Chitra Janoo n’arrive toujours pas à accepter que la benjamine de ses cinq enfants n’est plus. La veuve qui l’a élevée à la sueur de son front raconte comment le présumé meurtrier l’a séduite alors qu’elle n’avait même pas 14 ans.
Des recherches à Mare-aux-Vacoas
La Criminal Investigation Division (CID) de Grand-Bois concentre ses recherches dans la région de Mare-aux-Vacoas. Les enquêteurs soupçonnent que cet adepte de la pêche se cacherait dans les chassés entourant le réservoir. Ils avaient déjà organisé une battue dans la région de Souillac, La-Roche-Qui-Pleure, à Pointe-aux-Roches et Rivière-des-Galets depuis le début de la semaine.
Chitra Janoo, 67 ans est une mère meurtrie. Sa fille, Lockmee Dussoye, aussi connue comme Jyoti, a connu une fin atroce à l’âge de 30 ans. Son époux, Sandeep, est fortement soupçonné de l’avoir étranglée dans la nuit de dimanche à lundi après une soirée arrosée à l’occasion du « raksha bandhan ». Le corps de cette mère de deux enfants a été découvert par nul autre que sa benjamine de 12 ans au domicile de Chitra Dussoye, à Grand-Bois, dans le sud.
Porté disparu depuis la découverte macabre, Sandeep, un natif de Souillac âgé de 35 ans, est toujours recherché par la police criminelle. « J’ai eu cinq enfants. Quatre fils et une fille. Jyoti était la benjamine. ‘Li ti tu pu mwa’ », pleure la sexagénaire. Il ne lui reste plus que des souvenirs des moments passés avec sa fille. Celle-ci n’a pas connu son père, Omnath, emporté par la maladie alors qu’elle était encore en bas âge.
La connaissance de Sandeep
« Elle avait deux ans lorsque son père a disparu », explique la sexagénaire. Seule, c’est à la sueur de son front qu’elle a élevé ses cinq enfants. Jyoti a été une élève appliquée et a poursuivi sa scolarité au collège Windsor, à Rose-Belle. C’est alors qu’elle avait fait la connaissance de Sandeep. « Elle n’était encore qu’une enfant. Jyoti m’avait caché cette relation », se souvient Chitra.
C’est Kiran, l’un de ses frères qui a découvert cette liaison. « Mo garson, enn zour, inn truve ena enn mark dan so likou », poursuit-elle. Pressée de questions, Jyoti avait fini par avoué à ses proches avoir trouvé l’homme de sa vie. « Mo tifi ti bon kamarad avec ser sa garson-la. Me mo pa ti dakor ki mo tifi kontan li, li ti tro zenn », relate Chitra. « Li ti extra kontan Sandeep », se désole-t-elle.
Enceinte
Le temps n’a fait que rapprocher davantage les deux tourtereaux. Elle a cessé sa scolarité. A l’âge de 17 ans, elle est tombée enceinte. « Un beau jour, elle nous a annoncé qu’elle attendait un enfant », se rappelle sa mère. Les proches de Sandeep sont aussitôt informés et décident de les marier.
« Au vu des circonstances, je ne pouvais pas rejeter ma fille », fait ressortir Chitra. Une phrase de Jyoti résonne encore dans sa tête. « Li dire mwa : ‘Ma mo kontan li, mem si li al ress enba enn pye, mo pu swiv li’ », déclare la sexagénaire. Après leur union, le couple est parti s’installer dans une maison qu’il louait à La Flora.
Quand il picolait, il devenait violent."
Mettant de côté son ressentiment, Chitra s’est dite qu’il fallait donner sa chance à Sandeep. « Mo ti pe get li koma lor », dit-elle. Après Girish, Jyosita est née un an plus tard. Au fil de ces années, malgré des moments de joie et de bonheur avec son époux, Jyoti cachait aussi des moments de détresse. « Sandeep ti pe bat mo tifi. Li telman timid, li pa oule dire nanie. Li ti pe kasiet pese so misie », confie Chitra.
Instabilité
« Mon gendre ne travaille pas. Il lui arrive de vivre de petits boulots. Il exerce comme maçon par moment ou à l’installation des tentes. En plus, il doit payer le loyer », énumère la sexagénaire. Sandeep, rongé par son instabilité, se réfugiait dans l’alcool. Mais quand il picolait, il devenait violent. « Li bwar, lerla li lev lamé lor mo tifi », insiste Chitra.
Il y a deux ans, le couple et leurs deux enfants sont venus s’installer à Grand Bois. « Il n’arrivait plus à payer le loyer et le propriétaire l’a mis à la porte », explique la sexagénaire. Elle n’a pas hésité à accueillir son gendre et ses petits-enfants. « Mo’nn donn zot de lasam. Mo pa rant dan zot zafer selman », precise-t-elle. Un jour, n’en pouvant plus, Jyoti avait fini par révéler à sa mère ce qu’elle subissait.
« Il l’avait frappée. Je suis alors partie lui parler. Mon gendre m’avait alors assurée que cela ne se reproduirait plus et qu’il allait bien s’occuper de ma fille », glisse-t-elle. Mais dans les faits, rien n’avait changé. « L’autre jour j’ai vu ma fille sortir de sa chambre en pleurant. Je suis allée vers elle pour en connaître la raison. Elle me n’a rien dit. J’ai alors dit à Sandeep ‘ki tonn fer mo tifi enkor ? li dir mwa nanier’ », se souvient-elle.
«raksha bandhan»
Ce dimanche 15 août, c’était le « raksha bandhan » où l’on célèbre l’amour d’un frère pour sa sœur et où le frère promet de protéger celle-ci. Sandeep est revenu du travail plus tôt que prévu et il s’est rendu avec Jyoti à Rose-Belle. « Tout s’est bien passé. Elle voulait manger du riz frit. Nous nous sommes tous mis à la tâche pour lui faire plaisir. Un ami de Sandeep est arrivé et ils se sont rendus dans leur chambre pour consommer de l’alcool. Puis je me suis couché à 20 heures », indique Chitra.
Elle ne pouvait imaginer que c’était la dernière fois qu’elle voyait sa fille en vie. Depuis ce drame, elle a perdu l’appétit et n’arrive pas à ôter de son esprit les souffrances que celle-ci a dû endurer. « Aster-la mo disan bouwi kan mo mazine so misie », fulmine-t-elle.
Fiya, sœur de Sandeep :« Je la considérais comme ma propre soeur »
Fiya, la sœur de Sandeep est elle aussi bouleversée par ce drame qui afflige les deux familles. « Mon frère et Jyoti se connaissaient depuis le collège. Ils s’aimaient. Elle a toujours été une fille sympa, gentille. Nous n’avons jamais eu de problèmes avec elle. Je la considérais comme ma propre sœur. Je ne sais pas si mon frère a pu commettre un tel geste, car nous ne les voyons pas souvent. C’était leur vie privée », lâche-t-elle.
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