Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, est attendu en Israël pour tenter d'obtenir une désescalade de la guerre à Gaza et empêcher sa contagion au Liban, où, selon une source sécuritaire, une frappe israélienne a tué lundi un chef militaire du Hezbollah.
A Gaza, où la guerre est entrée dans son quatrième mois, les frappes israéliennes se poursuivent sans répit, faisant 249 morts ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir dans le territoire palestinien.
Le responsable militaire du Hezbollah tué à une dizaine de kilomètres de la frontière avec Israël, "jouait un rôle de premier plan dans la direction des opérations" dans le sud du Liban, théâtre d'affrontements entre le mouvement libanais pro-iranien et l'armée israélienne, a précisé la source sécuritaire libanaise.
Selon le Hezbollah, il s'agit du "commandant Wissam Hassan Tawil", le plus haut responsable militaire de cette formation tué depuis qu'elle a ouvert un front avec Israël pour soutenir le Hamas palestinien.
La montée de tension dans cette zone alimente les craintes d'un débordement de la guerre, qu'Antony Blinken, en tournée dans la région, espère empêcher.
Selon des responsables américains, son déplacement vise aussi à presser Israël - que Washington soutient politiquement et militairement - d'entrer dans une nouvelle phase militaire moins coûteuse en vies palestiniennes, et à engager dans la région un dialogue sur l'après-guerre
Israël a juré de détruire le mouvement islamiste palestinien après son attaque sans précédent sur son territoire le 7 octobre, qui a tué environ 1.140 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.
Environ 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza, dont une centaine libérées en échange de prisonniers palestiniens lors d'une trêve fin novembre.
Le Qatar, qui avait alors joué un rôle clé de médiateur, poursuit ses efforts pour la libération des otages toujours détenus, a indiqué le père de l'un d'entre eux, Ruby Chen, qui a rencontré des dirigeants qataris.
L'offensive israélienne a fait 23.084 morts à Gaza, majoritairement des femmes et mineurs, selon un nouveau bilan lundi du ministère de la Santé du Hamas.
Les bombardements y ont rasé des quartiers entiers, déplacé 85% de la population et provoqué une crise humanitaire catastrophique selon l'ONU.
"Aucun endroit sûr"
L'armée israélienne a annoncé des frappes à Khan Younès, principale ville du sud du territoire assiégé et nouvel épicentre des combats, tuant "dix terroristes se préparant à tirer des roquettes sur Israël".
Dans la matinée, une frappe à Rafah, à la pointe sud de Gaza, a détruit une voiture dont secouristes et habitants extrayaient des corps, selon l'AFPTV.
"On nous avait dit que Rafah était sûr, mais où est la sécurité, il n'y a aucun endroit sûr, nous ne savons pas quoi faire", se lamente un témoin, Mohammad Hejazy. Des centaines de milliers de Gazaouis ont afflué dans la ville fuyant les combats plus au nord.
Deux journalistes travaillant pour Al Jazeera y ont été tués dimanche par une frappe israélienne sur leur véhicule, selon la chaîne qatarie. Un troisième journaliste à bord, Hazem Rajab, a été grièvement blessé.
Moustafa Thuraya --un vidéaste pigiste collaborant également avec l'AFP et d'autres médias internationaux-- et Hamza Waël Dahdouh revenaient d'un reportage sur le lieu d'une frappe.
Le second est le fils du chef du bureau d'Al Jazeera dans le territoire palestinien, Waël Dahdouh, qui a déjà perdu son épouse et deux de ses enfants fin octobre dans une frappe israélienne.
L'armée israélienne a assumé la responsabilité du tir, déclarant à l'AFP avoir "frappé un terroriste qui pilotait un appareil volant représentant une menace pour les troupes", et être "au fait des informations selon lesquelles, au cours de la frappe, deux autres suspects qui se trouvaient dans le même véhicule avaient aussi été touchés".
Les organisations internationales ne cessent par ailleurs d'alerter sur le désastre sanitaire en cours dans le petit territoire surpeuplé et assiégé.
Rik Peeperkorn, représentant de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans les Territoires palestiniens a plaidé lundi auprès de l'AFP pour un "cessez-le-feu humanitaire, seul moyen de répondre aux besoins désespérés" des Gazaouis.
L'OMS a annoncé sur X l'annulation pour la 4e fois depuis fin décembre d'une livraison de fournitures médicales urgentes dans le nord de Gaza faute de garanties de sécurité.
L'ONG israélienne de défense des droits humains B'Tselem a de son côté accusé Israël "d'affamer Gaza", appelant à une ouverture des vannes de l'aide alimentaire, dans un nouveau rapport lundi.
Frontière sous haute tension
Le conflit a aussi fait monter la violence à un niveau inédit depuis près de vingt ans en Cisjordanie, territoire occupé par Israël depuis 1967.
Neuf Palestiniens y ont été tués dimanche dont sept dans un raid israélien à Jénine, bastion des factions armées palestiniennes dans ce territoire où les violences ont également causé la mort d'une policière et d'un civil israéliens.
A la frontière nord d'Israël, l'armée a de nouveau procédé à des tirs vers le sud du Liban lundi matin, selon des images de l'AFPTV. Dans la nuit, elle a affirmé y avoir mené des raids aériens contre deux sites du Hezbollah.
Les affrontements dans cette zone se sont encore intensifiés après l'assassinat attribué à Israël, mardi dans un fief du Hezbollah à Beyrouth, de Saleh al-Arouri, numéro deux du Hamas, organisation classée terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.
Depuis le 8 octobre, les hostilités transfrontalières ont fait plus de 180 morts au Liban, dont plus de 135 combattants du Hezbollah, selon un décompte de l'AFP.
Dans le nord d'Israël, neuf soldats et cinq civils ont été tués, selon les autorités.
© Agence France-Presse
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