Face à la flambée des prix, le gouvernement envisage de venir de l’avant avec de nouveaux plans d’aide pour soulager les consommateurs. C’est ce qu’a indiqué le ministre des Finances, Renganaden Padayachy.
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Les Mauriciens sont désespérés. Leur portefeuille continue de subir de plein fouet la flambée des prix des produits alimentaires. Avec la récente hausse du prix du carburant et l’invasion russe en Ukraine, il n’y a aucun signe d’amélioration. Bien au contraire, les consommateurs mauriciens risquent de payer plus cher pour les produits de base importés. Le riz, les produits à base de blé, l’huile comestible, le lait en poudre, entre autres, pourraient coûter plus cher. Toutefois le ministre des Finances Renganaden Padayachy dit travailler sur un plan d’aide pour soulager les consommateurs.
Réduire voire supprimer certaines taxes
L’économiste Takesh Luckho soutient que l’une des politiques recommandées par la Banque mondiale dans le cadre de la crise de Covid-19 est la révision temporaire des taxes. « En effet, c’est une mesure qui peut soulager dans le court terme. À Maurice, il serait souhaitable que la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 15 % soit revue à la baisse », dit-il.
Il est aussi d’avis que certaines taxes sur le carburant peuvent être supprimées. « Il y a déjà un budget d’environ Rs 90 milliards pour la Road Development Authority (RDA). Donc, les automobilistes ne sont pas obligés de payer la taxe pour la RDA sur le carburant », estime-t-il. Pour lui, la réduction ou suspension des taxes peut se faire temporairement, jusqu’à ce que la situation sur le plan économique s’améliore.
Pour sa part, Mosadeq Sahebdin, président de la Consumer Advocacy Platform (CAP), est d’avis qu’il y a trop de taxes et des droits d’accises élevés sur le carburant. « Si le gouvernement réduit certaines taxes pour faire baisser le prix du carburant, les prix d’autres produits deviendront plus abordables. »
Selon Claude Canabady, secrétaire de la Consumers’ Eye Association, il faut identifier une corbeille de la ménagère avec au moins une vingtaine de produits qui sont prisés par ceux au bas de l’échelle. « La réduction de la TVA sur ces produits soulagerait les consommateurs », dit-il. En même temps, il pense qu’il faut taxer les produits de luxe.
Extension de la période des subventions
Grâce à une subvention de Rs 500 millions de l’État, les prix de 243 produits avaient été revus à la baisse le 12 juillet. Cette mesure a été renouvelée jusqu’à juin 2022. Mosadeq Sahebdin note que les subventions sur certains produits alimentaires de base depuis juin 2021 ont fait leurs preuves. « Avec l’imposition d’un Maximum Price, les consommateurs ont échappé à d’éventuelles hausses. Mais avec la guerre entre la Russie et l’Ukraine, les prix au niveau mondial vont encore grimper. »
De ce fait, il est d’avis que le gouvernement devrait étendre la période de subventions au-delà de 31 juillet 2022. « Les subventions doivent être maintenues jusqu’à ce que la situation au niveau mondial se stabilise », préconise-t-il. C’est un avis que partage Suttyhudeo Tengur, président de l’Association pour la protection de l’environnement et des consommateurs. « Grâce à ces subventions, les Mauriciens ont été sauvés d’une plus forte perte du pouvoir d’achat depuis ces quelques derniers mois », explique-t-il.
Élargir la gamme des produits subventionnés
En l’absence d’un contrôle de prix, dans le cadre de la libéralisation du commerce international, Suttyhudeo Tengur est d’avis que le ministre des Finances devrait élargir la gamme des produits subventionnés. C’est afin que les personnes au bas de l’échelle puissent avoir un plus grand choix.
« Cela dit, il ne faut pas oublier les coûts des services et les prix des médicaments qui requièrent un certain contrôle. La santé de la population dans le privé coûte extrêmement cher », déplore-t-il. Ainsi, il estime que le gouvernement devrait trouver une formule pour que les prix des médicaments sur le marché soient à la portée de tout le monde.
Nouveaux marchés
C’est un fait que Maurice est grandement dépendant de l’importation en approvisionnement des produits alimentaires. D’ailleurs, plus de 85 % des produits consommés à Maurice viennent de l’étranger. Takesh Luckho est d’avis qu’il est grand temps de chercher de nouveaux marchés plus abordables pour s’approvisionner.
« Par exemple, les produits en provenance d’Europe coûtent beaucoup plus chers que ceux importés d’Afrique du Sud ou de la Turquie. Avec le soutien du gouvernement, les importateurs mauriciens peuvent négocier de meilleurs prix avec des fournisseurs dans ces marchés », indique-t-il.
Révision de la politique monétaire
Mosadeq Sahebdin est catégorique. Pour lui, une des raisons principales derrière la cherté des produits importés est la dévaluation de la roupie mauricienne face aux autres devises étrangères. « Avec une monnaie faible, nous payons plus cher pour les produits. Le gouvernement, à travers la Banque de Maurice, doit venir de l’avant avec des mesures monétaires pour valoriser la roupie », propose-t-il.
Sanctions sévères contre les pratiques malsaines
Alors que les prix flambent, certains commerces ne ratent pas l’occasion de se remplir leurs poches. C’est ce que déplore le président de la CAP. « Il y a des commerces qui profitent des circonstances pour créer des pénuries artificielles pour augmenter davantage les prix. De nombreux consommateurs se sentent asphyxiés par les prix exagérés », soutient Mosadeq Sahebdin.
Selon lui, cela concerne notamment les importateurs des médicaments. Un avis que partage Suttyhudeo Tengur. « Le gouvernement doit sanctionner sévèrement ces commerces malhonnêtes. »
La responsabilité des consommateurs
Les autorités et les opérateurs seuls ne pourront pas faire face à la flambée des prix. C’est du moins ce que pensent nos interlocuteurs. Selon eux, les consommateurs aussi doivent jouer le jeu en se montrant plus responsables. « Durant cette période de crise sans précédent, les consommateurs doivent contrôler leurs dépenses et essayer de respecter leurs budgets », disent-ils.
Dans ce contexte, Takesh Luckho propose l’adoption de la stratégie « Smart Buying ». Il prend l’exemple d’une certaine marque de céréales qui coûte Rs 295 alors que son substitut se vend à Rs 100 moins cher. « Si on arrive à faire des petites économies sur l’achat des produits, à la fin du mois, ce sera un montant énorme qui va être économisé », avance-t-il. Selon les associations des consommateurs, les Mauriciens doivent être disposés à faire des sacrifices pour ne pas s’endetter.
Jaganathan Rangan : «Le mécanisme de subvention est dynamique et évolutif»
Le ministère du Commerce est en consultation avec les importateurs pour trouver des solutions face à la hausse des prix au niveau mondial. C’est ce qu’a affirmé Jaganathan Parasivam Rangan, secrétaire permanent du ministère du Commerce sur Radio Plus. Il a fait ressortir que le mécanisme de subvention est « dynamique et évolutif ».
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