
Ce papier imbibé de drogue de synthèse s’arrache comme des petits pains. Tandis que les réseaux s’organisent en plein jour, l’Adsu mène une traque sans relâche pour tenter d’endiguer ce fléau qui gagne du terrain… et des adeptes.
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Rs 100 le « papie tranpe »… C’est le prix auquel ces buvards imbibés de drogue de synthèse sont écoulés dans les coins chauds de l’île. Et ces jours-ci, ils s’arrachent comme des petits pains. Dans la capitale comme dans le nord, les descentes musclées de la brigade antidrogue confirment une réalité de plus en plus criante : ces papiers hallucinogènes ont la cote dans les réseaux de deal.
Les équipes de l’Anti-Drug & Smuggling Unit (Adsu) multiplient les coups de filet. Ce jeudi 15 mai, c’est au cœur de Roche-Bois, sur l’avenue Alfred Besnard, que les policiers ont mené une opération coup-de-poing. Dans ce haut lieu du trafic, connu sous le nom de Park Koson, les dealers s’installent en toute tranquillité : chaises, tables, doses prêtes à l’emploi, tout y est. L’un encaisse, l’autre sert, tandis que les guetteurs scrutent chaque coin de rue pour signaler la moindre présence suspecte, et notamment celle, « indésirable » des limiers de l’Adsu sous couverture.
Ce jour-là, Joanito Chevery, alias Darné, 21 ans, est arrêté. Les policiers retrouvent en la possession de cet habitant du quartier 78 papiers imbibés de « simik », 68 doses de méthamphétamine et Rs 6 050 en poche – une somme soupçonnée de provenir de la vente de drogue.
La veille, le 14 mai, c’est à Batterie-Cassée que les limiers de la brigade antidrogue de la Northern Division, sous la houlette du surintendant Jhurry, frappent fort. Résultat : trois arrestations coup sur coup. Louis Didier Olivier Lafileuse, 27 ans, est arrêté avec 59 papiers imbibés, Conrad Ferley Francisco Melisse, 51 ans, avec 136 papiers, et Jean Rudney Prudence, 18 ans, avec 156 papiers. Tous ont comparu devant le tribunal de Port-Louis pour « drug dealing ».
Dans le nord aussi, l’alerte est donnée
Toujours ce jeudi 15 mai, au petit matin, l’Adsu débarque à Cité Ste-Claire, Goodlands. L’endroit est tristement célèbre pour ses réseaux de drogue bien établis. D’ailleurs, en journée, de nombreux guetteurs sont généralement mobilisés pour surveiller tout mouvement des policiers sur leur territoire.
Dirigés par l’assistant surintendant de police Jhurry et les inspecteurs Thakoor et Ramchurn, les policiers font irruption dans deux maisons. Chez Wesley Gérard Juliette, à l’avenue Hortensia, ils mettent la main sur 37 doses conditionnées, 1,73 g de drogue de synthèse en vrac et 18 papiers imbibés, soigneusement cachés parmi des vêtements dans une armoire. Un peu plus loin, à l’avenue Pétunias, Jean Kevin Juliano Juliette, 32 ans, est arrêté avec 21 doses de drogue synthétique retrouvées dans sa chambre à coucher. Les deux suspects sont placés en état d’arrestation pour trafic de drogue.
Mais comment consomme-t-on ces mystérieux « papie tranpe » ? Un enquêteur de l’Adsu confie à Le Dimanche/L’Hebdo que les toxicomanes l’incorporent dans du tabac. « Swa zot koup enn bout papie tranpe, zot kol li ar sigaret zot fime, swa zot tir mego, zot pas lakras, zot kol li dan sigaret ek zot fime », explique-t-il. Un mode de consommation artisanal, mais redoutablement efficace.
La première saisie de ces papiers trempés de « simik » remonte à septembre 2022, lors d’une perquisition au domicile du chanteur Jean Kersley Lafolle, alias Tikkenzo Escobar, à Beau-Bassin. Les agents de l’Adsu y découvrent un stock prêt à l’emploi de papiers rectangulaires imbibés de drogue de synthèse. En juin 2023, la douane intercepte même 25 feuilles A4 imbibées, envoyées directement depuis l’Angleterre.
Le phénomène s’amplifie, les risques aussi. Face à cette nouvelle vague, les autorités redoublent de vigilance. Mais la rue, elle, ne perd pas le nord.

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