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Jean Marie Chelin : un passionné de l’histoire

Jean Marie Chelin Jean Marie Chelin

Jean Marie Chelin a 60 ans et il est à la retraite depuis un an. Le dernier livre de l’ancien directeur de Monoprix, « Histoire maritime de l’île Maurice, est le fruit de huit années de recherches. Portrait.

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Jean Marie Chelin

On peut écouter Jean Marie Chelin parler d’histoire, avec des anecdotes, sans se lasser pendant des heures. Il est de ceux qui ont pu remonter les aiguilles de l’horloge pour retrouver leurs origines. En effet, c’est en faisant son arbre généalogique qu’il commence les recherches sur l’histoire maritime de l’île Maurice. C’est un travail qu’il a commencé il y a trente ans.

« Au total, cela m’a pris vingt-cinq ans pour faire mon arbre généalogique », raconte-t-il. Son ancêtre était un musicien dans un régiment irlandais et c’était un peu compliqué de le retracer. Celui-ci a dû partir pour l’Inde et le Vietnam et il est arrivé à Maurice en 1788 pour s’y établir. Ces histoires l’ont toujours animé et, retraité depuis juillet 2015, il décide de publier Histoire maritime de l’île Maurice, depuis le mois de novembre sur le marché. Cela lui a pris trois ans pour l’écrire.

Sauver l’histoire

Cependant, le but premier de cet ouvrage était de réunir les documents sur l’histoire. « L’objectif que je m’étais fixé : sauver des documentations ayant trait à tout ce qui est maritime à Maurice. Les documents étaient dispersés dans différents endroits. Il n’y avait aucun local regroupant les informations de manière chronologique », fait-il comprendre.

Le jardin de la Compagnie d’un autre temps, peint par l’auteur.

Il a donc fait le va-et-vient entre la librairie nationale, la mairie de Port-Louis, les archives, Carnegie et la société d’histoire. Ces recherches lui permettent de raconter également le peuplement de Maurice, car cela s’est fait à travers la voie maritime.

La chronologie des documents s’arrête à 1815, mais l’auteur a repris la plume pour faire la suite de l’histoire et ainsi écrire la troisième partie. Ce troisième volume sortira incessamment, selon lui, et l’histoire racontée cette fois-ci est puisée dans les journaux de 1816 et 1817, et disponible nulle part ailleurs. C’est pour lui l’occasion de raconter le grand incendie de 1816 à Port-Louis.

« Un tiers de Port-Louis brûle, tout part en fumée et on perd pas mal de documentations. Mais j’ai eu la chance d’avoir des documents sur ceux qui ont perdu leurs biens », souligne-t-il.

L’histoire du pays est une passion qu’il vit intensément. D’ailleurs, ironiquement, il avoue avoir des visions et croit alors croiser des soldats dans les rues de la capitale. Chaque visite à Port-Louis est ainsi marquée par des émotions, puisqu’il se projette dans le passé.

Testament

Mis à part l’écriture, Jean Marie Chelin anime souvent des conférences sur l’histoire et partage sa passion avec qui le veut sur les faits historiques. Il collabore avec d’autres artistes, certains de l’étranger qui sont de passage à Maurice et d’autres historiens qui font appel à lui pour qu’il apporte son soutien sur les faits qui se sont passés sur l’île, mais que certains livres d’histoire tentent de déformer.

« Trop souvent, on trouve des livres d’histoire qui ne sont pas basés sur les recherches. À Maurice, on écrit ce dont on a envie, quitte à déformer la vérité. Mon but est de raconter les faits. L’histoire est basée sur des faits, il faut les prendre comme ils sont et ne pas écrire avec des sentiments, car on ne peut juger ce qui s’est passé », estime-t-il.

Aujourd’hui, étant à la retraite, il dit vivre intensément sa vie, car c’est maintenant qu’il se dédie à sa passion pour l’histoire. « Je ne prétends pas être historien, mais chercheur. J’aime bien aller trouver les anecdotes, les faits qui se sont déroulés dans le passé », dit-il.

Pendant le festival Porlwi by Light, il a animé une conférence. Il a raconté l’histoire telle qu’elle est, avec des anecdotes amusantes et surtout étonnantes des années 1850 à 1950. Pendant cette petite conférence, il a raconté qu’en 1887, le gandia était autorisé à la vente à Port-Louis.

Ces histoires l’ont toujours marqué. Adolescent de 15 ans, il passait le plus clair de son temps à la librairie Carnegie, à Curepipe, à bouquiner. Il faisait d’ailleurs peur à ses parents quand il rentrait tard à la maison, dans le Nord, après avoir attendu que la librairie ferme pour arrêter la lecture.

Des décennies plus tard, il nourrit toujours cette même envie de lire et de connaître son pays. Il a d’ailleurs plus de 2 000 livres, dont de nombreux sur l’histoire du pays. Mais tout comme lire, écrire est une thérapie pour ce passionné. Et écrire ces livres d’histoire a une valeur inestimable pour Jean Marie Chelin, qui considère ses ouvrages comme des testaments laissés aux générations futures.


Littérature portlouisienne

Son livre sur l’histoire maritime.

Loin de se fatiguer ou encore de se lasser, il s’est vite lancé dans une nouvelle aventure, après la sortie de son livre sur l’histoire maritime. Son prochain livre sera dédié à Port-Louis. Les recherches sont faites, l’écriture aussi. Il est actuellement à la correction et devrait être publié en mars 2017. Dans ce livre, il raconte l’histoire de la capitale et des gens qui y ont vécu. Mais surtout, il revient sur le premier hollandais arrivé à Port-Louis et s’arrête en 1969, après « bagarre raciale » et l’Indépendance du pays. Neuf mois d’écriture pour finir un ouvrage de 800 pages.

« Je souhaite aussi continuer l’histoire de la capitale, mais en format plus concis, avec des faits anecdotiques ». Pourquoi Port-Louis et pas une autre ville ? « Tout simplement parce que l’histoire du pays s’est passée à Port-Louis. C’est une ville qui a un passé prestigieux, mais ce passé est ignoré et sombre dans l’oubli », explique-t-il.

La littérature portlouisienne le fascine et il passe de nombreuses heures à faire des photos. Le montage de ce livre a commencé ce mois-ci. « Port-Louis est une ville qu’on aime », dit-il.

Un artiste en herbe

Le dessin et l’aquarelle sont ses deux autres passions, après la littérature. Depuis des années, il regarde, observe et prend des photos pour ensuite mettre sur papier sa créativité. En effet, avant sa retraite, il faisait de l’aquarelle là où il trouvait l’inspiration pour peindre. Maintenant, il reste debout moins longtemps et en profite pour faire du crayonnage. Des maquettes de bateaux, des maisons en bois et, surtout, la reproduction de Port-Louis d’antan sont ses inspirations pour le moment. Il est membre de la société d’histoire de Maurice, qui existe depuis 25 ans et qui réunit les passionnés de l’histoire. Il est actif auprès du Centre culturel d’expression française (CCEF), à Curepipe, où des soirées littéraires sont organisées chaque mois. Finalement, la généalogie est aussi parmi ses occupations et il aide ceux qui ont besoin d’un coup de pouce pour faire aboutir leurs projets.

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