Interview

Karl Braunecker, Chief Executive Officer de Connections Limited : «On ne peut mettre une croix sur les 24 000 touristes qu’apporte Thomas Cook»

Karl Braunecker

Le Chief Executive Officer de Connections, agence représentant le groupe britannique à Maurice, est d’avis que rien n’est perdu en termes d’arrivées pour le pays. Il revient sur l’impact immédiat de la mise en liquidation de Thomas Cook. Le point.

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Le monde du voyage est sous le choc. Le tour-opérateur britannique Thomas Cook Group Plc est placé en liquidation judiciaire, n’ayant pu trouver des fonds supplémentaires pour assurer sa survie dans le court terme. En tant que représentant de cette enseigne historique à Maurice, qu’est-ce qui est à risque pour les opérateurs mauriciens ?
La liquidation est avec effet immédiat. Le groupe britannique n’est plus en mesure d’honorer ses engagements envers ses partenaires et prestataires de services. Chaque partie sera appelée à soumettre ses réclamations aux administrateurs. Le processus pour le recouvrement sera un exercice de longue haleine. C’est une des retombées immédiates.

Le ministère du Tourisme fait état de 900 touristes, clients de Thomas Cook, qui sont à Maurice. Si dans d’autres destinations, ces touristes ont été contraints à payer le montant dû par le groupe britannique, est-ce que tel sera le cas à Maurice ?
Non. L’aviation civile britannique prendra en charge les factures pour les marques anglaises du groupe pour les clients en cours de séjour au moment de la mise en liquidation. Les hôtels devraient en être informés sous peu.

Quel est l’apport de Thomas Cook au tourisme mauricien ?
Sur les 24 000 touristes que Thomas Cook dirige vers la destination mauricienne, la grande majorité est allemande, autrichienne et française. Nous retrouvons des Français qui voyagent à travers Jet Tours, que le groupe britannique a acquis. À travers son réseau, Thomas Cook apporte à Maurice des visiteurs de l’Europe centrale et de la Scandinavie, par exemple.

Est-ce que l’industrie mauricienne devrait faire une croix définitive sur ces 24 000 visiteurs ?
Pas forcément. Cette année, une bonne partie a déjà effectué son séjour au pays. D’autres seront remboursés, parce qu’il y a un système d’assurances au moment des réservations. Les futurs clients auront la possibilité de passer par d’autres agences. En Allemagne, par exemple, TUI, un concurrent de Thomas Cook, a enregistré un bond de 10 % dans le cours de son action.

Sur le volet allemand, la compagnie d’aviation Condor fait partie de Thomas Cook. Le transporteur dessert Maurice. Y a-t-il un risque que cette desserte arrive à une abrupte fin ?
Condor a d’autres tour-opérateurs comme clients. La compagnie d’aviation a demandé une garantie financière auprès du gouvernement allemand. Son avenir semble plus positif. Il est bon de rappeler que seul le groupe britannique, la maison-mère, est en liquidation judiciaire. Les autres entités sont en train de chercher une voie qui leur permettrait de rester en vie. Les négociations sont en cours.

La chute de Thomas Cook ne représente-t-elle pas une occasion pour des firmes mauriciennes d’entrer dans ce marché ?
Thomas Cook assure les vacances de quelque 15 millions de clients chaque année avec trois millions et demi de visiteurs vers l’Espagne, trois millions vers la Grèce et un volume similaire vers la Turquie. La connexion est assurée par des vols-charters. Ces destinations souffriront de la liquidation de Thomas Cook. Les gouvernements concernés se penchent déjà sur le dossier. Voilà ce qu’a représenté Thomas Cook. 

Pour revenir à votre question, s’engager dans ce secteur demande beaucoup de muscles financiers. La compétition est féroce. Les marges s’amenuisent avec des opérateurs en ligne qui grappillent chaque semaine des parts de marchés.

Est-ce cette compétition qui a forcé la chute de cette enseigne historique du voyage ?
Thomas Cook a souffert d’une accumulation de dettes contractées pour effectuer des acquisitions relatives à son business. Le groupe est entré dans une spirale où ses recettes et profits opérationnels n’ont servi qu’à rembourser la dette et les intérêts. 
À un moment, quand le groupe chinois Fosun a augmenté sa part dans Thomas Cook, on a cru que la situation s’améliorerait. Mais des banques ont dit que davantage de fonds était requis pour assurer la continuité des activités.

Comment est-ce que Connections fera face à cette nouvelle donne ?
Thomas Cook a contribué à hauteur de 15 % de nos revenus annuels. Mais nous avons d’autres clients. Nous leur avons assuré que rien ne change. Nous avons parlé aux employés. C’est un manque à gagner pour Connections. Nous serrerons la ceinture.

Au final, la liquidation de Thomas Cook, une enseigne vieille de 178 ans, ne signifie-t-elle pas que l’industrie du voyage et du tourisme a évolué ?
Les habitudes du client changent. Leurs demandes sont variées. Le prototype de séjours exclusifs dans les hôtels n’est plus le seul désir de vacances. Les jeunes cherchent des logements différents. Le marché est désormais composé de différents sous-secteurs avec lesquels il faudra travailler.

 

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