
Un faux message alarmiste évoquant un cancer en phase terminale a piégé plusieurs contacts. Pour Didier Samfat, cette attaque prouve l’urgence de créer une Cyber Authority indépendante et réactive.
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Un faux message dramatique, envoyé depuis des adresses frauduleuses, a semé la panique parmi les contacts d’un particulier ce week-end. Le contenu de l’email, rédigé dans un ton alarmiste et évoquant un cancer en phase terminale, laissait entendre que l’auteur allait prochainement solliciter un service urgent. Ce scénario bien rôdé illustre une tactique de manipulation émotionnelle, destinée à piéger les destinataires. Il s’inscrit dans une tendance inquiétante : le clonage de boîtes mail à des fins malveillantes.
Didier Samfat, expert en cybersécurité, y voit une preuve flagrante de l’urgence de doter le pays d’une véritable Cyber Authority. Selon lui, le cadre actuel, bien que soutenu par une équipe compétente au sein des Casernes centrales, reste insuffisant face à l’ingéniosité et à la fréquence croissante des attaques numériques.
« Lorsqu’un cas de cyberharcèlement ou de piratage de messagerie est détecté, une telle autorité spécialisée permettrait de réagir immédiatement, avec des experts en informatique, comme cela se fait déjà à Singapour ou ailleurs », insiste-t-il. Pour Didier Samfat, l’efficacité repose sur l’expertise technique et la réactivité, deux qualités souvent mises à mal par la lourdeur administrative locale.
L’exemple du message piraté n’est pas anodin. Pendant trois jours, plusieurs contacts ont reçu une série d’emails alarmants sur l’état de santé d’un proche, incitant à la compassion avant d’amorcer une probable tentative d’escroquerie. Ce type d’attaque repose sur une mécanique psychologique éprouvée, souvent utilisée pour extorquer de l’argent ou des informations sensibles.
Pour éviter de telles situations, Didier Samfat recommande de déposer une plainte auprès de la police, faire un signalement via l’application cert.mu, qui permet parfois de remonter jusqu’à l’adresse IP de l’attaquant, ainsi que d’abandonner les services de messagerie peu sécurisés comme Hotmail et créer une nouvelle adresse avec un mot de passe robuste (minimum 12 caractères, mêlant chiffres, lettres et symboles).
L’avocat Nawaz Dhookee, spécialiste en télécommunications, évoque pour sa part un cas classique de clonage d’adresse : « Le pirate recrée une adresse proche de celle de la victime pour usurper son identité et accéder à son réseau de contacts. C’est un délit. » Il rappelle également que la Cyber Crime Unit de la police peut intervenir, mais que les ressources limitées rendent difficile la gestion de chaque cas individuel.
Alors que les cyberattaques se multiplient, l’appel à la création d’une autorité dédiée prend une nouvelle dimension. Pour Didier Samfat, seule une entité centralisée, équipée et formée aux réalités du numérique, permettra de véritablement protéger les citoyens des menaces invisibles du web.

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