
Ecoles et transports perturbés, premières manifestations contre "l'austérité": la France connaît jeudi une journée de grèves et manifestations à l'appel des syndicats, qui entendent peser dans la rue sur les prochains choix budgétaires du Premier ministre, nommé la semaine dernière en pleine crise politique.
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C'est la deuxième journée de mobilisation en huit jours, après celle du mouvement "Bloquons tout" le 10 septembre, lancé sur les réseaux sociaux.
Outre les perturbations notamment de transports urbains enregistrées dans la matinée, les syndicats, unis pour la première fois depuis juin 2023, comme les autorités s'attendent à une mobilisation massive dans les manifestations prévues à travers le pays à partir de la fin de matinée.
Cette journée d'action intervient dix jours après la nomination d'un nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, confronté au même défi que son prédécesseur, François Bayrou: proposer un budget permettant de réduire le déficit des comptes de la nation (114% du PIB).
La mobilisation vise justement les mesures budgétaires (coupes dans le service public, réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales...) envisagées dans un plan d'économies de 44 milliards d'euros défendu par M. Bayrou. Et qui ont valu à son gouvernement, alliant le centre droit et la droite, d'être renversé par les députés le 8 septembre.
"Mes grand-parents et mes parents se sont battus pour la sécurité sociale et les congés payés, je reprends le combat pour mes enfants et ma petite-fille", explique Bruno Cavelier, plombier chauffagiste à la retraite, présent dans une manifestation à Lyon (est).
"J'ai fait partie des premiers gilets jaunes, rien n'a changé, c'est de pire en pire même. Chaque jour, les plus riches s'enrichissent, les pauvres s'appauvrissent", estime cet homme de 64 ans.
Les plus de 250 cortèges prévus à travers le pays pourraient réunir jusqu'à 900.000 personnes, selon les autorités, qui redoutent par ailleurs des actions de casseurs dans la capitale, où une manifestation doit s'élancer à partir de 14H00 (12H00 GMT).
- Ecoles, transports, pharmacies -
Le ministre de l'Intérieur sortant, Bruno Retailleau, s'est félicité d'actions "moins intenses que prévu", notamment grâce à une mobilisation massive d'environ 80.000 policiers et gendarmes à travers le pays, appuyés par des drones, 24 engins blindés Centaure et dix canons à eau.
Les forces de l'ordre ont commencé à disperser, parfois à coup de gaz lacrymogènes, des rassemblements et tentatives de blocages, comme à Marseille (sud) où des appels avaient été lancés sur les réseaux sociaux pour bloquer le siège de l'armateur CMA-CGM, propriété du milliardaire Rodolphe Saadé.
En fin de matinée, près de 400 actions ont été recensées, réunissant près de 20.000 manifestants sur l'ensemble du territoire, selon la gendarmerie et la police, cette dernière faisant état de plus de 70 interpellations.
Jeudi matin, un enseignant sur six était en grève, neuf pharmacies sur dix fermées, et le métro parisien sévèrement perturbé avec une circulation restreinte aux heures de pointe. En revanche, les trafics nationaux ferroviaire et aérien étaient peu affectés.
- Front commun syndical -
Sébastien Lecornu -- troisième Premier ministre du président Emmanuel Macron depuis qu'il a dissous l'Assemblée nationale en juin 2024, le cinquième depuis sa réélection en 2022 -- a promis des "ruptures" sur le fond et la forme, mais sans rien dévoiler.
Puis a entamé une série de consultations avec les partis politiques avant de composer un gouvernement et présenter son programme, en vue de boucler dès que possible un projet de budget pour 2026.
Il a également reçu quasiment tous les syndicats, qui n'en ont pas moins maintenu leur mot d'ordre, espérant une mobilisation similaire à celles de 2023 contre la réforme des retraites qui avait régulièrement réuni un million de manifestants, avec un pic à 1,4 million.
Son abandon de la très controversée suppression de deux jours fériés voulue par François Bayrou n'a pas apaisé la colère.
"Le budget va se décider dans la rue", a jugé la secrétaire générale du syndicat CGT, Sophie Binet.
Quant à la CFDT, syndicat réputé plus apte au compromis, sa secrétaire générale, Marylise Léon, a dit attendre "des faits et des preuves" du nouveau chef de gouvernement, et notamment un "besoin d'efforts partagés" avec les plus riches.
© Agence France-Presse

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