L’insistance du Premier ministre, Pravind Jugnauth sur l’emprise de la mafia sur certaines institutions à Maurice devient de plus en plus préoccupante.
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Alarmant, mais également un aveu d’échec. C’est l’avis partagé par divers observateurs au sujet de la déclaration du Premier ministre. Pravind Jugnauth a, deux dimanches de suite, insisté sur le fait que certaines institutions du pays étaient depuis quelque temps sous l’emprise de la mafia.
Le politologue, Avinaash Munohur, se dit en effet « étonné » que « le Premier ministre se soit laissé aller à une telle déclaration alors qu’il occupe son bureau depuis 2016. En affirmant ce qu’il affirme, le Premier ministre se pointe lui-même du doigt, car il est responsable du bon fonctionnement des institutions et de l’intégrité de la sécurité nationale ».
Avinaash Munohur soutient également qu’il est à présent important de savoir à quand remonte « ce phénomène d’infiltration. Est-ce récent ? Sommes-nous en face de pratiques qui durent depuis des années, voire des décennies. À qui la faute ? Nous n’avons pas encore ces réponses. La déclaration du Premier ministre suggère plus le scenario d’individus infiltrés au sein des institutions qu’une complicité entre institutions. Nous voyons les prémisses d’une intrigue politique. Mais quoi qu’il soit, il est clair que le tabou qui entoure ce sujet a volé en éclats avec les déclarations du Premier ministre. Nous ne sommes plus dans les simples spéculations si celui qui reçoit quotidiennement les rapports des services de renseignements l’affirme lui-même haut et fort », souligne-t-il.
Propos graves
Les propos de Pravind Jugnauth concernant l’emprise de la mafia sur certaines des institutions à Maurice sont d’une « extrême gravité ». C’est ce que pense Ashok Subron, du parti de gauche, Rezistans ek Alternativ. Selon lui, « le Premier ministre a trop parlé et il ne peut plus faire marche arrière. Pravind Jugnauth doit d’abord réaliser que le poste de Premier ministre a, ces dernières années, été occupé par son père et lui ». D’ajouter que le chef du gouvernement doit donner des précisions sur les institutions ciblées. « Est-ce qu’il est en train de viser le DPP, une magistrate ou une section de la police? Est-ce que nous allons à présent témoigner d’attaques concertées contre les personnes qui sont en train de travailler selon les paramètres de la Constitution ? » s’est-il aussi demandé.
L’ex-député et linguiste, Dev Virahsawmy, est, quant à lui d’avis, que l’emprise de la mafia sur les institutions est « une tendance mondiale ». « La mafia s’est internationalisée et contrôle une économie souterraine. La puissance économique de ces organisations mafieuses est encore plus importante que l’économie mondiale », avance-t-il. En tout cas, peu importe l’identité de celui ou celle qui tire les ficelles, l’ancien député ne manque pas de qualifier la situation actuelle d’effrayante. « Je suis très préoccupé par l’ampleur qu’a prise le trafic de drogue et les ravages que cela va faire chez nos enfants », dit-il.
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