Les « royalties » attribuées aux artistes dans le domaine musical demeurent un débat perpétuel. Toutefois, la vente de musique sur des plateformes de streaming jouit d’une meilleure transparence et les chanteurs suivent facilement les redevances qui leur sont dues.
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La musique n’est pas qu’un divertissement. Pas qu’une forme d’expression. La musique est aussi le gagne-pain de plusieurs artistes. À l’occasion de la Fête de la musique célébrée ce mardi 21 juin, force est de constater qu’ils se retrouvent à investir plus d’argent à partager leur passion qu’ils n’en gagnent. Les redevances issues de la diffusion de la musique ne suffisent pas toujours. À l’ère du numérique, cela est appelé à changer.
Johnny Legraveur, de son nom d’artiste Jah Mike, ne dit pas le contraire. Cela fait 18 ans depuis qu’il fait de la musique. Ce n’est que récemment qu’il a commencé à bénéficier de conseils pour vendre de la musique en ligne. « Cela fait quatre ans que j’envoie ma musique à CD Baby, un distributeur de musique en ligne. Il se charge ensuite de placer les chansons de mon deuxième album solo ‘Enn lot kouler’ sur les plateformes de musique en streaming. Il calcule automatiquement les redevances par rapport aux données recueillies », explique Jah Mike.
Il ajoute que ces données sont faciles d’accès et permettent aux chanteurs de connaître le nombre de personnes qui écoutent la chanson et le pays d’origine des mélomanes. D’ailleurs, la diaspora mauricienne profite des plateformes de streaming pour accéder à la musique locale. « Elle représente une importante part de marché », dit-il.
Selon Jah Mike, pour obtenir plus de « royalties », il faut savoir promouvoir sa musique et accroître sa visibilité sur les plateformes de streaming. « Pour l’instant, je touche les redevances tant sur ma musique en ligne qu’en support CD. »
Concernant les redevances issues de l’exploitation de sa musique à des fins commerciales, Jah Mike a des doutes. « Quand il est l’heure de toucher les ‘royalties’ offertes par la Mauritius Society of Authors (MASA), la somme est modique. Cela fait des années que les artistes demandent une restructuration de cet organisme pour avoir plus de transparence », déplore l’interprète de « Kabane Sega ».
Jah Mike raconte qu’il a fait partie du groupe Mighty Jah dont le premier album est sorti en 2004. « Il nous a fallu deux ans pour trouver un producteur. Selon les modalités, les chanteurs touchent 30 % des gains sur la vente de chaque CD. Cela ne suffit toutefois pas pour vivre de la musique », fait-il comprendre. C’est pour cela qu’il travaille dans la menuiserie.
Il fait ressortir qu’à l’époque, le piratage était l’ennemi principal des supports CD. « Avec les plateformes de streaming et les clés USB, nous aurons une meilleure gestion mais il nous fait un cadre régulateur en place », souhaite-t-il.
Ashis Ramphul, 26 ans, fait de la musique depuis 2017. Depuis ses débuts, il fait confiance aux plateformes de streaming en ligne, YouTube et les réseaux sociaux pour diffuser sa musique. « J’ai commencé par faire des ‘covers’ de morceaux de Bollywood avant d’écrire, interpréter et composer mon premier titre. Je me suis directement tourné vers les plateformes en ligne car le support CD commençait à disparaître. En parallèle, les mélomanes étaient plus connectés sur leur smartphone », indique cet habitant de l’Escalier.
Depuis, il privilégie les plateformes de streaming pour publier, distribuer et diffuser sa musique. « L’ère numérique permet de faire, partager et promouvoir la musique plus facilement et à moindre coût. Les ‘royalties’ issues des plateformes de streaming m’ont déjà rapporté environ 60 dollars pour la chanson ‘Suhana Safar’. Et il est plus facile de suivre la démographie et la tendance de ceux qui écoutent de la musique. » Néanmoins, il est d’avis qu’actuellement, les artistes mauriciens ne peuvent pas se fier uniquement aux redevances sur les plateformes de streaming pour gagner leur vie.
Shanny Ramsamy, 26 ans, abonde dans le même sens. « Il est assez difficile de gagner de l’argent en ligne à partir de la musique, à moins que votre musique n’ait des millions et des millions de ‘streams’. »
À Maurice, la plupart des revenus d’un artiste proviennent généralement des spectacles en direct, « tandis que seule une petite part provient des plateformes de streaming en ligne », dit cette Marketing Lead de profession. Cela fait 11 ans qu’elle a lancé sa chaîne YouTube. Elle y publie régulièrement des « covers ».
Ses morceaux originaux vont sur les principales plateformes de streaming comme Spotify, iTunes et Deezer. La chanteuse partage aussi sa musique sur Facebook, TikTok et Instagram.
Shanny Ramsamy est d’avis qu’il est plus facile et plus rapide de partager sa musique sur les réseaux sociaux car il ne faut seulement qu’un appareil d’enregistrement et une connexion WiFi. « Je reçois également les commentaires des auditeurs et je peux converser avec eux régulièrement par le biais des publications et des messages. Cela m’aide à renforcer le lien avec mon audience. »
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