De nombreux employés du secteur public occupent depuis des mois, voire plus d’un an, des fonctions « par intérim ». Les syndicats dénoncent cette situation. Ils l’associent à un manque de planification et à une forme d’exploitation décourageante pour le personnel.
Publicité
Que ce soit dans les ministères, les divers départements publics ou à l’Assemblée nationale, de nombreux employés occupent des postes « par intérim » depuis plusieurs mois, voire plus d’une année. Cette situation est pesante pour certains, tandis que d’autres refusent d’assumer des responsabilités supplémentaires sans rémunération adéquate. Le paiement de celle-ci prend des mois, comme c’est le cas pour les heures supplémentaires.
À titre d’exemple, l’Assemblée nationale compte un Acting Clerk, le directeur général des services de santé exerce également par intérim, et dans plusieurs hôpitaux, le personnel assure la suppléance en l’absence de titulaires.
Selon Gheerishsing Gopaul, secrétaire général de la Government Services Employees Association, cette situation découle d’un manque de personnel. Il souligne que des employés se retrouvent ainsi à occuper des fonctions qui ne correspondent ni à leurs qualifications ni à leur « scheme of duty ».
Dans la fonction publique, rappelle-t-il, chaque poste est défini par un « scheme of service ». Une personne occupant un poste qui n’est pas le sien devrait bénéficier d’une responsibility allowance ou d’une acting allowance. Or, ce n’est pas toujours le cas. Afin de « fer travay marse », beaucoup acceptent tout de même d’assumer ces responsabilités, explique Gheerishsing Gopaul. Certains y voient une forme d’exploitation, surtout lorsqu’ils n’ont pas reçu de lettre d’assignation officielle.
Pour Gheerishsing Gopaul, transférer un employé d’un département à un autre n’est pas une solution durable. Le recrutement nécessite un budget et des procédures précises pour identifier les postes vacants. Or, lors du dernier budget, seules des provisions ont été faites pour le recrutement d’infirmiers et de médecins. En l’absence de budget pour d’autres postes, le système est bloqué.
« Tug of war »
Le président de la Government Medical and Dental Officers Association, le Dr Meetheelesh Abeeluck, évoque pour sa part une véritable « tug of war » concernant certaines confirmations de poste. Selon lui, un exercice de « chaises musicales » est en cours pour déterminer qui sera confirmé.
Le Dr Abeeluck et Ram Nowzadick, président de la Nursing Association, plaident pour une régularisation urgente afin que le travail puisse se dérouler correctement. Ils soulignent que ceux qui exercent un actingship ne perçoivent pas le salaire correspondant au poste titulaire. Ce n’est qu’après deux ans d’intérim que le paiement devient automatique, avec effet rétroactif.
Selon le Dr Abeeluck, une personne en intérim n’a pas les coudées franches pour agir. « Un suppléant ne va pas prendre des décisions, car il est dans une position faible. Il y a toujours la crainte d’être mal vu ou de perdre la suppléance si l’administration n’est pas satisfaite. » Certains, ajoute-t-il, n’osent pas non plus demander l’appui de leur syndicat, parfois en conflit avec leurs fonctions actuelles. Cette situation, selon lui, freine la bonne marche du service et l’évolution du système.
Ram Nowzadick abonde dans le même sens. Il déplore le manque de motivation dans un contexte dans lequel la majorité des postes sont assurés par des suppléants. Selon lui, le problème découle du département des ressources humaines, qui ne donne pas les directives pour procéder aux recrutements. « Certains n’ont pas obtenu leur responsibility allowance depuis un ou deux ans. ». Les frustrations sont grandissantes. Ce manque d’organisation se traduit aussi par le refus de certains d’assumer un actingship, ce qui perturbe la gestion du personnel, la supervision et l’administration des salles. « Il y a plus d’actingships que de titulaires. »
Une membre du personnel hospitalier confie de son côté qu’en tant qu’« acting », elle assume toutes les responsabilités du poste tout en perdant certains privilèges, comme les heures supplémentaires, en raison de son nouvel horaire. « Je suis accountable pour tout ce qui se passe, sans être rémunérée », déplore-t-elle. Beaucoup, dit-elle, refusent désormais ces suppléances à cause de ces contraintes.
Un dialogue qui reprend timidement
Le climat semble s’être apaisé entre le ministre de la Santé et le personnel hospitalier après plusieurs semaines de tension. Lors de la cérémonie d’intronisation de 300 aspirants infirmiers, le ministre Anil Bachoo s’est dit satisfait du travail accompli par de nombreux médecins et départements, tout en dénonçant « un petit groupuscule » qui cherche à créer des problèmes.
Si le manque de rencontres entre cadres du ministère et syndicats reste un point de discorde, le ton du ministre parait dorénavant mieux perçu. « Nous pensons qu’il a compris à quel point le travail est difficile quand le personnel manque et que ceux en service sont à bout après des heures supplémentaires cumulées », explique le Dr Meetheelesh Abeeluck.
Selon lui, le ministre aurait été « mal encadré » par son entourage, qui lui aurait donné de fausses informations pour dissimuler certaines lacunes. Il appelle à une meilleure synchronisation entre les départements pour assurer le bon fonctionnement du système.
Notre service WhatsApp. Vous êtes témoins d`un événement d`actualité ou d`une scène insolite? Envoyez-nous vos photos ou vidéos sur le 5 259 82 00 !

