Le gouvernement vient d’allonger la liste des endroits auxquels l’accès est interdit aux personnes n’étant pas pleinement vaccinées contre la Covid-19. Pour encourager la population à se faire administrer une dose de rappel, les autorités n’excluent pas d’y ajouter prochainement les centres commerciaux et les supermarchés. En attendant, ce sont surtout les fonctionnaires qui sont visés.
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Après quatre mois de campagne, le nombre de personnes ayant reçu une « booster dose » de vaccin contre la Covid-19 est insuffisant pour protéger efficacement la population, estime le High Level Committee sur la Covid-19. Vendredi dernier, le conseil des ministres a donc décidé d’allonger la liste des institutions où il est obligatoire d’être entièrement vacciné. Les fonctionnaires qui ne répondent pas à ce critère n’auront donc plus accès à ces lieux à partir du 4 avril.
Cette nouvelle étape pourrait ne pas être la dernière. La réflexion est engagée au gouvernement pour limiter l’accès à d’autres endroits afin d’encourager le grand public à continuer à se faire vacciner. En d’autres mots, le pouvoir du pass vaccinal sera davantage renforcé.
Parmi ces endroits qui pourraient être ajoutés à la liste, figurent les centres commerciaux et les supermarchés. « Aucune décision n’a été prise pour le moment, mais si l’on voit que les gens hésitent toujours autant pour recevoir une dose de rappel, on devra réduire l’accès aux lieux les plus populaires. Les supermarchés et les centres commerciaux pourraient donc être inclus dans la liste », explique-t-on du côté du High Level Committee sur la Covid-19.
Au lundi 14 mars, 56,9 % de la population adulte a reçu une dose de rappel alors que la campagne a commencé en novembre. Et malgré le fait que le gouvernement a commencé à serrer la vis. Depuis le 15 janvier, aucun membre du personnel n’a accès aux endroits listés dans la Fifth Schedule des Consolidated Covid-19 Regulations « sauf s’il est entièrement vacciné, s’il produit un certificat de test PCR négatif » datant au maximum de sept jours ou s’il présente un certificat médical attestant qu’il a reçu deux doses mais a été récemment infecté à la Covid-19.
Les lieux ajoutés à la liste
À partir du 4 avril, de nouveaux lieux s’ajoutent à ceux où il faut obligatoirement avoir reçu une dose de rappel contre la Covid-19. Cette nouvelle série ne concerne cependant pas les membres du public qui doivent s’y rendre dans le cadre de leurs activités. Par contre, les autres membres du public, mais surtout les fonctionnaires qui y travaillent, ne pourront plus entrer dans ces endroits sans prouver qu’ils sont « fully vaccinated » ou sans certificat médical attestant qu’ils ont eu la Covid-19 récemment.
- Civil Status Office
- Registrar General Department
- Wastewater Management Authority
- Registrar of Companies
- L’ensemble des bâtiments gérés par les municipalités et les conseils de district
- National Land Transport Authority
- Bureaux de poste
- Bureaux de la Sécurité sociale
- National Empowerment Foundation
- Mauritius Revenue Authority
10 300 fonctionnaires n’ont pas reçu la dose de rappel
Les nouveaux amendements aux Consolidated Covid-19 Regulations, publiés lundi dans la Government Gazette, viennent allonger la liste des endroits interdits aux fonctionnaires et certains membres du public sans schéma vaccinal complet (voir liste hors texte). Plusieurs milliers de fonctionnaires sont concernés. Environ 10 300, soit 18 % de la Fonction publique, n’ont pas encore eu de dose de rappel du vaccin contre la Covid-19. Contre 45 600 qui ont déjà reçu la « booster dose ».
Les fédérations syndicales du secteur public anticipent des problèmes au niveau du service. « Ce que le gouvernement fait est anticonstitutionnel. Il passe par des règlements pour éviter d’avoir à faire voter des amendements au Parlement, qui seraient soumis au débat. Nous considérons que restreindre l’accès à des places additionnelles est un abus de pouvoir », estime Narendranath Gopee, président de la Federation of Civil Service and Other Unions. « Alors que dans d’autres pays, on lève les restrictions, le gouvernement mauricien fait le contraire et cherche par tous les moyens à forcer les gens à se faire vacciner. Au lieu de convaincre, on force. Et ça rend les gens encore plus réticents. Ce n’est pas normal d’empêcher un fonctionnaire de se rendre sur son lieu de travail s’il n’a pas fait de ‘booster dose’. Le service à la population va souffrir si des fonctionnaires ne peuvent pas travailler », ajoute le syndicaliste.
Le président de la State and Other Employees Union, Radhakrishna Sadien, abonde dans ce sens. « Si la ‘booster dose’ protège davantage la population, je ne suis pas contre cette dose de rappel. Mais au lieu d’imposer, le gouvernement ferait mieux d’encourager et d’expliquer. Il faudrait aussi que les autorités disent pourquoi ils ont pris cette décision tout d’un coup. Est-ce parce que des vaccins arrivent à leur date de péremption et qu’il faut les utiliser ? Ou y a-t-il une autre raison ? »
Réaction
Deepak Benydin : « Nous encourageons la vaccination »
Le président de la Joint Congress of Independent Trade Unions et de la Federation of Parastatal Bodies and Other Unions, Deepak Benydin, affirme encourager ses membres à se faire vacciner afin de se protéger contre la Covid-19. « Nous devons suivre les protocoles. Nous encourageons la vaccination. Cela assure une certaine protection. Cependant, les précautions sont de rigueur », affirme Deepak Benydin. Toutefois, il déplore que lorsqu’un salarié ou un membre de sa famille contracte le virus et doit s’auto-isoler, cela est déduit de ses ‘sick leaves’. « Il faut une certaine flexibilité à ce niveau », plaide-t-il.
Luximun Badal : « On n’empêche pas et on n’oblige pas »
Le choix de se faire vacciner revient à la personne. C’est ce que pense Luximun Badal, président de l’Union of Post Office Workers Branch No.2. Selon lui, la majorité de jeunes facteurs ont reçu leur « booster dose ». Cependant, plusieurs, qui sont âgés de 45 ans et plus, sont inquiets. « On reçoit beaucoup d’appels où des facteurs nous font part de leur angoisse à se faire immuniser. À notre niveau, on n’empêche pas nos membres à se faire inoculer et on ne les oblige pas non plus. Le choix leur appartient », estime-t-il. Il confie de plus qu’il y a des facteurs qui envisagent de porter l’affaire en Cour suprême. « J’ai eu vent que certains vont entrer des injonctions à titre personnel, car ils ne veulent pas se faire injecter, craignant pour leur santé. On espère que le dialogue sera ouvert avec le management ainsi qu’avec le ministre Balgobin face à cette situation », lance ce dernier.
Jean-Claude Jonckeer : « Nous ne donnons pas de mot d’ordre »
« Pour être franc, la vaccination est quelque chose de personnel. Nous ne pouvons encourager ou décourager nos membres à se faire inoculer. Nous ne donnons pas de mot d’ordre. Certains refusent la vaccination pour des raisons personnelles, religieuses ou médicales. Ceux qui ne veulent pas se faire injecter peuvent toujours présenter un test PCR chaque sept jours. Ou encore, le syndicat peut négocier avec la direction pour leur permettre de travailler de la maison. Nous sommes là pour les aider à trouver une solution à travers des pourparlers avec la direction. Nous envisageons de plus de signer un accord pour rendre le ‘work from home’ permanent et non pas que pendant la pandémie de Covid-19 ».
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