Enquête sur Mamy Ravatomanga : Beekhy épinglé pour avoir tenté d’influencer la FCC

• Réseau présumé de blanchiment : les connexions locales du magnat sous la loupe

L’arrestation de Mamy Ravatomanga, vendredi après-midi 24 octobre, sur son lit de clinique, a marqué le début d’une série de coups de filet. À peine quelques heures après, deux autres suspects ont été placés en garde à vue : David Jean Christian Thomas et Nasser Beekhy. La Financial Crimes Commission (FCC) reconstitue méthodiquement les ramifications d’un présumé réseau de blanchiment d’argent entre Madagascar et Maurice.

Nasser Beekhy a été arrêté par la FCC à l’aeroport de Plaisance, alors qu’il s’apprêtait à quitter le pays, vendredi soir, pour un délit présumé de « conspiracy » en vue de commettre un trafic d’influence en faveur de Mamy Ravatomanga. Selon l’enquête de la FCC, il aurait tenté d’influencer un membre important de la FCC en faveur de Mamy Ravatomanga dans cette enquête à la mi-octobre (voir encadré). Lors de son audition dans la soirée du vendredi 24 octobre au Réduit Triangle, Nasser Beekhy a nié les accusations formulées contre lui.

Quant à David Jean Christian Thomas, superviseur au groupe Sodiat, âgé de 38 ans, il a été arrêté vendredi soir pour un délit de « conspiracy » sous le FCC Act 2023. Il est soupçonné d’avoir contribué à dissimuler l’argent de Mamy Ravatomanga via un système informatique portant sur 20 milliards de dollars américains. Samedi, aux petites heures, après son audition à la FCC, il a été transporté en ambulance vers une clinique. Sa comparution devant la justice aura lieu à sa sortie de la clinique.

L’avocat Assad Peeroo, qui avait accompagné le suspect lors de son interpellation, vendredi, s’est retiré de l’affaire, samedi matin. Sollicité par les médias, il a confirmé sa décision, mais a indiqué ne pas souhaiter faire davantage de commentaires, afin de ne pas porter préjudice à l’enquête. Il affirme avoir informé la famille du suspect, ainsi que les enquêteurs de la FCC.

La FCC reproche à Mamy Ravatomanga d’être impliqué dans un vaste réseau de blanchiment d’argent entre Madagascar et Maurice. L’homme d’affaires, proche du président déchu Andry Rajoelina, aurait détourné environ 180 millions de dollars, soit 7 milliards de roupies mauriciennes, qui ont transité à travers quatre banques mauriciennes via des sociétés locales et des comptes liés à ses proches. Un ordre de gel des avoirs a été obtenu par la FCC.

L’enquête vise également plusieurs acquisitions immo-bilières et investissements suspects, dont une villa de luxe dans le nord de l’île. Mamy Ravatomanga est aussi soupçonné d’avoir tenté de déplacer des fonds vers d’autres juridictions, notamment Dubaï, et d’avoir préparé sa fuite du territoire mauricien. La FCC évoque l’usage de systèmes informatiques pour dissimuler l’origine des fonds, avec la complicité de certains Mauriciens.

Alors que la FCC attend le feu vert pour l’audition de Mamy Ravatomanga, par le biais d’un affidavit, l’homme d’affaires malgache a réfuté les allégations concernant l’arrivée récente d’une « forte somme d’argent » depuis Madagascar. Il a précisé qu’il s’agissait d’instructions bancaires non exécutées auprès de Bank One Ltd pour des besoins familiaux et professionnels. Selon l’enquête de la FCC, des transactions portant sur une somme de 2,5 millions de dollars destinés à un compte à Dubaï et 1 million de dollars pour son épouse et ses enfants avaient été enclenchées.

Nasser Osman Beekhy reste en détention provisoire

Inculpé à titre provisoire d’entente délictueuse, ce samedi 25 octobre 2025 devant la Week-End Court, Nasser Osman Beekhy, âgé de 65 ans, reste en détention provisoire. En effet, la FCC a objecté à sa remise en liberté sous caution.

Cet habitant de Vallée-Pitot a été traduit devant la magistrate Naazish Sakauloo vers 14 heures. Le Police Prosecutor, l’inspecteur Jeetoo, a informé l’instance que la FCC objecte à sa remise en liberté. Trois raisons ont été avancées : le risque de manipulation de preuves, l’ingérence auprès des témoins, ainsi que le risque de prendre la fuite. Par ailleurs, il lui est interdit de quitter le pays. Il devra se présenter, ce lundi 27 octobre 2025, devant le tribunal de Port-Louis.

Il est reproché au sexagénaire d’avoir convenu, avec le dénommé David Jean Christian Thomas, proche de l’homme d’affaires Maminiaina Ravatomanga, aussi connu comme Mamy Ravatomanga, de rencontrer un haut cadre de la FCC dans le but de commettre le délit de trafic d’influence. L’objectif présumé de cette rencontre aurait été d’influencer le cours d’une enquête visant le magnat. Le délit aurait été commis le 15 octobre dernier à Port-Louis.

À sa sortie du tribunal, Nasser Osman Beekhy a fait une brève déclaration : « Kan mo ti tir la sonet dalarm pou trafik dinflians, zordi sa pe retourn kont mwa. »