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Fin de l’aventure : AirAsia X s’en va à tire-d’aile

AirAsia X AirAsia X a informé les agences de voyages que son dernier vol sur Plaisance est prévu le samedi 25 mars.

La lune de miel s’achève après cinq mois. La compagnie aérienne malaisienne, adepte des prix cassés, plie bagage. Son dernier vol est prévu le samedi 25 mars. Megh Pillay estime que cette posture était prévisible.

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Bali ou Perth à prix cassé, c’est bel et bien terminé ! AirAsia X a annoncé dans la journée de lundi qu’elle tire définitivement un trait sur Maurice, brisant le rêve de milliers de Mauriciens qui prévoyaient de partir à la découverte des pays de l’Asie du Sud-Est cette année. À la surprise générale, après moins de cinq mois d’opération, la compagnie d’aviation low-cost malaisienne a transmis un communiqué aux agences de voyages locales pour leur signaler que son dernier vol sur Plaisance est programmé le samedi 25 mars.

Les clients qui ont réservé leurs billets bien à l’avance seront remboursés, à leur plus grand déplaisir. « La surprise est totale. Notre plus grand problème, c’est que des clients n’arrivent pas à comprendre qu’AirAsia X cessera de desservir Maurice. Certains dissimulent mal leur colère. J’ai une cliente qui avait payé un billet à Rs 8 000. Elle me dit : ‘Mo pale kas, mo le vwayaze’. D’autres, qui sont en Australie, ont paniqué. Ils ont cru qu’ils ne pourraient pas rentrer », soupire Charles Ng de l’agence Atom Travel.

« C’est un choc. Les clients sont particulièrement déçus. J’espère que la saine concurrence qui s’était installée avec l’arrivée d’AirAsia X continuera. En cassant les prix, elle avait permis de démocratiser le voyage. Espérons que les prix ne prendront pas l’ascenseur », enchaîne Varsha Ramchurn de l’agence Silver Wings Travel et présidente de la Mauritius Association of IATA Travel Agents (MAITA).

« Zafer la ankor tro so pou koze », lâche laconiquement une source chez Rogers Aviation qui agit comme General Sales Agent (GSA) pour AirAsia X. Après réception du mail de la société malaisienne, Rogers Aviation a expliqué, dans un communiqué, que la décision d’AirAsia X découle d’un « network restructuring exercise ». La compagnie malaisienne a indiqué, plus tard lundi après-midi, qu’elle souhaite se concentrer sur ses marchés porteurs : l’Australie, la Chine, la Corée du Sud, le Japon et Taïwan.

Conséquences sur le marché

« Bliye aster voyager pou pey bo marse. Pou bizin pey pli ser ! Ils prétendaient que 50 % de leurs clients étaient Mauriciens. Je ne vois pas trop comment. Je vois mal 250 à 300 Mauriciens prendre les vols d’AirAsia X chaque semaine. C’est une compagnie en quête de profits faciles, un point c’est tout », s’indigne le gérant d’une agence qui préfère garder l’anonymat par crainte de représailles.

« Le marché asiatique est très important pour Maurice. AirAsia X permettait à Maurice de toucher ce marché, car il ne faut pas oublier qu’elle est une géante dans cette région. Les raisons de son retrait ne sont pas claires. Son départ affectera certainement la croissance sur le marché », fait ressortir l’ex-nº 2 du gouvernement Xavier-Luc Duval.

« La cessation des opérations pourrait augurer de nouvelles perspectives pour la compagnie nationale d’aviation », a déclaré sur Radio Plus Georges Chung, conseiller du Premier ministre. Il y voit une opportunité pour Air Mauritius de s’engouffrer dans le couloir desservant Kuala Lumpur. Au lieu de trois vols, il propose quatre à cinq dessertes.

Ce départ ne surprend pas Megh Pillay, ex-Chief Executive Officer d’Air Mauritius. « C’était prévisible. S’il n’y a pas de demandes, elle ne restera pas. Même si elle est une compagnie low-cost, elle ne peut couvrir ses frais opérationnels sans l’injection massive de subsides et de primes d’incitation », fait-il ressortir. « On n’a jamais vu autant de capacité déployée et à des prix aussi bas. Il est clair, malgré tout, que cela n’a pas attiré les touristes asiatiques comme promis », dit-il.

« Les Singapouriens et les Malaisiens ne sont pas de grands voyageurs ou n’ont pas autant d’intérêt à venir passer des vacances sur l’île, comme certains veulent le croire. 

Dans l’aviation commerciale, l’offre de la capacité en sièges suit la demande de voyages. Croire ou faire croire le contraire relève de la pure naïveté », analyse Megh Pillay. Il considère que ceux qui ont voulu vendre du rêve au gouvernement ont plutôt fait perdre du temps et de l’argent à Air Mauritius.

« Ouvrir notre marché à un tel opérateur en période de pointe, sachant qu’il partira dès la première basse saison, permet un écrémage de marché, qui ne peut qu’être préjudiciable à Air Mauritius. Cela ne peut pas non plus être bénéfique à la poursuite de nos objectifs en matière d’expansion du tourisme », avance Megh Pillay.

 

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