- «Je me bats pour soutenir Madame Kistnen»
Keshwanee Bundhoo. Ce nom ne vous dira peut-être pas grand-chose. Mais le jeudi 7 janvier 2021, cette habitante de Terre-Rouge de 57 ans s’est fait remarquer en se rebellant contre des membres des forces de l’ordre devant le tribunal de Port-Louis où comparaissait le ministre Yogida Sawmynaden dans le procès logé contre lui, par voie de Private Prosecution, par Simla Kistnen.
La veuve de Soopramanien Kistnen peut ainsi compter sur le soutien de Keshwanee Bundhoo qui dit à qui veut l’entendre qu’elle tient « à être présente pour mener ce combat aux côtés de Madame Kistnen ». Elle estime que « c’est un combat pour toutes les femmes et les mères de famille ».
Si cette cause lui tient particulièrement à cœur, c’est aussi par rapport à son vécu. Voilà 17 ans qu’elle a perdu son époux emporté par la maladie. Elle s’est retrouvée seule à élever son fils et ses deux filles. « Ils étaient encore très jeunes lorsque mon mari est décédé. J’ai dû endosser à la fois le rôle de mère et de père. J’ai travaillé comme femme de ménage. Je suis parvenue à les éduquer », raconte la quinquagénaire.
Son fils aîné et une de ses filles vivent désormais à l’étranger. « Ils se sont installés ailleurs », dit-elle fièrement. Quant à sa benjamine qui est âgée de 23 ans, elle vit toujours avec elle. Les coups durs, elle en a connus. La persévérance ne lui est donc pas étrangère.
En ce mardi 12 janvier 2021 où le ministre du Commerce comparaît de nouveau au tribunal, Keshwanee Bundhoo entend bien être présente. Rebelle dans l’âme, cette veuve ne reculera devant rien. Elle est plus que jamais déterminée à y retourner, et ce malgré ce qui s’est passé le 7 janvier dernier.
La quinquagénaire, interpellée ce jour-là, dit avoir passé un sale quart d’heure entre les mains des policiers. Elle confie que tout est allé très vite. « L’année dernière, j’ai eu un souci de santé. Depuis, j’ai du mal à respirer longtemps avec le masque sanitaire. Jeudi, j’ai fait une prière devant la grande croix de la Cathédrale. Puis je suis partie près de la cour. Ti ena gro soley. Mo ti pe gagn so. Monn tir mo mask pou mo kapav respir impe. Lapolis inn vini », relate-t-elle.
Keshwanee Bundhoo ajoute qu’ils lui ont dit de mettre son masque et de s’en aller. « Je n’étais pas d’accord, car il y avait d’autres personnes, surtout des hommes, qui ne portaient pas de masques. Pourquoi n’ont-ils pas été accostés ? Pourquoi moi ? C’est parce qu’ils ont vu une femme », s’indigne-t-elle.
C’est ainsi qu’elle a tenu tête aux policiers avant d’être embarquée pour être conduite au poste de police de Pope Hennessy. La scène a été filmée par les journalistes présents. « Je ne m’attendais pas à ce que les choses aillent aussi loin », reconnaît-elle.
« En cours de route, ces policiers m’ont pincée et m’ont cognée. Ils ont placé la main sur ma bouche pour m’empêcher de crier », allègue-t-elle. Mais elle précise qu’elle ne s’est pas laissé faire. Une fois au poste de police, elle a eu un malaise.
Keshwanee Bundhoo dit se battre pour ce qu’elle croit être juste. « Je fais cela pour qu’il y ait une justice. Nous souffrons trop. Le ministre Sawmynaden doit démissionner », lâche-t-elle sans ambages. Ce mardi, peu importe l’issue des événements, elle sera au rendez-vous une fois encore pour soutenir Simla Kistnen.
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