui fut sienne entre 2008 et 2013 n'y est plus. L'expansion économique avoisine les 3,5%. Un tel niveau est clairement insuffisant pour une économie émergente telle que celle du Ghana. Est-ce qu'il y a une certaine protection de l'investissement au Ghana? Le Ghana offre des accords pour la protection et la promotion de l'investissement, un filet de sécurité pour les hommes d'affaires voulant s'y installer. Si les investisseurs n'avaient pas confiance dans ce pays, on n'aurait pas vu un flux net d'investissement étranger de 20 milliards de dollars sur les six dernières années. Quels sont les autres secteurs où l'expertise mauricienne pourrait être mise à contribution? Il existe de multiples opportunités pour le secteur privé au Ghana. Une fois de plus, il est important d'adopter cette approche de tireur embusqué, d'investir dans les secteurs porteurs, cela en harmonie avec les compétences et expertises des sociétés mauriciennes. L'investissement dans l'industrie cannière et la production sucrière est un choix évident car le Ghana est un importateur net de ce produit. Ensuite, on retrouve le secteur des services financiers. Même si un certain nombre de banques internationales et régionales du Nigeria et du Togo opèrent au Ghana, il existe des opportunités pour que des banques mauriciennes y soient physiquement présentes et utilisent ce pays comme une base pour l'Afrique de l'Ouest.
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