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Fléau de société : une approche multisectorielle afin de mettre fin à la violence domestique

Deux cas de violence domestique ont été rapportés à la police de Coromandel rien que pour la journée du lundi 30 octobre dernier.

Le gouvernement est conscient que la violence domestique est un fléau de la société. Au-delà du High Level Committee présidé par le Premier ministre, le gouvernement envisage d’adopter une approche multisectorielle. Ce, afin de réduire de manière significative la violence domestique, et ultimement, l’éliminer au fil du temps.

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Les cas de violence domestique font l’objet de signalement au moins une fois par semaine. Il convient de rappeler que le lundi 30 octobre, en l’espace de quelques heures, deux cas de violence domestique ont été portés à l’attention des autorités.

Le premier incident implique un fils en proie à la colère lors d’une dispute liée à l’utilisation d’une machine à laver, tandis que le second cas concerne un mari accusé de tentative d’étranglement. 

La police, conjointement avec le ministère de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille, a ouvert des enquêtes sur ces deux affaires. Dans le but de renforcer la protection des victimes de violence domestique, le ministère a laissé entendre qu’un projet de loi relatif aux abus domestiques est actuellement en cours de préparation. Cette nouvelle législation, comme l’a souligné la ministre Kalpana Koonjoo-Shah lors de son discours à l’Assemblée nationale mardi, vise à renforcer les dispositions légales en vue d’offrir une protection renforcée aux victimes de violence domestique.

Le gouvernement a implémenté, en 1997, des mesures significatives pour aborder ce problème en promulguant la loi sur la protection des victimes de violence domestique. Dans la pratique, cette loi a pour but de permettre à ces dernières de bénéficier d’un ‘protection order’, ‘occupation order’ ou ‘tenancy order’. Valeur du jour, indique le ministère, les victimes de violence domestique et leurs enfants bénéficient de secours d’urgence qui gravitent autour d’un hébergement sécurisé (disponible 24 heures sur 24), d’un soutien psychologique, des conseils et d’une assistance dans les situations urgentes.

Approche multisectorielle

Le High Level Committee, institué afin de se pencher sur l’élimination de la violence domestique, présidé par le Premier ministre, a été créé en 2020. Le comité est composé du Premier ministre adjoint, du vice-Premier ministre et de 11 ministres. La première action du High Level Committee a été l’adoption de la stratégie nationale et du plan d’action du comité sur l’élimination de la violence domestique en novembre 2020. Ceux-ci visent à lutter contre la violence basée sur le genre grâce à une approche multisectorielle et holistique adaptée aux spécificités culturelles et institutionnelles uniques de l’île Maurice.

« Le plan d’action est divisé en quatre sous-stratégies. Ces dernières ont pour but de s’attaquer aux causes profondes de la violence domestique en transformant les normes sociales, en coordonnant les services de soutien, en combattant les pratiques discriminatoires institutionnelles et en établissant des modèles de responsabilité solides. Seize ministères et vingt-quatre organismes parapublics et autres font partie de cette stratégie nationale et de ce plan d’action en tant qu’organismes principaux et collaborateurs », fait-on comprendre.

Différents types de violence

Au sein du ministère de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille, on indique qu’il existe plusieurs types de violence. Notamment la violence physique, sexuelle, psychologique, économique et émotionnelle. « Toute personne civilement ou religieusement mariée à une personne de sexe opposé, cohabitant ou ayant cohabité avec une personne de sexe opposé en tant que mari et femme, ou ayant un enfant commun avec cette personne, peut solliciter une protection. De même, les enfants légitimes, illégitimes, biologiques, reconnus ou non reconnus, ainsi que les enfants de l’autre conjoint, les enfants placés en famille d’accueil et les enfants adoptifs, peuvent également demander une protection », fait savoir un représentant du ministère qui a été sollicité vendredi soir au téléphone.

Amendes et prison

Les victimes de violence domestique sont protégées par des ‘protection orders’, ‘occupation orders’ ou ‘tenancy orders’. Le ministère rappelle qu’il est illégal de ne pas respecter ces mesures de protection. « La police doit enquêter sur les individus qui enfreignent la loi. Ces derniers sont passibles d’une amende pouvant atteindre jusqu’à Rs 50 000 et d’une peine d’emprisonnement ne dépassant pas un an lors d’une première condamnation ; et jusqu’à Rs 100 000 et deux ans d’emprisonnement lors d’une deuxième condamnation. Pour une troisième condamnation ou plus, la peine d’emprisonnement ne doit pas excéder cinq ans », précise un haut cadre du ministère, sous le couvert de l’anonymat.

Notre source rappelle que le gouvernement a également lancé l’application ‘L’ESPWAR’ pour faciliter la dénonciation des cas de violence domestique. Cette application permet aux utilisateurs d’entrer en contact avec le ministère de l’Égalité des genres et offre un moyen de signaler des cas de violence domestique et de maltraitance infantile.

La parole aux victimes

Le ministère a mis Le Dimanche/L’Hebdo en contact avec quelques victimes de violence domestique. Ces dernières se sont exprimées sous le couvert de l’anonymat. L’une d’entre elles est domiciliée aux Résidences Anoushka. « Depi 38 an, mo marie avek mo mari, nou ena set zanfan ansam. Nou finn gayn deo ek deba.  Me avek letan nou relasion finn degrade. Sak fwa mo mari bwar li vinn violan anver mwa. Linn mem sipoze mo ena enn lot dimounn dan mo lavi. Kan li vinn violan mo apel lor 139 e mo dimann asistans lapolis. Kan bann ofisie koz ar li, li kalme e li al dormi. Malgre ki ban ofisie minister explik mwa bann servis ek propoz mwa pou al dan shelter pou mo sekirite monn touzour refize ek mo ress dan mo lakaz. Me an zanvie 2022 monn fer enn aplikasion pou enn ‘Protection Order’ la kour Curepipe avek soutien Brigade Pour la Protection de la Famille Vacoas. Monn gayn mo Protection Order an mars 2022. Protection Order la al pou enn lane », explique M.H.P, une mère de famille.

« Depuis 15 ans, je vis en concubinage avec mon partenaire. Nous avons deux enfants. Durant toutes ces années, j’ai enduré un véritable calvaire, mais mes sentiments envers mon concubin m’ont toujours poussée à le pardonner. À plusieurs reprises, il m’a battue, et j’ai dû me rendre à l’hôpital pour demander de l’aide à la police. Car lorsque mon partenaire consommait de l’alcool, il devenait incontrôlable. J’ai appelé la police et composé le 139 à plusieurs reprises pour solliciter de l’assistance. Mais la dernière fois, j’ai finalement dû me réfugier dans un abri car je n’en pouvais plus. Cependant, quelques semaines plus tard, je suis retournée chez moi avec mon partenaire. J’ai alors pris rendez-vous avec un officier du ministère pour discuter avec lui de la situation et lui faire comprendre que cette situation ne pouvait plus durer. J’ai déposé une demande d’ordonnance de protection à quatre reprises entre 2018 et 2020, mais je n’ai jamais pu aller jusqu’au bout de la procédure », témoigne B. A. J, une autre mère de famille de 41 ans. Cette dernière est domiciliée à Curepipe.

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