En doublant son nombre de sièges à l'issue des législatives, le Congrès, principale formation d'opposition en Inde, a fait mentir les sondages qui prédisaient une cuisante défaite à l'ancien parti dominant face au nationaliste Narendra Modi.
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Le célèbre parti de la dynastie politique des Nehru-Gandhi était devenu l'ombre de lui-même après avoir subi deux défaites humiliantes en 2014 et 2019 face au Bharatiya Janata Party (BJP) du Premier ministre Modi.
Les sondages avaient prédit une nouvelle déconfiture pour le parti de Rahul Gandhi, l'héritier de la première dynastie politique indienne.
La principale formation d'opposition devrait obtenir 99 sièges à la chambre basse qui en compte 543, soit près du double par rapport à 2019.
Mardi, à New Delhi, des partisans enthousiastes agitaient, au rythme des battements de tambours, des drapeaux géants au siège du parti du Congrès, qui a dominé la vie politique indienne pendant près d'un demi-siècle après l'indépendance.
Pour la première fois depuis dix ans, le BJP n'aura pas la majorité absolue et devra s'appuyer sur les alliés de sa coalition.
Les partisans du Congrès attribuent cette performance au leadership "astucieux" de Rahul Gandhi, 53 ans, figure de proue du parti.
- "Promesses tenues" -
Fils, petit-fils et arrière-petit-fils de Premiers ministres, "Rahul a travaillé dur jour et nuit. Il mérite tous les honneurs. Il a relevé le parti à lui tout seul", affirme Avneesh Jain, un membre du parti.
"A ce rythme-là, nous gagnerons certainement les prochaines élections", veut-il croire.
Les ambitions politiques de M. Gandhi ont été freinées notamment par la dizaine de plaintes déposées par des membres du BJP contre lui.
Il a été brièvement exclu du parlement l'an passé après avoir été reconnu coupable de diffamation et les comptes bancaires de son parti ont été gelés par le fisc cette année.
Déterminé, M. Gandhi a continué à s'en prendre à M. Modi et au BJP, dénonçant leur programme de "division" qui, selon lui, cherche à marginaliser la minorité musulmane du pays, forte de 200 millions de personnes.
"Nos comptes bancaires ont été saisis. Nous n'avions pas assez d'argent pour participer aux élections", affirme Alka Lamba, haut responsable au sein du parti.
"Mais la population nous a soutenus. Les résultats ont redonné confiance aux dirigeants du Congrès, en particulier à Gandhi, qui était confronté à la machinerie électorale bien huilée de son rival".
Dans son programme électoral, le parti a promis de verser chaque année 100.000 roupies (1.100 euros) à chaque famille indienne pauvre et des emplois pour les jeunes, ce qui semble avoir séduit les électeurs.
"Rahul Gandhi a tenu ses promesses envers les jeunes et les pauvres", estime Ziya Us Salam, analyste politique et auteur.
- "Signes de renouveau" -
"Il s'est également débarrassé de son étiquette très injuste de +pappu+ (sans esprit)", affirme-t-il.
Selon lui, "il a la crédibilité que Modi n'a pas. Modi ne s'est livré qu'à des discours de division et de sectarisme. Il n'avait rien de constructif à offrir aux masses".
Il a été réélu au Parlement avec une avance de plus de 364.000 voix dans la circonscription méridionale de Wayanad et de plus de 389.000 voix pour le siège de Rae Bareli, dans le nord de l'Inde.
Rajeev Shukla, un parlementaire du Congrès, attribue la renaissance du parti au périple que M. Gandhi a effectué l'an dernier à travers le pays pour aller à la rencontre de la population.
"La longue marche a fait des merveilles. Il est entré en contact avec les gens sur le terrain, ce qui a fait toute la différence".
Selon V.S. Chandrasekar, ancien rédacteur en chef de l'agence de presse Press Trust of India, les résultats du Congrès montrent qu'il reste un pilier de l'opposition politique indienne.
"Le gouvernement du BJP s'en est tiré à bon compte en raison de la faiblesse de l'opposition au Parlement", souligne-t-il mais "maintenant que l'opposition compte plus de 200 membres, le gouvernement sera soumis à de fortes contraintes".
M. Chandrasekar fait l'éloge de l'héritier de la plus illustre famille d'Inde pour s'être livré à un combat difficile avec le parti au pouvoir, "sans aucune crainte".
"Le Congrès montre des signes de renouveau, ce qui est bon pour la démocratie. L'Inde a besoin d'une opposition forte", se félicite M. Chandrasekar.
© Agence France-Presse
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