Mélanie Vigier de la Tour-Bérenger plaide pour que des moyens contraceptifs soient mis à la disposition de nos jeunes. Elle intervenait dans l’émission « Au cœur de l’info » de samedi matin. La grossesse précoce chez les adolescentes est un phénomène inquiétant, concède Rattan Jhoree, de la Child Development Unit (CDU). De son côté, Lucilda Sooriah, coordonnatrice de l’Observatoire de la parentalité, prône une meilleure éducation des jeunes.
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D’emblée, Mélanie Vigier de la Tour-Bérenger, psychosociologue, blâme le manque d’information et l’absence d’éducation sexuelle. « L’accès à la contraception, quand on a moins de 16 ans, est très difficile, sauf au noir. Pour ce qui est de parler de sexualité avec nos enfants, certains pensent que donner des informations leur donnera des idées. »
La psychosociologue soutient qu’en l’absence d’éducation sexuelle, les jeunes se tournent vers les réseaux sociaux, qui leur donnent des informations souvent erronées. « Les ados sont sexuellement actifs très jeunes. Il faut leur donner les outils. Il faut parler des dangers de l’Internet. »
Pour elle, une éducation sexuelle doit, dès un très jeune âge, donner des informations sur le développement des aptitudes sexuelles et la façon de gérer sa sexualité. « Il ne faut pas attendre qu’ils nous posent des questions pour en parler. Il faut expliquer les changements du corps à la puberté. Expliquer qu’il faut respecter l’autre, avant de s’engager dans une relation sexuelle, ou encore les risques pour la santé quand elles tombent enceinte. Il faut parler de la contraception. »
Mélanie Vigier de la Tour-Bérenger propose aussi que les services de santé soient accessibles aux jeunes, pour leur fournir les informations adéquates. Surtout, il faut, selon elle, revoir l’âge du mariage. « Il faut que les responsables politiques et les décideurs soient encouragés à appliquer des politiques et des lois interdisant le mariage des filles avant l’âge de 18 ans, pour lutter contre les grossesses précoces. » De plus, elle insiste qu’il « est nécessaire d’enlever les articles 144 et 145 du Code civil, pour dire qu’un enfant de moins de 18 ans n’est pas autorisé à se marier ».
De son côté, Rattan Jhoree, Child Welfare Officer à la CDU, avance qu’en 2017, Maurice a enregistré 78 cas de grossesse chez les moins de 16 ans, un record depuis 2010. Il soutient, toutefois, que les dénonciations sont plus fréquentes. « Les gens n’hésitent plus à rapporter et à dénoncer les cas de grossesse précoce. Cela grâce aux campagnes que nous menons, tant au niveau des jeunes que dans les collèges. Très vite, on mène l’enquête et on réfère la fille à la psychologue de la CDU. Nous assurons aussi la prise en charge de la famille toute entière. »
Pour lui, il est important de rétablir la communication entre l’enfant et les parents. « On explique aux parents qu’il ne faut ni accuser ni rejeter la fille. Le bien-être de la victime passe avant tout. »
Rattan Jhoree insiste sur le fait que la communication entre les membres de la famille est primordiale. « Souvent, dans les foyers, la maman est à la cuisine, le papa devant la télé, l’enfant est lui dans sa chambre. Il va donc communiquer avec ses amis, qui font son éducation sexuelle, mais de la mauvaise manière. »
Nushrat Dhamree, psycho-logue à la CDU, est, elle, revenue sur les facteurs derrière la grossesse précoce. « L’une des raisons, c’est le cadre familial. Trop de liberté est accordée à l’enfant. Ensuite, il y a des milieux familiaux où existent des problèmes d’alcool ou de drogue et où la famille est déchirée. L’influence des amis est aussi un facteur. Des fois, pour se faire accepter par son groupe, l’adolescent fait des choses qui tournent mal après. »
Quand l’adolescente est enceinte, il y a un déchirement entre parents et enfant, explique la psychologue. « L’enfant se sent coupable et les parents éprouvent de la honte. La communication est alors brisée. à la CDU, nous rétablissons la communication entre les deux parties. La Mauritius Family Planning and Welfare Association, avec qui nous travaillons, prend le relais. L’association fait des family mediations ou encore des Focus Group Therapy. Les filles enceintes se retrouvent avec d’autres filles qui vivent la même situation. Il y a un échange d’informations très salvateur. »
Elle soutient également que la jeune fille enceinte a droit à l’éducation pendant et après la grossesse, mais qu’à peine 10 % d’entre elles retournent à l’école après l’accouchement. Certaines préfèrent s’inscrire à des cours de formation. « Elles éprouvent souvent de la honte vis-à-vis des amis au collège et de la famille. »
L’Observatoire de la parentalité a été créé le 15 mai dernier pour regrouper tous les partenaires qui prodiguent un service à la famille, aux enfants et aux parents, explique Lucilda Sooriah, sa coordinatrice. Le but est de conseiller le ministère des Genres sur des programmes visant à améliorer la vie des parents. « L’objectif principal est de fournir des outils aux parents, qui sont parfois dépassés par les événements. »
Elle conseille aux parents d’imposer des limites, surtout par rapport à Internet et au Smartphone. « Il y a des applications pour gérer la connexion Wi-Fi et la télévision. Il n’est également pas conseillé d’installer un téléviseur dans la chambre des enfants. »
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