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Entre sécheresse, restrictions et vannes serrées : Des opérateurs en apnée face à la crise de l’eau

Ceci n’est pas une œuvre d’art d’un peintre connu, mais bel et bien le tableau du désastre écologique qui se joue à Mare-aux-Vacoas, entre terre rouge et eau qui se tarit.

Avec un taux de remplissage des réservoirs tombé à 39,2 % et une sécheresse qui s’éternise, la Central Water Authority a pris des mesures, dont l’interdiction du lavage des véhicules à partir du 15 février. Mais pour les opérateurs de lavage automobile et autres entreprises tributaires de l’eau, cette situation est un véritable gouffre financier. 

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La crise de l’eau ne cesse de s’aggraver. Le taux de remplissage des réservoirs a chuté à un alarmant 39,2 %, une situation qui n’est pas près de se résoudre à court terme. Cette pénurie prolongée, exacerbée par la sécheresse persistante qui frappe durement le pays, plonge plusieurs secteurs dans l’incertitude. Pour tenter d’endiguer cette crise, la Central Water Authority (CWA) a adopté des mesures sévères. 

Au début du mois de février, l’organisme a annoncé l’introduction de restrictions draconiennes, dont l’interdiction formelle du lavage des véhicules à compter du 15 février. Cette décision, qui marque le début de la phase 2 du plan d’urgence, vise à optimiser les ressources en eau et à faire face à l’urgence. 

Parmi les plus touchés figurent les opérateurs de lavage automobile. Dirty to Clean, situé à Port-Louis, illustre parfaitement le dilemme auquel sont confrontés ces entrepreneurs. « Chaque année, c’est le même scénario. Depuis cinq ans, on nous laisse nous débrouiller. Nous n’avons aucune compensation et malgré nos efforts pour respecter, nos affaires subissent des pertes », confie le gérant, visiblement épuisé par cette situation récurrente.

Face à la pénurie d’eau, certains tentent d’adopter des méthodes moins gourmandes en ressources, comme le lavage à sec ou à la vapeur, mais ces techniques nécessitent un matériel spécifique que tous ne peuvent pas se permettre. 

« Nous arrivions à faire face jusqu’ici car nous avions des réserves d’eau, mais elles ont diminué. La situation ne fait qu’empirer. Avec la restriction, ce sera pire. Nous serons dans l’incapacité de fonctionner. Nous ne pourrons même pas acheter de camions d’eau pour opérer, alors que nos coûts fixes, eux, restent intacts : salaires, location et entretien », explique le gérant de Dirty to Clean, un brin désabusé.

Selon lui, la situation est d’autant plus frustrante que certains d’entre eux se heurtent à la concurrence déloyale exercée par des personnes qui opèrent dans l’illégalité sur la route de Port-Louis, faisant fi des restrictions et ne détenant aucun permis. « J’espère vraiment que les autorités vont nous prêteront une oreille attentive », plaide-t-il.

Les laveurs de voiture ne sont pas les seuls à souffrir de la pénurie d’eau et des restrictions. Flexi Clean, une entreprise spécialisée dans le nettoyage à haute pression pour divers secteurs (entrepôts de bétail, stations-service, maisons, terminaux urbains, routes…), se trouve également dans une situation précaire. 

« À partir du 15 février, avec la restriction sur l’usage de l’eau, nous devrons réduire nos activités. Financièrement, c’est une période compliquée. Nous devons trouver le moyen de faire face à la situation », explique le dirigeant de l’entreprise. Avec ses 15 employés, la firme lutte pour rester à flot. Le retour à la normale semble lointain. En attendant, elle cherche à tenir ses engagements tout en espérant des solutions face à cette crise insoutenable.

À Bobby Wash and Dry Cleaning Ltd, situé à Ville-Noire, la situation est tout aussi préoccupante. « Nous avons des contrats, mais faute d’eau, nous devons les refuser. Le manque d’eau nous oblige à réduire nos commandes. Cela impacte directement notre activité », indique le responsable. 

Les coupures fréquentes d’eau rendent la gestion du service encore plus ardue. « Dans le passé, j’ai dû acheter de l’eau en citernes, ce qui m’avait coûté Rs 40 000. Cette année, je suis encore dans cette situation.

J’en ai acheté encore. Mais là, je ne peux pas accepter de commandes », explique-t-il.

Avec dix employés à charge, l’entreprise se retrouve face à un dilemme de taille : continuer à verser les salaires, malgré un travail quasiment à l’arrêt, ou envisager un redressement que la crise rend incertain. « Cela devient intenable. Je continue de payer les salaires, mais je ne peux même plus fournir le service que l’on attend de nous », ajoute-t-il.

En sus de ces difficultés, le propriétaire de Bobby Wash and Dry Cleaning dénonce l’inefficacité de la CWA face aux fuites récurrentes d’eau. « Quand nous signalons un tuyau cassé, aucune action n’est prise. L’eau continue de s’échapper, inlassablement », déplore-t-il. Pour lui, cette gestion défaillante de l’eau, couplée à la perte massive de ressources, aggrave encore la crise. « L’île perd des quantités d’eau énormes à cause de fuites et cela s’ajoute à la pénurie. Si la CWA ne fait rien, la situation deviendra encore plus intenable », conclut-il. 

Patrick Assirvaden : « J’appelle tous les Mauriciens à utiliser l’eau avec parcimonie » 


Face à l’inquiétante baisse des niveaux de réservoirs et à l’absence prolongée de pluies, Patrick Assirvaden, ministre de l’Énergie et des Services publics, lance un appel pressant à la population. « J’appelle tous les Mauriciens à se serrer les coudes et à utiliser l’eau avec parcimonie », indique-t-il. 

Le ministre dit suivre la situation avec une attention particulière au quotidien, soulignant l’importance d’une gestion stricte des ressources en eau. Il affirme que les autorités sont mobilisées. « La CWA et la Water Resources Unit tiennent des réunions tous les jours », déclare-t-il, ajoutant qu’il préside personnellement le comité de crise constitué pour faire face à cette période difficile.

Patrick Assirvaden insiste sur le fait que le constat est préoccupant : « Les réservoirs continuent de se vider et la pluie n’arrive pas. » L’objectif est donc clair, selon lui : « Faire durer la quantité d’eau disponible le plus longtemps possible et retarder au maximum l’épuisement des réserves. Nous traversons un moment de crise. Cet appel doit être entendu chaque jour. » 

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