Jean Claude de l’Estrac : «Les casseroles de Navin Ramgoolam ont affaibli le PTr»

Loin d’être un « asset », Navin Ramgoolam serait aujourd’hui une « liability » pour le Parti travailliste (PTr). Telle est l’opinion des observateurs politiques Jean Claude de l’Estrac et Lindsay Rivière. Ils étaient hier les invités de l’émission « Au Cœur de l’info » animée par Nawaz Noorbux et Jugdish Joypaul. 

Selon Jean Claude de l’Estrac, Navin Ramgoolam n’est plus un atout pour le PTr mais une faiblesse. « Aujourd’hui, le parti est plus fort que Navin Ramgoolam, contrairement à dans le passé. Au PTr, on considère que les casseroles du leader ont affaibli le parti. La préoccupation des rouges est de sauver le parti et non Navin Ramgoolam », dit-il

Pour Lindsay Rivière, d’autres éléments jouent contre Navin Ramgoolam. « Après plus de 35 ans de politique, il est perçu comme étant vieux et usé. Il a déjà obtenu trois mandats. Il a 75 ans, soit 15 de plus que Pravind Jugnauth qui en a 60. Sans compter que de nombreux Mauriciens n’ont pas pardonné à Navin Ramgoolam pour son dernier mandat. »

Le PTr central

Lindsay Rivière est néanmoins d’avis qu’il n’y aura pas d’unité et de possibilité de victoire dans le camp de l’opposition sans le concours du PTr. « Avec les 33 % des votes obtenus aux dernières législatives, Navin Ramgoolam pense que le Parti travailliste peut aller seul aux élections et que les autres partis doivent se regrouper autour du PTr. Dans cette équation, l’Entente de l’Espoir ne peut pas se passer du PTr. Dans la mesure où c’est Navin Ramgoolam qui contrôle le PTr, ce parti est central à toute stratégie d’unité au sein de l’opposition. » 

Un avis que n’épouse pas forcément Jean Claude de l’Estrac, qui estime que le PTr a des raisons de craindre qu’une alliance avec le MMM ne se conclue pas. « Admettons que le Parti travailliste et le MMM n’arrivent pas à conclure un accord et décident d’y aller séparément. La crainte du PTr, c’est que la situation ne profite au MSM si les partis se présentent en ordre dispersé aux élections. » 

Selon lui, une alliance avec le MSM serait également possible pour le MMM. « On ne connaît pas le poids de Nando Bodha. Avec le MSM qui cherche une nouvelle option, une proposition peut être faite au MMM, mais sans Paul Bérenger. Si ce dernier décide de se mettre en retrait, de nombreuses portes peuvent s’ouvrir pour le MMM. Il y a d’ailleurs déjà une tendance en ce sens au sein des mauves », avance-t-il. 

Alliance avec le MSM

Selon les informations de Jean Claude de l’Estrac, Paul Bérenger serait « disposé » à prendre le poste de président de la République. Ce qui ouvrirait de nouvelles perspectives au MMM, y compris avec le MSM, en sachant que Navin Ramgoolam considère que Paul Bérenger est « trop demanding ». 

Lindsay Rivière n’est pas d’accord. Pour lui, une alliance MSM-MMM n’est pas possible, au risque que des militants « crachent à la figure » du leader. « Paul Bérenger va préférer demeurer dans l’opposition que de s’allier avec le MSM. » Il dit ne pas entrevoir d’alliance entre le PTr et le MSM non plus car « Navin Ramgoolam veut sa vengeance ». « Sans compter qu’il devrait accepter d’être le ‘junior partner’. Je ne vois pas Navin Ramgoolam accepter cela », ajoute-t-il. 

Challenger 

Pour Jean Claude de l’Estrac, le « challenger » de Pravind Jugnauth aux prochaines élections générales devrait être quelqu’un des rangs du PTr et non de l’Entente de l’Espoir. « Si nous sommes d’accord que le PTr aura un rôle crucial pour les prochaines élections qui se joueront dans les circonscriptions 4 à 14 essentiellement », précise-t-il. 

Un candidat potentiel, selon lui, serait l’ancien président de la République Kailash Purryag. « Même Bérenger serait d’accord pour cette candidature. Kailash Purryag a fait comprendre qu’il serait partant si Navin Ramgoolam donnait son accord. » S’il y a la vielle garde, il y aurait aussi des options parmi les jeunes loups du PTr, poursuit Jean Claude de l’Estrac. Il pense notamment au député Ritesh Ramphul, qui est le gendre de Kailash Purryag.