Le ministre de l’Enseignement supérieur, Kaviraj Sukon, a défendu l’introduction des trois Credits pour accéder au Higher School Certificate (HSC), rejetant fermement les arguments selon lesquels cette mesure entraînerait un nivellement par le bas.
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«Kisana inn dir si enn zelev ena trwa Credits li pa kapav pass HSC ? » Le ministre de l’Enseignement supérieur, Kaviraj Sukon, invité, le mercredi 27 novembre, sur le plateau de l’émission « Au Cœur de l’Info » sur les ondes de Radio Plus, coanimée par Jane Lutchmaya et Annick Rivet, a vigoureusement défendu la décision de l’Alliance du Changement concernant l’introduction des trois Crédits nécessaires pour accéder au Higher School Certificate (HSC). Cette réforme, critiquée par certains comme étant un risque de « nivellement par le bas » dans le système éducatif, a été balayée d’un revers de main par le ministre.
Pour Kaviraj Sukon, cette mesure vise principalement à ouvrir l’accès à l’éducation au plus grand nombre de jeunes, tout en affirmant qu’elle n’affectera en rien les standards du système éducatif. « Avan laport-la ti ferme sa ve dir kan ou gagne trwa Credits met enn stanp lor ou fron ou kondane », a-t-il déclaré, soulignant l’importance de donner une seconde chance aux élèves.
Le ministre a également tenu à préciser que les élèves obtenant trois Credits auront désormais la possibilité d’accéder au HSC, de poursuivre leurs études et, par conséquent, d’obtenir les résultats requis pour entrer à l’université, à condition qu’ils réussissent dans deux A Level. Un avis partagé par Vivek Gupta Ramnaran, vice-chancelier d’Amity Mauritius : « Je suis entièrement d’accord, il ne faut pas rejeter les étudiants. Un ‘foundation course’ peut également leur permettre de se remettre à niveau et d’accéder à des programmes de diplôme. Nous avons déjà constaté de nombreuses réussites grâce à ce type de parcours. »
Un autre volet important abordé par le ministre de l’Enseignement supérieur a été l’internationalisation du secteur, qui accuse un retard de 10 ans, selon lui. En effet, pour Kaviraj Sukon, le nombre d’étudiants étrangers, déjà modeste, a diminué, passant de 3 000 à 2 700 entre 2021 et 2023. « Chaque institution devrait accueillir des étudiants étrangers, tant au niveau de la licence que de la maîtrise. Mais pour y parvenir, il faut impérativement renforcer l’attractivité du pays. Les familles aisées continueront d’envoyer leurs enfants étudier au Canada ou aux États-Unis. En revanche, Maurice doit se positionner comme un choix attractif pour les familles à revenu moyen. Pour le moment, ce n’est pas le cas. À titre d’exemple, seules 400 inscriptions d’étudiants étrangers ont été enregistrées dans les institutions publiques », a-t-il dit.
Pourquoi Maurice n’a-t-il pas réussi à s’internationaliser davantage dans ce domaine ? Le constat est sévère pour Kaviraj Sukon, qui a insisté sur les « 10 ans de retard ». « L’absence de marketing ciblé en Asie et en Afrique pour promouvoir Maurice comme une destination universitaire en est une des principales causes. Si le pays continue de négliger cette dimension, il sera uniquement perçu comme une destination touristique », a-t-il ajouté.
Absence d’infrastructures
Il n’a ainsi pas manqué de dénoncer l’absence d’infrastructures nécessaires pour offrir une meilleure visibilité à Maurice comme destination d’enseignement supérieur. Le ministre a également évoqué l’absence d’un site internet complet et bien structuré dédié à l’enseignement supérieur.
S’exprimant sur le même sujet, Vivek Gupta Ramnaran a souligné le manque d’infrastructures adaptées pour loger les étudiants étrangers, ce qui constitue un frein important à l’attractivité de Maurice comme destination universitaire. « Les défis liés à la procédure de visa s’ajoutent à cette situation, rendant le processus encore plus complexe. Une concertation avec les parties prenantes est essentielle pour simplifier le système, tout en maintenant la rigueur nécessaire », a-t-il dit.
Rejoignant Kaviraj Sukon dans ses propos, Vivek Gupta Ramnaran est également d’avis que l’Afrique représente « un vivier prometteur » pour le recrutement d’étudiants étrangers. « Prenons l’exemple du Nigeria, où le nombre de candidats à l’enseignement supérieur atteint 1,3 million chaque année, alors que le pays ne peut en accueillir que 300 000. Si Maurice parvient à capter ne serait-ce que 10 000 de ces étudiants, cet objectif pourrait non seulement être atteint, mais aussi réaliser un impact significatif sur le secteur en un temps relativement court », a-t-il dit.
L’émission a également été marquée par l’intervention de Praveen Mohadeb, ancien directeur de l’ex-Tertiary Education Commission. Dans son analyse, il a mis en lumière les nombreuses attentes placées sur le ministère, particulièrement en ce qui concerne l’enseignement supérieur.
Selon lui, les défis sont multiples et nécessitent une approche adaptée aux réalités actuelles. « Il faut renforcer la collaboration entre les institutions d’enseignement supérieur et le monde du travail, qui est en constante mutation », a-t-il souligné. Cette adaptation passe par une révision des programmes pour répondre aux besoins des employeurs et des industries émergentes.
Praveen Mohadeb a également insisté sur l’importance de développer les compétences en communication chez les étudiants, un domaine souvent négligé mais essentiel pour leur réussite professionnelle. Par ailleurs, il a plaidé pour « un renforcement de la recherche », qu’il considère comme « un pilier incontournable pour améliorer la qualité et la compétitivité du secteur éducatif mauricien ».
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