Le renouvellement du contrat du Commissaire de police a ravivé les tensions au sein de l’alliance gouvernementale. À la veille du comité central du MMM, les réserves ignorées et les divergences récurrentes placent Paul Bérenger face à un choix décisif, sous l’œil inquiet des observateurs.
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Le samedi 15 novembre, les spéculations autour du « départ éventuel » de Paul Bérenger ont dominé les conversations. Les observateurs tentaient d’anticiper les conséquences d’une telle rupture, alors que pour certains, l’accalmie récente laissait penser que l’alliance s’était quelque peu ressoudée. L’historien et observateur politique Jocelyn Chan Low avait pourtant averti que la situation restait volatile, comparant l’alliance à une « marmite à pression » prête à exploser à tout moment. Selon lui, deux manières de penser coexistent au sein d’un gouvernement : soit un ministre respecte la responsabilité collective et se tait, soit il démissionne. Dans un cadre d’alliance où se côtoient un Premier ministre et un vice-Premier ministre, les compromis deviennent plus complexes. Les tensions étaient donc, selon lui, presque inévitables.
Pour Jocelyn Chan Low, la posture de Paul Bérenger s’explique également par son parcours. Il rappelle qu’en tant qu’ancien vice-Premier ministre et ancien Premier ministre ayant déjà dirigé le pays, Paul Bérenger agit avec un ensemble de principes très clairs. Dès lors, les frictions, notamment lorsqu’il estime ne pas être écouté, étaient difficilement évitables. Selon l’observateur, en renouvelant le contrat du CP tout en ignorant les réserves de son vice-Premier ministre, Navin Ramgoolam lui aurait « montré la porte de sortie ». Il souligne que le choix du PM d’étendre le contrat sur une année — et non sur trois mois — constitue un geste fort, qui confirme son autorité. Ce schéma se retrouve également dans le dossier de la réforme électorale, où le Premier ministre aurait montré qu’il ne souhaitait pas avancer sous contrainte.
Pour l’historien, la friction ne provient pas uniquement de cette décision récente. Il estime que la position de Paul Bérenger s’est fragilisée au sein même du MMM, notamment au sein du bureau politique. Certains ministres auraient résisté à l’idée d’un départ du gouvernement, ce qui aurait isolé le leader mauve. C’est pourquoi le comité central du lundi 17 novembre prend une importance décisive : il s’agit de l’instance qui peut légitimement valider une démission. Il rappelle que Paul Bérenger, en tant que leader d’un parti structuré, ne peut annoncer une démission sans consulter ses membres. Sans cette consultation, un départ serait perçu comme une désertion, ce qui pourrait avoir un coût politique considérable.
De son côté, Jean-Luc Mootoosamy, directeur de Media Expertise Suisse, met en avant une autre dimension. Il souligne que Paul Bérenger est un leader de parti attaché à des principes qui, selon lui, doivent guider sa participation au gouvernement. Ces exigences sont compréhensibles, estime-t-il, mais elles se heurtent à la réalité d’un gouvernement dirigé par un Premier ministre qui ne partage pas toujours les mêmes priorités. Selon Jean-Luc Mootoosamy, Paul Bérenger semble être arrivé à un point où faire des concessions lui devient difficile. Cela crée, selon lui, une ambiance générale de tension dans le pays, perceptible au-delà même des cercles politiques.
Le député travailliste Farhad Aumeer observe également que la situation actuelle ne rassure guère la population. Il insiste sur la nécessité de retrouver rapidement une stabilité politique, essentielle tant pour le fonctionnement du gouvernement que pour celui de l’alliance. Il rappelle que le Premier ministre, élu pour diriger le pays, détient des prérogatives constitutionnelles non négligeables. Selon lui, ces prérogatives doivent rester intactes : le PM peut consulter, mais doit pouvoir décider en son âme et conscience. Il affirme qu’il ne considère pas que le Premier ministre cherche à pousser Paul Bérenger vers la sortie. D’après lui, Navin Ramgoolam prend simplement ses décisions « dans l’intérêt supérieur du pays ». Si Paul Bérenger décidait de démissionner, cela ne devrait pas trop affecter l’alliance, car le PTr dispose d’une majorité confortable, avance-t-il.
Pour Jean-Luc Mootoosamy, un éventuel départ de Paul Bérenger provoquerait, malgré tout, un affaiblissement. Mais il soutient que la vie politique n’aime pas les vides : la place finirait par être comblée. Il souligne également que Navin Ramgoolam et Paul Bérenger n’en sont pas à leur première expérience d’alliance. Le Premier ministre communique peu publiquement sur ces divergences, ce qui laisse penser qu’il suit sa propre stratégie, encore inconnue.
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