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Finance Bill : la retraite à 60 ans ne sera  bientôt  qu’un souvenir

65 ans deviendront la nouvelle norme.

Le Finance Bill 2025 confirme le tournant amorcé par le gouvernement en matière de retraite. L’option permettant aux travailleurs de partir à la retraite à 60 ans sera abolie. Le texte remplace toutes les références à « l’âge de 60 ans » par « l’âge de la retraite » (65 ans) dans la National Pensions Act et la National Savings Fund Act.

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Toute référence explicite sera rayée des textes de loi

Le Finance Bill 2025 apporte une modification majeure à la législation sur la retraite. Le texte prévoit une révision de la National Pensions Act et de la National Savings Fund Act, en remplaçant systématiquement l’expression « âge de 60 ans » par « âge de la retraite » (pension age). Concrètement, cette modification supprime toute référence explicite à l’âge de 60 ans comme seuil d’éligibilité à la pension. Désormais, l’âge de la retraite est celui défini par les autorités comme « pension age », soit 65 ans selon la nouvelle politique gouvernementale.

Cette modification touche notamment :

  • La National Pensions Act, où toutes les mentions de « 60 ans » seront supprimées au profit de « pension age » ; 
  • La National Savings Fund Act, notamment à l’article 2, dans la définition de la retraite, où l’alinéa (b)(ia) sera modifié de la même manière. 

Ces changements juridiques confirment l’orientation prise dans le Budget 2025 : faire de 65 ans la nouvelle norme.

Ce qu’en pensent… 

Me Dev Ramano, avocat : « La pension est un droit, pas une aumône » 

« Les travailleurs ont l’option de prendre leur retraite à 60 ans même si l’âge légal de départ à la retraite est à 65 ans. Avec la réforme des pensions et les amendements qui seront apportés à la loi, cette option disparaîtra », prévient Me Dev Ramano. 

Pour l’avocat, cette réforme affectera directement le monde du travail et remettra en cause des acquis obtenus après plusieurs décennies de lutte, notamment la pension de vieillesse à partir de 60 ans. « C’est un recul majeur. Plus grave encore, cela s’inscrit dans une logique néolibérale appliquée depuis plus de 25 ans », soutient-il. 

Il rappelle que dans les années 2000, la taxe sur les sociétés (corporate tax) est passée de 35 % à 15 %, une décision prise sous le gouvernement Ramgoolam avec Rama Sithanen comme ministre des Finances. « Cette décision a entraîné un manque à gagner important pour l’État, creusant un trou dans les revenus tout en alourdissant la dette et la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui. Pour compenser, le gouvernement s’en prend aujourd’hui à la pension de vieillesse. C’est une injustice flagrante », déclare-t-il. 

Me Ramano rappelle qu’en 2008 déjà, cette logique s’était matérialisée par le remplacement de la Labour Act de 1975 par l’Employment Rights Act, affaiblissant les droits des salariés. « Aujourd’hui, on attaque les droits acquis, demain ce sera quoi ? ». 

Il critique également la mise en place d’un Income Support, qu’il juge indigne : « La pension est un droit, pas une aumône. On vous sort d’un statut de citoyen avec des droits pour vous placer dans une position d’assisté. Cela ouvrira la voie à des enquêtes intrusives et à l’humiliation. Les bénéficiaires devront supplier pour qu’on leur accorde un soutien. »

Adilla Diouman-Mosafeer, directrice de Talent Lab : «Cela garantit une main-d’œuvre expérimentée, mais perturbe la relève» 

Adilla Diouman-Mosafeer, directrice de Talent Lab et fondatrice de HR Café, exprime des réserves : « Je suis partagée par cette décision, surtout par la manière dont elle a été introduite, sans consultation des parties concernées, notamment celles qui seront les plus affectées. Une période de transition sur deux ou trois ans aurait permis aux travailleurs de mieux digérer ce changement, de rester motivés et aptes à exercer leur métier jusqu’à 65 ans. » 

Elle reconnaît cependant que la réforme est inévitable, dans un contexte de vieillissement de la population et de pression croissante sur la classe active. « Mais le faire de manière précipitée, sans empathie, crée un malaise », ajoute-t-elle. 

Pour ce qui est de l’abolition de départ anticipée à la retraite à 60 ans, elle est d’avis que cette mesure va assurer « qu’il y a une main-d’œuvre qualifiée à portée de main pour les entreprises car ces employés seront obligés de rester ». 

Cependant, poursuit-elle, dans certaines entreprises, où une vague de retraites était déjà planifiée, cela bouleversera les plans de relève. « Il risque d’y avoir un mal-être professionnel. Il faudra aussi redéployer les compétences en fonction de leurs aptitudes », souligne Adilla Diouman-Mosafeer.

Pour plus de clarté sur la retraite anticipé 

« Ce sera un choc pour de nombreux salariés s’ils ne peuvent plus partir en retraite anticipée », avertit un observateur. Il souligne la nécessité d’apporter des éclaircissements, notamment sur la possibilité, pour ceux bénéficiant d’une pension privée, de prendre leur retraite avant 65 ans. 

Autre point à préciser : le Portable Retirement Gratuity Fund (PRGF). « Sera-t-il désormais versé à 65 ans au lieu de 60 ? », se demande-t-il. Un actuaire rappelle que chaque régime de pension a ses propres règles concernant l’âge de la retraite. 

« Pour les pensions privées, établies entre une entreprise et un salarié, l’âge minimum de départ est généralement fixé au-delà de 55 ans », indique-t-il. Quant à Me Dev Ramano, il estime que les entreprises offrant des plans de retraite privés pourraient finir par adopter la même orientation que celle décidée par le gouvernement.

 

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