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Drogue, rébellion et suprématie : les dessous des rixes impliquant prisonniers et gardiens

Les gardiens de prison se retrouvent souvent dans une position vulnérable face aux prisonniers.

Les établissements pénitentiaires, conçus pour réhabiliter, sont régulièrement le théâtre de violences. Certains gardiens, censés garantir la sécurité, se retrouvent malheureusement en ligne de mire, subissant des agressions violentes de la part des prisonniers. Comment cette situation s’est-elle développée ? Éléments de réponse.

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Ces derniers mois, les établissements carcéraux ont été secoués par une série de rixes d’une violence choquante. Alors que la présence des gardiens devrait garantir l’ordre et la sécurité, ils se retrouvent eux-mêmes dans une position vulnérable. Les agressions violentes à leur encontre sont désormais monnaie courante. 

Récemment, en l’espace d’une semaine, deux gardiens des prisons ont été agressés par un prisonnier en détention pour une affaire de drogue. Deux autres officiers, basés aux centres pénitentiaires de Beau-Bassin et de Melrose, ont également été battus par des prisonniers au mois de juin. L’un des deux gardiens, blessé au ventre, a été hospitalisé.

Connivence

« Cette montée de violence contre les gardiens de prison interpelle. Il est important d’en comprendre la source. Il y a toutefois plusieurs raisons qui poussent un prisonnier à frapper un gardien. L’une des raisons majeures serait une connivence qui existerait entre certains officiers des prisons et des maillons forts du trafic de drogue en prison », avancent des gardiens des prisons de la General Duties, sous le couvert de l’anonymat. 
Il y a, soulignent nos intervenants, un certain nombre de gardiens qui sont de mèche avec des prisonniers. « Ils sont communément appelés ‘transpor’ en prison et ont la tâche de faire entrer non seulement de la drogue, mais également des téléphones portables en prison, contre de fortes sommes d’argent », indiquent-ils. 

Gifles et coups

« Kapav tann enn gard inn gagn bate parski linn pran kas deor ek ti bizin livre parsel ek kondane, me li pann fer li. Swa transpor la inn depans kas la ou swa larout sere dan prizon. Pendant ce temps, le détenu a besoin de son colis. Kondane la ankoler. Lerla mem transpor la gagn problem. Le gardien est agressé par le trafiquant ou ses guetteurs », explique un officier basé aux services des renseignements de la prison centrale de Beau-Bassin. 

La confrontation, explique-t-on, qui commence à partir d’une altercation verbale s’arrête bien souvent à une simple gifle. Cela va très rarement aux coups. « Parfois, certains gardiens sont battus par des prisonniers. Ena gard bizin admet lopital. Me kan gard la pa met ‘case’ lapolis, nou fini kone enn zafer ladrog sa. Zafer la touf anplas. Person pa koze », avance-t-on. 

Le trafic de drogue n’est pas le seul motif poussant un prisonnier à s’en prendre à un gardien. Une autre raison est un désir d’affirmer sa suprématie au sein d’une association yard. Ces individus ont tendance à créer des scénarios fabriqués de toutes pièces pour susciter de l’agitation. 

« Si un détenu considère qu’un autre détenu a commis un acte inacceptable, des conflits surgissent souvent au moment de l’ouverture des cellules. Parfwa ena kondane dir zot lame inn kraze dan laport. Lev lavwa pou bann lezot kondane swiv. Lerla mem problem la leve. D’autres prisonniers le soutiennent en élevant la voix », précise-t-on. 

Mais quelle est la raison derrière cette mise en scène ? « Ils cherchent à s’affirmer aux yeux des autres prisonniers. Ils veulent montrer leur supériorité vis-à-vis des gardiens. C’est à ce moment-là qu’ils commencent à défier les figures de l’autorité », font ressortir les gardiens de la Correctional and Emergency Response Team (CERT).

Discipline de fer

Une autre circonstance où les détenus font preuve d’agressivité est lorsque les gardiens se montrent intransigeants. Cela, surtout lors des fouilles ou lorsqu’ils instaurent une discipline de fer. Les prisonniers ont ainsi tendance à se rebeller contre la direction carcérale et le moyen le plus simple est de s’en prendre aux gardiens des prisons. 

« Il y a très peu de gardiens qui sont de mèche avec les prisonniers. Ceux qui sont dévoués ont tendance à maintenir l’ordre parmi les prisonniers à travers des mesures disciplinaires. Cependant, ce régime ne fait pas l’unanimité. Ces gardiens sont couramment désignés sous le nom de ‘nam sal’ en raison de la sévérité dont ils font preuve envers les prisonniers. Kondane souvan rod pretex ar sa bann kalite gard la. Ainsi, pour exprimer leur mécontentement envers la direction carcérale, ce sont les gardiens contre lesquels les prisonniers se rebellent », indique-t-on.

Le silence de l’administration carcérale

L’administration carcérale a été sollicitée pour une déclaration sur le sujet, par le biais de sa cellule de communication. Nos multiples appels téléphoniques sont restés sans succès.

Des gardiens agressés en dehors de la prison

Si certains détenus règlent leurs différends à l’intérieur de la prison, d’autres préfèrent les régler dans la rue. « Quelques gardiens des prisons ont déjà été agressés sur la voie publique. Ils ont été victimes d’attaque à l’arme blanche ou encore à l’acide. Certains se sont fait tirer dessus. Par le passé, un ancien haut gradé des services de renseignements à la retraite a été attaqué à coups de sabre au bras par un Habitual Criminal (HC). Ce haut gradé était fortement soupçonné d’être le ‘transpor’ d’un trafiquant de drogue. Ce dernier, qui purge actuellement une lourde peine d’emprisonnement pour trafic de stupéfiants et dont le nom est mentionné dans le rapport de la commission d’enquête sur la drogue, est incarcéré à la prison de haute sécurité de Phœnix », avancent nos sources à la prison.

En 2012, un assistant commissaire des prisons en poste à la prison centrale de Beau-Bassin avait échappé de justesse à un attentat. Un motocycliste l’avait pris pour cible en tirant deux coups de feu en direction de sa voiture. Cette tentative de meurtre s’était déroulée à la rue Colonel Maingard, à Beau-Bassin.

  • LDMG

 

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